Pays-Bas : une loi autorisant ou non les femmes à être mères ?

07/10/2016

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 Une proposition de loi crée une vive polémique aux Pays-Bas. Le conseil municipal de Rotterdam veut imposer la contraception ‘‘aux femmes jugées incompétentes’’. Cette idée de décider qui a le droit ou non d’être parent a été soumise par Hugo De Jonge, échevin (l’équivalent d’un adjoint au maire) de la Jeunesse et de l’Education.

Dans cette ville, les femmes considérées comme incapables d’élever un enfant pourraient être contraintes à prendre un moyen de contraception. Ainsi, sur décision du juge, des femmes atteintes de problèmes psychiatriques, de dépendance (drogue, alcool), les prostituées mais aussi des femmes sans domicile ou handicapées, se verraient « imposer un stérilet ou un implant contraceptif » pendant trois ans.

Cette mesure concernerait, selon la mairie, 10 à 20 femmes par an, qui seraient contrôlées et interdites de grossesse pour trois ans minimum.

Un programme de prévention pour 160 femmes environ, dites “vulnérables”, a déjà été mis en place. Elles sont incitées à utiliser la contraception et sont régulièrement suivies.

Cette initiative inquiétante avait déjà été rejetée en 2012 pour des raisons éthiques. Elle serait aussi contraire au droit au respect de la vie privée et familiale de la Convention européenne des droits de l’homme. « Pourquoi interdire préventivement à une personne d’avoir des enfants plutôt que d’apporter une aide adéquate quand l’enfant est là ? », s’alarme Alexis Deswaef, président de la Ligue belge des droits de l’homme.

Plusieurs partis politiques néerlandais ont aussi clamé leur opposition : « c’est une pente glissante sur laquelle nous ne devrions pas nous engager », écrit Maarten van de Donk.

Pour Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA :

« Favoriser des bonnes conditions d’accueil des enfants dans nos sociétés est important , mais interdire de grossesse une femme constitue un abus de pouvoir très grave. La solidarité ne peut jamais être dissociée de la liberté et de l’intégrité des personnes. Cette proposition traduit une forme d’abandon de ces femmes en situation de grande difficulté plutôt que de les accompagner en respectant leur dignité. »

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