Prix Nobel pour CRISPR-Cas9

09/10/2020
crispr-cas9
Le prix Nobel de chimie récompense cette année l’extraordinaire découverte de génie génétique : CRISPR-Cas9. Il a en effet été attribué aux deux brillantes chercheuses qui ont contribué à la mettre au point : l’Américaine, Jennifer Doudna et la Française, Emmanuelle Charpentier.

Depuis sa mise au point, CRISPR-Cas9 a révolutionné le domaine de la science moléculaire. C’est une technique permettant de modifier le code génétique de n’importe quelle cellule par l’enlèvement, la modification ou l’ajout d’un ou de plusieurs gènes. C’est une sorte de « ciseau génétique » avec lequel modifier un ADN devient presque aussi simple qu’un « copier-coller » dans un traitement de texte. La combinaison CRISPR-Cas9 joue le rôle d’une tête chercheuse qui localise le segment d’ADN à modifier : il est possible de supprimer un gène néfaste ou déficient, de l’inhiber, ou encore de le remplacer par un autre morceau d’ADN. CRISPR-Cas9 est simple à utiliser, peu coûteux et rapide, si bien que cette technologie est devenue incontournable dans les laboratoires de biologie.

En santé humaine, cette thérapie génique ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre et traiter de nombreuses maladies. Il y a déjà plus de 30 essais cliniques dans le monde, sur différentes pathologies, ciblant la modification des cellules malades : maladies sanguines, immunitaires, cancer, cécité

Mais cette nouvelle technologie n’est pas sans risque éthique lié à son potentiel mésusage. En effet, il est possible de l’utiliser sur les cellules germinales (spermatozoïdes, ovocytes, embryon humain), ce qui ouvre la voie au bébé sur mesure.

Cette ligne rouge a malheureusement déjà été franchie en Chine, puisque des bébés génétiquement modifiés y sont nés fin 2018, suscitant une légitime indignation mondiale.

Alliance VITA est mobilisée, depuis la découverte de cette prodigieuse technologie, pour décrypter et alerter sur les possibles dérives et demander au législateur de préserver d’essentiels garde-fous.

Mais l’actuel projet de loi bioéthique, qui arrivera prochainement en deuxième lecture au Sénat, ouvre, dans son article 17, à la possibilité de créer des embryons transgéniques, dans le cadre de la recherche. Une transgression majeure qui chosifie gravement l’embryon humain et dont la logique ouvre à la tentation de passer ensuite à des essais visant à faire naître des enfants génétiquement modifiés.

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