Boucs émissaires du X

02/12/2011

La lente procession silencieuse de Chambon-sur-Lignon, rendant hommage à Agnès, la victime innocente, est encore dans les mémoires. Les grands prêtres politiques ont lancé leurs incantations pour conjurer la malédiction des délinquants récidivistes. Mais le cycle de la peur n’est pas rompu. Des parents inquiets pourchassent un retraité au comportement inquiétant aux abords d’une école. Celui-ci décèdera d’un arrêt cardiaque entre les mains de la police, sans qu’aucun préjudice ne lui soit imputable.
Chaque mois apporte son lot de victimes innocentes, et face à ce fléau que nul ne sait endiguer, les délinquants sexuels font figure de boucs émissaires : des monstres irrécupérables qu’il faut débusquer et éradiquer. Certes, la justice doit sanctionner les coupables sous peine de scandaliser des familles déjà éprouvées. Mais le mécanisme du bouc émissaire a toujours servi à apaiser une divinité aux colères incompréhensibles. La seule issue pour échapper à la confusion actuelle, est de nommer cette divinité impitoyable : notre société de consommation.
Nous revendiquons une liberté de consommation sans frein. La moindre allusion à un lien entre commerce érotique et délinquance fait naître des sourires méprisants. Nous savons pourtant que la publicité exploite nos désirs fondamentaux pour nous pousser à la consommation : elle nous rend tous influençables et vulnérables. Alors quand le sexe débridé est promu au nom de la lutte contre le SIDA, et que les salons « érotiques » s’affichent sur la place publique, comment s’étonner que des jeunes déstabilisés ne puissent réfréner des pulsions qu’on a exacerbées ?
La vraie prévention commencera lorsqu’on acceptera de contester la promotion de l’industrie pornographique, comme on a su le faire pour celle du tabac.
 
 
 

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