Contraception, stérilisation : des femmes se battent pour leur santé

23/09/2017

contraception

Le laboratoire Bayer vient d’annoncer le lundi 18 septembre 2017 la fin de la commercialisation de son implant de stérilisation Essure® en Europe, au cœur d’une vive polémique depuis plusieurs mois, avec le dépôt de plaintes de femmes souffrant de graves effets secondaires.

Il s’agit d’une première victoire pour les plaignantes. Cependant, le laboratoire invoque uniquement une raison commerciale, expliquant qu’« un environnement défavorable à sa prescription s’est installé depuis plusieurs mois, entraînant une baisse continue de la demande en France ». En effet, plus de 1000 femmes ont été confrontées à un dysfonctionnement de l’implant ou à la survenue d’effets indésirables entre 2003 et février 2017. L’Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait ordonné, le 4 août 2017, la suspension de la commercialisation de cet implant pour trois mois, ne remettant paradoxalement pas en cause la balance bénéfice/risque de ce dispositif. C’est pourquoi l’association Resist se bat pour que soit reconnue la dangerosité de ce produit (grande fatigue, troubles ORL, saignements, dépression …) qui a lourdement atteint la santé de certaines femmes. « Les procédures judiciaires permettront de faire la lumière sur le défaut de sécurité lié à l’utilisation de ces implants. L’association Resist demande la création d’un dispositif centralisé afin de permettre une gestion optimale et harmonisée de l’ensemble des dossiers et ainsi permettre aux victimes d’être indemnisées dans de bonnes conditions, tant au niveau du coût que de la rapidité de la procédure. La recherche de vérité quant à la dangerosité de ces implants demeure primordiale pour notre association et l’ensemble des femmes porteuses de ces implants. Nous allons rapidement solliciter une audience auprès de Madame La Ministre de la Santé » explique Mélanie Klein, présidente de Resist.

Cette annonce intervient alors que le parquet vient de classer l’enquête sur les pilules de 3ème et 4ème générations qui avait abouti à leur déremboursement en mars 2013.

En 2012, le combat d’une femme, Marion Larat, victime d’un AVC imputé à la prise de pilule de 3ème génération, Méliane®, fabriquée également par le groupe Bayer, avait déclenché une grave crise. 130 plaintes avaient été déposées par des femmes utilisatrices de ce type de pilule, mettant en cause 8 laboratoires et l’ANSM. Pourtant, au terme de quatre ans d’enquête, le parquet a conclu qu’il n’y avait pas eu d’infraction pénale, arguant qu’ il n’existe « pas de lien de causalité certain » entre la prise de ces pilules et les conséquences graves (embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral) qu’ont subies les plaignantes. Pourtant, selon la Haute Autorité de Santé, le surrisque d’accident thromboembolique veineux est deux fois supérieur à celui des pilules de 2ème génération. Elle concluait en 2012 que « la Commission de la transparence prenant en compte d’une part le surrisque d’événements thromboemboliques veineux et d’autre part l’absence d’avantage démontré en termes de tolérance clinique pour les femmes exposées aux contraceptifs oraux de 3ème génération par rapport aux contraceptifs oraux de 2ème ou de 1ère génération, considère que le service médical rendu par ces spécialités doit être qualifié d’insuffisant pour une prise en charge par la solidarité nationale ».

A la suite de la décision du parquet , trois nouvelles plaintes avec constitution de partie civile vont être déposées, a déclaré à France Info un avocat qui a défendu 84 plaignantes.

Comment expliquer le dur combat que ces femmes conduisent pour la reconnaissance des dommages pour leur santé  ? Symbole de la libération sexuelle et juteux revenus pour les laboratoires pharmaceutiques, la contraception chimique, tout spécialement, a du mal à être remise en cause. Pourtant les langues commencent à se délier. La journaliste Sandrine Debusquat, dans son livre « J’arrête la pilule » publié en septembre 2017, s’est livrée à une enquête sur les raisons de la désaffection de la pilule. Elle tente d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la nouvelle génération qui exige que soit respectée son intégrité corporelle et qui n’entend pas se laisser imposer la contraception chimique comme une évidence. Comme le rapporte Le Monde dans un article intitulé « Pourquoi les femmes délaissent la pilule ? » du 19 septembre 2017 « Petit à petit, le voile sur les « petits » effets indésirables s’est aussi levé. Longtemps tus et endurés sans discuter, au nom de la liberté et de la tranquillité d’esprit, ils ne sont désormais plus acceptés. Il n’est plus question en 2017 de supporter les nausées, la prise de poids, les sautes d’humeur ou la baisse de la libido attribuées à la prise d’hormones. »

Un débat longtemps confisqué est en train de s’ouvrir.

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