Débat sur l’euthanasie : Tugdual Derville invité de "Balance ton post"

02/10/2018

Balance ton post“, face à Jacqueline Jencquel, sur le sujet du suicide assisté et de l’euthanasie.

 

 

Quelques verbatim issus de l’émission :

J’aimerais convaincre Jacqueline que le 3e et le 4e âge peuvent être des âges de grande sagesse, de grande fécondité. J’ai accompagné mon père jusqu’à sa mort, à 85 ans, il était couché. Et dans les moments les plus difficiles de sa vie, c’est là que j’ai eu des relations avec lui absolument nouvelles, de tendresse, de présence.”

Mon ami Philippe Pozzo di Borgo, qui est tétraplégique, dit que si on lui avait dit “Le suicide est possible”, il l’aurait demandé dans un temps de désespérance. Maintenant, il est très dépendant, et dans cette dépendance là il rend une utilité magnifique.

J’ai eu beaucoup d’appels de mes amis porteurs de handicap, parce que je me suis engagé depuis tout jeune auprès d’eux ; qui ont été très traumatisés par ce que vouas avez dit. Je sais que vous ne l’avez pas souhaité, mais ils ont été traumatisés parce que l’image que ça donnait c’est que leur vie ne valait pas la peine d’être vécue.”

Même chose pour les personnes très dépendantes et âgées.il y a un enjeu, dans nos EHPAD, c’est d’accompagner les personnes, de les soulager de leurs souffrances, mais ne pas passer à l’acte.  Car dans les pays où l’on passe à l’acte (Belgique, Hollande, Suisse également), il y a des personnes en bonne santé qui sont euthanasiées. Il y a eu récemment en Hollande un scandale avec des malades psychiques euthanasiés.”

Le suicide est un drame très douloureux dans notre pays. On fait une prévention du suicide, et heureusement ; il touche toutes les personnes, et il y a un taux de suicide chez les personnes âgées important. C’est ça le risque : si on commence à dire qu’il y a des suicides qui sont “bons”, toutes les personnes qui traversent des crises suicidaires, qui sont en grande souffrance ou en difficulté, vont se dire “La société me dit “réussissez votre sortie”.”

J’ai envie de dire à toute personne, qu’elle soit dépendante, désespérée : “Vous avez toute votre place parmi nous, dans la société”. C’est absolument majeur pour qu’on ne subisse pas la violence du suicide ; c’est très violent un suicide pour les proches.

Si vous dites, comme vous l’avez écrit, que quand vous perdez votre autonomie c’est la fin de la vie, c’est violent pour toutes les personnes dépendantes, pour les personnes âgées qui nous entendent.”

Vous vous souvenez que Robert Badinter disait que [la loi] ça donne l’image d’une culture ; i y a un choix de société. Est-ce que les personnes les plus fatiguées, les plus malades, les plus dépendantes, on leur dit “vous avez le choix de faire cette sortie”, ou alors on leur dit ” Vous avez votre place parmi nous dans cette société” ? Elles sont influencées !”

Vous savez, quand vous vous sentez inutile, ça veut dire que vous n’avez pas le regard de quelqu’un qui vous dit “Vous êtes utile” ! Ma vie a basculé à la rencontre d’enfants polyhandicapés. Beaucoup de gens pensent qu’ils ont des vies inutiles. Je dis non ! Leur fragilité, la nôtre, comptent énormément dans nos vies. Quand on commence à éradiquer la fragilité, on est tous menacés.”

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