Homme « enceint » : la campagne de la discorde

25/08/2022

Une campagne du Planning Familial crée une intense polémique depuis quelques jours. Une affiche montrant un couple composé de deux personnes d’apparence masculine, l’une d’elles visiblement enceinte, arbore ce slogan : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints ». 

L’image a déclenché de très nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

De nombreuses personnalités se sont insurgées. A l’instar du fondateur de SOS Racisme, Julien Dray qui écrit : « Que des personnes se sentent différentes et veuillent aller jusqu’au bout de ce ressenti je le respecte et peux le comprendre et le défendre. Que l’on veuille forcer une société à accepter cela comme un aboutissement naturel devient aussi une forme d’intolérance ». Pour la philosophe Valérie Kokoszka « L’idéologie transactiviste, avec ses « personnes qui menstruent”, ses « femmes à pénis », ses « hommes enceints», annule les frontières du réel et efface concrètement la femme biologique (l’affiche est un modèle de minoration/invisibilisation) jusque dans ce mot ». Pour l’historienne et féministe Marie-Jo Bonnet, cette campagne est un vrai scandale. C’est un détournement de la puissance maternelle des femmes au profit de l’idéologie de l’autodétermination de l’identité de genre. C’est la destruction des combats féministes par une idéologie transhumaniste.

Dans une lettre ouverte adressée à Élisabeth Borne, deux militantes féministes, Marguerite Stern et Dora Moutot, analysent la dérive idéologique de cette association. Pour elles, « Affirmer que les femmes ne sont pas nécessairement des femelles et vice versa relève de la croyance, pas de la biologie. (…)  Vous conviendrez qu’une idéologie qui relève de la croyance n’a pas à s’immiscer dans la politique du Planning familial, association financée en grande partie par des fonds publics ».

Face à cela, le planning familial se défend par la victimisation et l’assertion que ces contestations n’émaneraient que de l’extrême-droite. Emboitant ce pas, la ministre Isabelle Rome, pourtant chargée de « l’Égalité entre les femmes et les hommes », affirme « soutenir pleinement l’action du Planning familial » et demande à ne « pas laisser l’extrême droite attiser les haines en instrumentalisant une campagne de communication dont je peux comprendre qu’elle ne fasse pas consensus ».

Une vérité biologique ne fait donc plus consensus ?

Depuis 2016 en France, la modification du sexe à l’état civil se fait sur simple demande. Il suffit à la personne d’exprimer que le sexe constaté par l’état civil à sa naissance ne correspond pas à ce qu’elle ressent. Ainsi, une femme qui demande une modification de son sexe sur son état civil, sera considérée comme un homme à l’état civil, et si elle a conservé ses organes génitaux féminins, pourra tomber enceinte et accoucher. Si elle a entamé une transition de son apparence, notamment par la prise d’hormones agissant sur la pilosité, la voix, la musculature, elle aura une apparence masculine tout en étant enceinte. Ces cas extrêmement rares existent déjà et certains ont bénéficié d’une médiatisation. Bien que l’état civil présente cette personne comme homme, elle est enceinte et accouche en tant que femme, grâce à la capacité féminine de porter et de donner la vie.

L’artifice administratif ne reflète plus la réalité scientifique et biologique. Ce qui est transformé, ici, c’est le langage, non la nature biologique des personnes. La manipulation se joue au niveau des mots, sans effets sur la réalité qu’ils décrivent. A ce jour, un homme « enceint », cela n’existe pas, et c’est bien ce mensonge qui crée la polémique et jette le discrédit sur le planning familial, car il dévoile l’idéologie transactiviste qu’il promeut et à laquelle il s’est soumis.

Récemment, de nombreuses personnalités de tous bords se sont élevées contre les discours qui « normalisent et banalisent l’idéologie qui prétend que l’on pourrait choisir son genre à tout âge, au nom de l’“autodétermination”, si l’on ne se sent pas en accord avec le “sexe assigné à la naissance” ? En tant que scientifiques, professionnels de l’enfance et universitaires, ils « s’opposent fermement à l’assertion selon laquelle les femmes et les hommes ne seraient que des constructions sociales ou des identités ressenties. On ne choisit pas son sexe et il n’y en a que deux. On naît fille ou garçon. Le sexe est constaté à la naissance et inscrit à l’état civil et chacun construit une identité jamais figée et qui évolue dans le temps, ce qui est trop souvent oublié. On peut changer l’apparence de son corps mais jamais son inscription chromosomiale. Il est urgent de rompre avec des discours usant d’un vocabulaire créé de toutes pièces pour s’imposer à tous, alors qu’il repose sur des croyances et met sur le même plan des vérités scientifiques et des opinions. Il y a un risque de confusion chez les jeunes ».

On ne peut occulter le fait que quelques médecins activistes à l’étranger travaillent sur la potentielle possibilité technique de transplantation d’un utérus féminin chez l’homme. Si ce type d’expérience devait voir le jour, ce serait au détriment de tout principe de précaution, et cela ne relèverait en aucun de la médecine ou du soin. Et si ce type d’expérimentation devait aller jusqu’à provoquer une grossesse, ce serait au détriment de la santé et de la sécurité du cobaye masculin comme de l’enfant, conçu obligatoirement par fécondation in vitro avec une donneuse d’ovocytes. Les risques seraient majeurs. Outre les risques liés à une grossesse avec un utérus étranger greffé, un corps d’homme, dans sa constitution comme dans son environnement hormonal naturel, n’est pas voué à porter la vie ou à accoucher.

C’est d’ailleurs une question majeure pourtant laissée de côté par la plupart des commentateurs : quels risques, pour la santé de la femme (homme-trans) comme pour l’enfant, d’une grossesse provoquée dans un corps ayant déjà traversé des mois ou des années d’imprégnation d’hormones du sexe opposé ?

Par ailleurs, l’idéologie transaffirmative conduit de plus en plus de jeunes vers des transitions médicales, ce sont des parcours lourds, incluant des prises d’hormones et des chirurgies, souvent irréversibles. Nombre d’entre eux témoignent désormais regretter d’avoir été embarqués dans une transition. Dans une tribune qui résonnait comme un cri d’alerte en septembre 2021, 50 personnalités comme Elisabeth Badinter, Jean-Pierre Winter, Chantal Delsol, René Frydman ou encore Xavier Emmanuelli estimaient qu’« il est urgent d’informer le plus grand nombre de citoyens, de tous métiers, de tous bords, de tous âges, sur ce qui pourrait bien apparaître demain comme un des plus grands scandales sanitaire et éthique, que nous aurions regardé arriver sans mot dire : la marchandisation du corps des enfants ».

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