Repérer et traiter la dépression post partum, un enjeu de santé publique

Repérer et traiter la dépression post partum, un enjeu de santé publique

dpp web 07102021

Encore trop souvent sous-estimée et méconnue, la dépression post partum toucherait 10 à 15% des femmes dans le monde. En France, le rapport de la Commission des 1000 premiers jours, présidé par Boris Cyrulnik et remis au Ministère des Solidarités et de la Santé en septembre 2020, établissait que plus de 100 000 femmes sont en grande détresse lors de l’année qui suit la naissance de leur enfant, et seulement la moitié d’entre elles trouve à qui s’adresser. Parce que les conséquences de cette pathologie peuvent être graves pour la mère et pour l’enfant et son développement, sa prise en compte et son traitement constituent un enjeu majeur de santé publique.

Si le baby blues caractérisé par la fatigue, l’irritabilité, le sentiment de vulnérabilité causés par le bouleversement hormonal et le manque de sommeil n’excède pas 15 jours, le prolongement dans le temps de ces symptômes est un indicateur d’une dépression post partum. Proches des symptômes de la dépression en général, ils prennent une coloration particulière en raison de la présence du nouveau-né. La très grande responsabilité et l’investissement affectif authentique total exigés par la maternité rendent la mère particulièrement vulnérable à ce moment-là.

Hors des manifestations très visibles (états mélancoliques, délires, idées suicidaires, infanticide) qui vont alerter les proches, les symptômes de la DPP peuvent être confondus avec un excès de fatigue dû à l’accouchement, à l’allaitement ou aux nouveaux rythmes de vie provoqués par l’arrivée du bébé. En outre, alors que la naissance d’un enfant est associée à un événement heureux, la mère qui se sent déprimée peut être envahie par la culpabilité, la honte et l‘autodévalorisation. Il lui est ainsi d’autant plus difficile d’admettre sa dépression et d’en parler aux autres, proches et professionnels. Persuadée d’être une mauvaise mère, incapable d’avoir du plaisir avec son bébé et incapable d’apporter ce dont il a besoin, elle n’ose pas en parler, croyant que personne ne pourra la comprendre.

Les facteurs de risques sont variés : grossesse difficile, accouchement traumatisant, isolement lors du retour à domicile… Beaucoup de femmes pointent ainsi le décalage entre le suivi intense de leur grossesse et celui, quasi inexistant, du post-partum.

Or le rapport des 1000 premiers jours précise que « Si elles ne sont pas prises en charge rapidement, les dépressions périnatales entravent l’établissement d’un lien mère/bébé, parents/bébé harmonieux et ajusté, un accordage affectif indispensable pour le devenir de l’enfant, mais aussi le développement psycho-affectif du bébé qui montre alors des signes de mal être physiologique, affectif, relationnel et avec des troubles plus ou moins graves dans ces domaines, et enfin la santé de la mère et du couple à moyen et long terme. Les mères/pères dépressifs sont plus passifs avec leur bébé et l’encouragent moins, diminuant ainsi les interactions. Plus la dépression est sévère et dure longtemps, plus le risque de répercussion sur l’enfant augmente (troubles du comportement, des apprentissages, dépression de l’enfant). »

C’est pourquoi ce rapport insistait également sur la nécessité d’informer massivement sur ce trouble et de proposer des méthodes de dépistage de manière à prendre en charge plus rapidement les patientes qui en souffrent. C’est dans cet esprit que l’allongement du congé paternité de 14 à 28 jours, est entré en vigueur le 1er juillet dernier, pour permettre aux deux parents d’être présents auprès de l’enfant après la naissance. De la même manière et suivant la proposition du rapport de mettre en place un « référent parcours » identifié, qui puisse accompagner les futurs parents dès le début de la grossesse et après la naissance, une expérimentation définie par un arrêté du 27 juillet 2021 a commencé dans quatre territoires afin de proposer à toutes les femmes enceintes, et en particulier aux plus vulnérables, cet accompagnement personnalisé passant par un « référent parcours périnatalité » (Répap).

Par ailleurs lors des assises de la santé mentale, le 28 septembre, le secrétaire d’Etat à l’enfance, Adrien Taquet a annoncé qu’un « entretien systématique autour de la cinquième semaine après l’accouchement » serait instauré au début de 2022 pour repérer les dépressions post-partum. « Pour les femmes à risque, il sera suivi d’un second entretien autour de la douzième semaine ». Un appel à projets a aussi été lancé avec 10 millions d’euros pour « conforter l’offre en psychiatrie périnatale » en « ouvrant cinq à dix nouvelles unités de soins conjoints parents-bébé et en créant quinze à vingt nouvelles équipes mobiles », a précisé M. Taquet.

Outre les actions des pouvoirs publics, la libération de la parole des mères via les réseaux sociaux (lancé sur Instagram et Twitter le #monpostpartum encourage les mères à témoigner sur le post accouchement), dans des livres (Ceci est notre post-partum, Illana Weizmann, Marabout, 2021; Post-partum: paroles de mères, pour en finir avec les tabous, Rejane Ereau, Leduc, 2021) et dans des BD (La remplaçante, Mathou ) a permis de lever le tabou sur les difficultés rencontrées après la naissance.

 

 

 

Journée nationale des aidants : une édition marquée par la Covid 19

Journée nationale des aidants : une édition marquée par la Covid 19

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A l’occasion de la douzième journée nationale des aidants , quelle est la situation de ces personnes et quels sont les dispositifs mis en œuvre en France pour les soutenir ?

La perte d’autonomie, pour des raisons d’âge, de maladie ou de handicap, appelle un besoin d’aide que les plus proches dans la famille remplissent le plus souvent. L’IPSOS a régulièrement publié les résultats d’une enquête sur la situation des aidants. La dernière en date, publiée en septembre 2020, chiffre le nombre d’aidants adultes à 11 millions, avec une moyenne d’âge de 49 ans. L’aidant intervient dans les actes de la vie quotidienne d’une personne de son entourage proche. Si près d’un quart intervient seul, pour 76% des aidants, d’autres personnes forment un relai, le plus souvent des professionnels (53% des cas) mais aussi d’autres proches (38%). La personne aidée fait le plus souvent partie du cercle familial proche (un parent pour 44%) qui vit chez elle pour 72% des situations.

L’impact de cette situation d’aide est multiple : charge économique pour la moitié des aidants, mais aussi aménagement de l’emploi du temps, à la fois sur la partie professionnelle et bien sûr le temps libre. 45% des aidants interrogés font le constat d’un impact négatif sur leur vie sociale ou familiale. L’accompagnement peut aussi impacter le moral des aidants. Presque trois quarts expriment un besoin de répit pour souffler.

Les dispositifs d’aide sont souvent éparpillés et mal connus.

  • Le don de jours de congés a été étendu par une loi en 2018 à toute les situations de perte d’autonomie.
  • La loi dite ASV, Adaptation de la Société au Vieillissement votée en 2015, a créé un droit au répit. Ce droit se matérialise par une aide financière pour les proches aidants, d’un plafond de 506 euros par an, afin d’organiser ponctuellement un remplacement de l’aidant auprès de la personne aidée.
  • Le congé de proche aidant, entré en vigueur il y a 1 an, a fait l’objet d’une étude de la CNAF Caisse Nationale d’Allocations Familiales. 16000 demandes ont été recensées, ce qui parait peu au regard du nombre d’aidants cité plus haut. Ce congé est encore mal connu, et d’après certains encore mal calibré. Par exemple, beaucoup peuvent retarder leur demande de congés en anticipant des besoins plus importants plus tard. L’ajustement de notre société à la hausse des situations de dépendance reste un sujet à travailler.

Un dernier point est à souligner : si les difficultés, les charges et contraintes posées par ces situations sont mieux documentées et font l’objet d’études, de propositions et d’actions législatives pour y remédier, la partie immergée de cet iceberg est tout l’apport relationnel, affectif et social pour les aidants comme pour les aidés. Des protocoles et des subventions ne peuvent remplacer la présence de proches. Et les témoignages sont nombreux de la part d’aidants sur la richesse de ce temps d’accompagnement.

La situation de vulnérabilité appelle la solidarité, et si 11 millions de Français y consacrent de leur temps et de leur énergie, ce fait même mérite d’être salué grandement.