Mariage homosexuel : vendredi noir ou rose

22/10/2013

Deux décisions juridiques, révélées le même jour, confirment le « basculement de civilisation » auguré par la loi Taubira. La société française est fracturée selon deux conceptions antinomiques des droits de l’homme.

Le vendredi 18 octobre 2013 restera marqué d’une pierre noire pour ceux qui estiment que la cause des enfants est bafouée par le « mariage » entre deux personnes de même sexe assorti de la possibilité d’adopter des enfants. Deux juridictions se sont disputées l’actualité du sujet.

La première décision était attendue. Le Conseil constitutionnel devait trancher la question de la clause de conscience des maires. Le Conseil d’État, saisi par le Collectif des maires pour l’enfance, avait transmis aux « sages » du Conseil une « question prioritaire de constitutionnalité ». En réponse, le Conseil invoque « la neutralité du service public de l’état civil » pour refuser de reconnaître aux maires la clause de conscience réclamée. Ceci malgré les quelque 400 mémoires que lui avaient adressés des magistrats municipaux, et alors qu’intervenant le 20 novembre 2012 sur ce sujet au cours de leur Congrès annuel, François Hollande avait publiquement assuré les maires de France du « respect néanmoins de la liberté de conscience ». Porte-parole des Maires pour l’enfance, Franck Meyer a annoncé que les maires allaient se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

C’est une association de promotion de l’ « homoparentalité », l’APGL (Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens) qui fait part de la seconde décision, tout aussi importante. Première en France, quatre mois après la promulgation de la loi Taubira, l’adoption plénière a été accordée à l’« épouse » d’une femme. Une adoption intervenue en un temps record, moins de deux mois après la requête. Comme on s’y attendait, cette première utilisation de la loi Taubira pour adopter vient d’une femme qui a usé d’une technique d’insémination artificielle interdite en France…
Sur Twitter, Nathalie Mestre, porte-parole de l’Inter-LGBT, organisateur de la gay pride, salue aussitôt avec cette « première adoption » la « naissance de l’homoparenté ». Par cette adoption plénière, la filiation de deux enfants d’une dizaine d’années est en effet officiellement établie à partir de deux femmes… L’APGL dénonce cependant aussitôt une discrimination car la présomption de paternité reste réservée aux époux de sexes complémentaires. Si une des deux femmes était à nouveau enceinte, l’autre n’en serait déclarée mère qu’à l’issue d’une démarche adoptive… Et l’APGL de réclamer « que la filiation puisse être établie au sein des couples homosexuels par une présomption de parentalité ».

Et le père dans tout ça ? La question est ressentie comme une agression absurde par celles qui en¬tendent considérer le sperme comme une matière première sans rapport avec la paternité. « Les liens du sang n’ont pas de pouvoirs particuliers ni surnaturels », se justifie Nathalie Mestre qui ajoute : « Sans la volonté et l’engagement parental cela ne fonctionne pas. » Deux mères valent bien deux parents de sexes différents : c’est le précepte de base de l’homoparentalité. Il est asséné en toute bonne conscience.

Justement, c’est ce qui heurte celle de maires qui se veulent défenseurs des enfants. Avec leur mise au pas, à quelques mois des élections municipales et cette homo-adoption express, la déconstruction des murs porteurs de la société se poursuit.

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