Les deux réflexions ci-dessous analysent la récente initiative de Najat Vallaud-Belkacem de créer un nouveau site internet sur l’IVG.
IVG : un sujet « neutre » ? par Valérie Pillon
Non, neutre n’est vraiment pas le mot qui convient, quels que soient les protagonistes concernés : militantes féministes ou « pro life », celles « qui vont bien merci » ou femmes hésitantes, désemparées, des hommes indifférents ou blessés.
Pourtant c’est le mot choisi par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, pour qualifier le nouveau site gouvernemental d’information sur l’IVG, délivrant des « informations neutres et fiables », et créé sur l’avis du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes qui avait souhaité un site institutionnel « clair et volontariste »…
La neutralité est le fait de ne pas prendre parti. Une information peut être neutre si elle présente toutes les possibilités de solution, en particulier celles qui sont institutionnelles. Aussi, assuré par la ministre de la fiable neutralité du site, on aurait pu imaginer y trouver aussi la liste des aides institutionnelles de l’État qui permettent aux femmes de poursuivre leur grossesse si c’est leur choix. Ces informations utiles et méconnues n’y figurent pas.
Un extrait du communiqué commun de Mmes Vallaud-Belkacem et Marisol Touraine nous éclaire :
« Ce site d’information complet et actualisé permet à chaque femme de disposer de tous les renseignements utiles pour éclairer son choix, compte tenu de la législation applicable. »
Or la « législation applicable », c’est la loi de 2001. Or Et c’est après la loi de 2001, que sans que ce soit réellement dit dans le texte, que l’information concernant les aides à la maternité remise lors des consultations pour l’IVG a disparu.
Pour nos ministres, le sens des mots « neutralité », « utilité », « choix » ne se trouve pas dans un dictionnaire mais dans le non-dit d’un texte de loi.
Cette omission d’information est une double erreur : l’État perd la maîtrise de l’info officielle, et par compensation le sujet fleuri sur la Toile ! En particulier sur les forums, pas forcément spécialisés : on parle d’avortement sur jeuxvideo.com ! L’État ne s’explique pas cette prolifération de forums et de sites, et amalgame le tout sans discernement. En ne comprenant pas qu’une information tronquée lèse le droit des femmes, le gouvernement va-t-il s’acheminer vers la censure, au mépris de la liberté des femmes ?
IVG : les femmes prises en otage par Benoît Dacre-Wrigh
Le gouvernement vient de lancer un site d’information sur l’IVG, en réponse aux sites existants qui proposent aux femmes des alternatives à l’avortement. Ce site, dans l’objectif affiché de défendre le droit des femmes, fait la promotion de l’IVG. Et en effet, on y trouve toutes les informations pratiques sur les diverses formes d’IVG et sur les droits associés.
Mais à aucun moment ce site ne s’intéresse à la situation réelle des femmes qui se posent la question de l’avortement. Pour assurer une réelle liberté aux femmes, peut-être faudrait-il aussi leur dire que nul n’a le droit de leur imposer d’avorter, ni leur conjoint, ni leurs parents, y compris si elles sont mineures. Peut-être aussi faudrait-il leur donner une information complète, y compris leurs droits et les aides qui leur sont proposées si elles souhaitent garder leur enfant.
Au contraire, ce site présente une information à sens unique, sans accorder de liberté de choix aux femmes qui le consultent. Pire, de récents amendements pourraient permettre d’interpréter toute information sur les alternatives à l’IVG comme un délit d’entrave à l’IVG, sans que nul n’évoque un délit d’entrave à la grossesse. L’intention est-elle de défendre le droit des femmes, ou de défendre unilatéralement le droit à l’IVG ?
Tout ceci incite plutôt à la méfiance, et face à une information aussi orientée, la sagesse recommande de diversifier les sources d’information. Heureusement, de nombreux autres sites internet existent pour informer les femmes qui se posent la question de la poursuite d’une grossesse ou de l’avortement, n’en déplaise à un gouvernement trop désireux de contrôler l’information.
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