Les crèches à l’heure du gender

Les crèches à l’heure du gender

Une crèche de Toulouse vient d’annoncer aux parents sa décision de retirer tous les jouets à connotation sexiste, pour ne conserver que des jeux à base de formes géométriques. Pauvres filles qui ne pourront pas jouer aux petites voitures avec leurs copains ! Pauvres garçons privés du plaisir de jouer au papa et à la maman autour d’une poupée avec leurs copines ! Tous punis !

Cette mesure s’inscrit dans la ligne d’un vaste plan gouvernemental qui vise à lutter contre l’homophobie et les discriminations liées à l’identité de genre, par la déconstruction des stéréotypes sexistes de notre société. En d’autres mots, un vaste programme d’imprégnation des mentalités par la théorie du gender, depuis les écoles maternelles jusqu’à la production télévisuelle.

Le paradoxe de cette démarche est de prétendre lutter contre des violences issues d’un refus de la différence, en cherchant à normaliser le rejet de la différence naturelle entre hommes et femmes. Car telle est bien l’inspiration fondamentale du gender : refuser le déterminisme de la nature, pour promouvoir une identité sexuelle réinventée et librement déterminée. Cette idéologie est née dans les années 50 du croisement entre un féminisme radical qui revendiquait l’égalité totale entre hommes et femmes, et une lecture marxiste des rapports entre hommes et femmes dans la société : la complémentarité des sexes est alors perçue comme source perpétuelle de conflits et d’asservissement, et doit donc être abolie pour fonder les rapports sociaux sur des genres parfaitement égaux et indépendants de la réalité biologique.

Mais en imposant ce dogme, dont toute remise en cause est immédiatement taxée d’homophobie, on enferme les personnes dans le non-dit et le déni. La personne homosexuelle est condamnée à assumer son choix sans questionner un éventuel mal-être, et il devient interdit d’évoquer qu’une autre voie est possible pour vivre sa sexualité. Le plan gouvernemental pointe déjà du doigt les organismes qui offrent une réflexion approfondie sur la réalité d’une homosexualité, en les taxant de dérive sectaire. Alors que le secret du bonheur est depuis toujours « connais-toi toi-même », l’injonction contemporaine est d’oublier ce que l’on est, pour une recherche perpétuellement insatisfaite de ce que l’on voudrait être.

Or, l’insatisfaction permanente est certainement le fondement de notre société de consommation, mais certainement pas d’une société heureuse.

Intérioriser pour reconstruire

Intérioriser pour reconstruire

Suite aux premiers mariages célébrés entre personnes de même sexe, Tugdual Derville, porte-parole de la Manif pour tous et Délégué général d’Alliance VITA, répond aux questions de Frédéric AIMARD.

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Tugdual Derville
Délégué général d’Alliance VITA

> Quel est votre état d’esprit alors que sont désormais célébrés en mairie des mariages entre personnes de même sexe ?

Ce mot « mariage », je le mets pour le moment entre guillemets. Derrière les beaux sentiments et l’émotion sincère que suscitent ces cérémonies, elles participent d’une grande illusion. Elles sapent au grand jour la fécondité de l’altérité sexuelle, l’un des repères les plus précieux fondant toute humanité, et j’en suis donc triste.

Mais je ne me départirai pas d’un esprit paisible. Nous sommes entrés dans une résistance intérieure paisible. C’est le sens de ces guillemets dictés par ma conscience. Gardons notre liberté de penser et de nous exprimer. Le mariage qui nous tient à cœur doit rester l’engagement public et fidèle qui relie un homme et une femme. Et nous devons continuer à nous battre contre cette loi, car une injustice légale n’en est que plus injuste.

> Croyez-vous encore à la victoire quand les apparences sont à la défaite ?

Quand je dis que « la victoire est en nous », ce n’est pas une figure de style. Ne restons pas focalisés sur un court terme aux apparences trompeuses… En réaction à la loi Taubira, une promesse mystérieuse a surgi cette année de l’âme de la France. Tout commence. Bien sûr, l’abrogation de cette loi injuste reste à revendiquer fermement, et avec lucidité. Car nous savons bien que, dans une société en quête de repères, la loi « démocratiquement votée » a pour beaucoup valeur de précepte religieux. Avec les foules indécises et errantes, nos élites tendent à dériver dans le sens du vent… Les prochaines campagnes électorales nous permettront de mesurer les convictions réelles des leaders politiques qui ont soutenu notre mouvement… Nous serons attentifs à leurs engagements et nous verrons s’ils résistent à l’idéologie de la loi Taubira ou s’ils lui cèdent comme ils avaient cédé à l’irruption de la théorie du genre à l’école…

> Que ferez-vous si le mariage homosexuel s’installe durablement ?

Il nous faudra décider si nous abandonnons ce mot « mariage » et cette institution désormais dénaturée pour en choisir d’autres… Le mariage civil que nous connaissions a été vidé de son sens. S’il s’installe, nous allons voir fleurir des revendications transgressives qui le démontreront.

Il faudra peut-être nous démarier symboliquement. Quand un bateau prend gravement l’eau par le fond, l’équipage doit choisir entre les pompes et les chaloupes… Il lui faut peser deux risques : perdre le navire qu’il aurait pu sauver… ou couler avec ! N’oublions pas non plus que la ligne de front ultime, c’est le mariage religieux. Peut-être devra-t-on le libérer du carcan d’un mariage civil préalable, à partir du moment où cette institution aura perdu son sens…

> Vous faites la promotion d’un courant d’écologie hu­maine destiné à envisager l’avenir : le temps des manifestations serait-il révolu ?

Pas du tout ! Le gouvernement fait tout pour décourager notre mouvement en intimidant les manifestants par un harcèlement policier… S’il craint que les manifestations ne perdurent, c’est qu’elles doivent perdurer. D’autant que ses velléités de mettre la main sur la jeunesse par l’école — et contre les parents — ont été démasquées.

Je suis persuadé que la Manif pour tous reste le meilleur outil pour contrer tous ensemble l’idéologie du genre. Il faut se réjouir aussi du foisonnement d’initiatives accompagnant ce mouvement, à l’image des Veilleurs. L’écologie humaine qui émerge s’inscrit dans une logique complémentaire : il est essentiel d’enraciner intellectuellement un courant de pensée pour bâtir une alternative altruiste à l’idéologie individualiste qui a conduit à la loi Taubira. Il nous faut à la fois résister au quotidien, intérioriser cette résistance et reconstruire sur le long terme.