Bioéthique : un « charnier » au sein de l’Université Paris-Descartes

28/11/2019
Des corps humains donnés à la science ont été conservés de manière indigne, dans le Centre du don des corps (CDC) de l’Université Paris-Descartes pendant plusieurs années, et certaines parties de ces corps auraient fait l’objet de trafic financier.

Cette information révélée par le magazine l’Express le 27 novembre fait scandale à juste titre. Plusieurs photos datant de 2016 révèlent les conditions désastreuses de conservation d’une dizaine de cadavres au cinquième étage de l’Université.

L’Express a dénoncé « des corps d’hommes et femmes abîmés, démembrés et décomposés, qui s’amoncellent à cet étage dont l’une des trois portes d’une chambre froide est si rouillée qu’elle ne ferme plus. » Les conditions déplorables des cadavres y sont décrites, comme la température trop élevée du lieu ou encore le matériel défectueux et vétuste entraînant de mauvaises conditions de travail.

En 2016, le directeur du CDC, le Professeur Richard Douard, avait déjà alerté sur cette situation le Président de l’université de cette époque, Frédéric Dardel, actuellement conseiller de Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche du gouvernement d’Edouard Philippe.

De plus, les règles éthiques ont été transgressées dans cette situation car le CDC a vendu les restes humains à des sociétés privées, des industriels et des laboratoire leur rapportant 75% de leur chiffre d’affaires en 2013. Alex Kahn, l’ancien Président de Paris Descartes donne l’exemple de cadavres ayant été utilisés pour les crash-tests de voiture. Cela contrevient aux règles sur le don du corps humain à la science. Le Conseil d’administration de l’Université avait voté un système évaluant le prix d’un corps à 900 euros et le salaire pour un travail dans leurs locaux entre 420 euros et 900 euros, ouvrant à un trafic macabre.

Selon l’Express, le professeur Guy Vallancien, qui fut également directeur du CDC de 2004 à 2014, a affirmé : « Il y avait du trafic. Les préparateurs revendaient des pièces le samedi matin à des chirurgiens, qui les emportaient. Tout s’achetait. »

Cette découverte n’est pas sans rappeler la vive émotion provoquée par la découverte de fœtus à l’hôpital Saint Vincent de Paul en 2005.

 

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