Observatoire national du suicide : publication d’un 3e rapport

16/02/2018

suicide

L’Observatoire national du suicide (ONS), créé le 9 septembre 2013, a publié, le 5 février 2018, un troisième rapport intitulé « Suicide : enjeux éthiques de la prévention, singularité du suicide à l’adolescence ».

Selon le rapport, le taux de suicide en France a diminué de 26% entre 2003 et 2014 mais il reste l’un des plus élevés d’Europe, au dixième rang sur trente-deux derrière la Finlande, la Belgique et un certain nombre de pays de l’Est.

En 2014, 8 885 suicides ont été officiellement enregistrés en France métropolitaine selon le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm (CépiDcInserm). Cela représente 24 décès par jour, soit un toutes les heures. Le rapport précise que le chiffre des 8 885 suicides est sous-évalué de 10% car il ne prend en compte que les décès enregistrés comme morts volontaires. Le chiffre réel pourrait s’élever à 10.000.

Une partie du rapport est consacrée aux comportements suicidaires des jeunes, qui constituent une préoccupation majeure de santé publique et qui ont été peu abordés dans les deux premiers rapports de l’Observatoire. Le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route, soit 16% des décès en 2014. Même si le décès par suicide est relativement faible comparé aux autres tranches d’âge, il a semblé pertinent d’étudier cette réalité, compte tenu de la résonance particulière que peut avoir le suicide d’un jeune dans l’entourage proche, dans les médias et dans la société en général.

En 2012-2014, en France métropolitaine, le taux de décès par suicide est de 17,0 pour 100 000 habitants. Les décès par suicide touchent davantage les hommes : 23,1 décès pour 100 000 habitants, contre 6,8 chez les femmes. Le rapport souligne que le taux de suicide augmente fortement avec l’âge. C’est entre 45 et 54 ans et après 75 ans qu’il est le plus fort, respectivement 33,4 et 59,4 pour 100 000 hommes.

De même, on enregistre des taux de suicide plus importants dans la moitié nord de la France. Parallèlement, d’importantes inégalités sont à constater selon les catégories socioprofessionnelles, en particulier chez les agriculteurs (296 décès enregistrés entre 2010 et 2011).

En ce qui concerne les tentatives de suicide, 78 128 patients en 2015 ont été hospitalisés dans un service de médecine ou de chirurgie après une tentative, un chiffre qui se stabilise depuis 2013. Cela concerne davantage les femmes, avec un premier pic chez les jeunes filles entre 15 et 19 ans (en moyenne 39 pour 10 000) et un second entre 45 et 49 ans (en moyenne 27 pour 10 000). Le 26 janvier 2018, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé dans un discours consacré à la psychiatrie qu’elle allait étendre, ces deux prochaines années, le dispositif pour contacter les patients qui sortent d’hospitalisation pour la prise en charge d’une tentative de suicide.

Ce nouveau rapport a consacré un volet aux enjeux éthiques de la prévention du suicide. Les rapporteurs s’inquiètent d’un possible « droit à mourir », précisant que « dans la loi française, le droit de mourir constitue un droit-liberté (on est libre de se donner la mort) mais pas un droit-créance (on ne peut exiger une aide à mourir). Il est important de s’intéresser aux implications d’un droit-créance à mourir, dans les pays qui l’ont mis en place, sur la prévention du suicide. En effet, dans les pays où l’aide médicale au suicide ou le suicide assisté, voire l’euthanasie, sont légalement autorisés ou en débat, des inquiétudes apparaissent quant à la difficulté d’organiser la prévention du suicide dans ce cadre. Le suicide risque alors d’être plus facilement envisagé comme une option possible, sans véritable exploration des autres issues » (…) ». Le rapport encourage la recherche sur les méthodes de l’écoute dans les dispositifs d’aide à distance, la prévention dans l’urgence, et sur les liens entre législation sur la fin de vie et prévention du suicide. Il recommande également de conduire des recherches sur la prévention chez les jeunes, où demeurent encore des zones d’ombre.

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