Hollande : l’euthanasie ouatée

Hollande : l’euthanasie ouatée

« Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »

Il faut noter ce que ces quelques lignes contiennent. Ou pas. Pas de mot « euthanasie », pas même « mort » ou « mourir ».

Mais juste l’expression « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Une formulation ouatée et anesthésiante qui vise à rassurer. Ou à entretenir le flou. Cette formule utilise le mot dignité dans son acception restrictive, laissant entendre que tuer peut être un geste d’assistance, une façon d’éviter l’indignité.

C’est particulièrement pernicieux. Jamais aucun patient n’est indigne, indigne d’être soigné ou aimé. On pourrait presque se demander, naïvement, si ce genre de texte ne fait pas la promotion des soins palliatifs… Ne constituent-ils pas la véritable « assistance médicale pour terminer sa vie dans la dignité » ? Mais les mobiles avancés ne laissent aucun doute et font froid dans le dos. L’euthanasie, version Hollande, est faussement molle : « Phase avancée ou terminale d’une maladie incurable » : cela signifie qu’il n’est pas nécessaire d’être en fin de vie ! « Souffrance physique ou psychique insupportable » : La souffrance physique, c’est la douleur qu’on apaise très largement– heureusement – par les protocoles analgésiques modernes. La souffrance psychique, c’est la peine ou l’angoisse qui doivent toujours être écoutées et accompagnées. Mais elles sont plus subjectives. Rendre l’euthanasie légitime à cause de la souffrance psychique, c’est ouvrir très largement la porte. Il suffira que quelqu’un dise que sa peine est insupportable ! Insupportable, c’est bien le mot qui tue. C’est celui qui explique le résultat des sondages. Quelque chose d’insupportable, qui oserait demander à quelqu’un de le supporter ? La notion emporte les dernières résistances alors qu’elle n’a rien de rigoureux ni de vérifiable. Avec ce type de critère, éliminer le patient qui se plaint et dit qu’il n’en peut plus devient vite la solution de facilité… Tout cela est donc annoncé en trompe l’œil, dans un vocabulaire édulcoré. Jusqu’à cette formulation : « Je proposerai que toute personne majeure […] puisse demander. » Mais qui se permettrait d’interdire à une personne de « demander » ? Un patient doit pouvoir exprimer librement un désir de mourir. Les soignants et accompagnants le savent. C’est un appel à entendre, qui permet de mieux accompagner.

C’est à partir du moment où il risque d’être pris au mot qu’un patient tend à s’interdire ce type de plainte. Bien sûr le texte socialiste évoque un cadre qui se veut rassurant : « dans des conditions strictes et précises » ; et il affirme réserver l’euthanasie aux personnes majeures. Il ne faut pas être grand clerc pour imaginer ce joli cadre dériver, comme c’est le cas dans les rares pays qui ont transgressé cet interdit fondateur. Quand le pied est mis dans la porte, il est facile de l’ouvrir davantage ! Or, voilà que la veille de cette annonce, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui regroupe 47 États, vote une résolution historique qui contient une disposition rejetant fermement l’euthanasie : « L’euthanasie, dans le sens de l’usage de procédés par action ou par omission permettant de provoquer intentionnellement la mort d’une personne dépendante dans l’intérêt allégué de celle-ci, doit toujours être interdite. » Voici au moins une formulation heureuse qui a le mérite de la clarté. Elle rend particulièrement régressives la promesse socialiste et les rares législations qui ont instauré l’euthanasie. Car, en Europe, le vent semble avoir bel et bien tourné dans le sens de la véritable solidarité vis-à-vis des personnes malades ou en fin de vie.

Marche pour la vie – cinq éléments fondamentaux à connaître lorsqu’on défile

La 8ème Marche pour la vie prend un relief particulier à quelques mois des élections. C’est l’occasion de faire le point sur les cinq éléments fondamentaux à connaître lorsqu’on défile pour cette cause. Où en est la France sur un sujet qui demeure sensible et douloureux, alors que certains médias se plaisent à caricaturer l’engagement « provie » comme inhumain, liberticide voire violent ?

1/ D’abord près de quatre Françaises sur dix en âge de procréer connaissent au moins une fois ce que la loi nomme IVG (interruption volontaire de grossesse) dans leur vie féconde. C’est le chiffre officiel de l’Institut national d’études démographique. Moyenne nationale largement dépassée en Ile de France.  Parmi les femmes croisées dans les rues de la capitale, une sur deux est plus qu’intimement concernée.

2/ Il faudrait ajouter aux 222 000 IVG officiellement recensées, d’autres avortements que la restriction de définition opérée par la loi française passe sous silence. Ce sont tout de même plusieurs millions d’autres, chaque année, qu’il faudrait mettre sur le compte des dispositifs qui empêchent la nidation d’embryons déjà conçus (même s’ils ont également une fonction contraceptive). Il s’agit du stérilet mais aussi des diverses pilules du lendemain ou du surlendemain, comme le reconnaissent discrètement leurs notices.

3/ Tout cela n’a rien d’anodin : 83% des Françaises estiment que l’avortement « laisse des traces psychologiques difficiles à vivre » (sondage IFOP auprès de 1 000 femmes commandité par Alliance VITA  en 2010) et c’est donc un secret de famille culpabilisant qu’il s’agit de lever, dans la plus grande délicatesse. Quoi qu’en disent les féministes radicales, de plus rares à continuer d’affirmer qu’avorter est un acte anodin.

4/ Il faut aussi avoir conscience de ce que les spécialistes nomment le « paradoxe contraceptif Français » : alors que la France détient le record du monde de l’usage des produits contraceptifs, la pratique de l’avortement, même dans son sens réduit reste élevée et a même beaucoup augmenté  chez les mineures. Pourquoi ? A cause des oublis de pilules, des ruptures de préservatif et des grossesses sous stérilet constituent, ces fameux « accidents de contraception » à l’origine de 72% des IVG recensés (Rapport de l’IGAS, février 2010). Car il faut distinguer entre l’efficacité théorique et l’efficacité pratique d’une méthode. Ainsi par exemple le « tout préservatif » est à l’origine de beaucoup d’avortements chez les mineures, en forte croissance depuis une quinzaine d’années.
Sur ce point, la Grande-Bretagne envisage de revenir à une prévention de l’avortement par la lutte contre la sexualité précoce.

5/ Enfin et surtout, c’est l’ambivalence du désir d’enfant qu’il faut souligner. La classification que les sociologues de l’INSERM persistent à établir entre grossesses désirées et non désirées est absurde. En réalité, l’accueil de la vie s’établit dans un contexte où une femme (ou un couple) vit simultanément des émotions positives et négatives : en même temps joie ou enthousiasme et crainte voire angoisse irrépressible.

Le contexte culturel, économique et affectif dans laquelle se trouve la femme concernée a une influence majeure. Parler de liberté quand des femmes vivent l’avortement sous la pression – souvent masculine – fait rêver d’un autre féminisme. Surtout quand on découvre que ce même avortement empêche des dizaines de millions de petites filles de naître dans le monde asiatique, et désormais en Europe de l’Est, en raison de la préférence culturelle pour les garçons. Plutôt que de fantasmer sur la maîtrise totale de la fécondité, jusqu’à faire injonction aux femmes de programmer sans faille les naissances, c’est un encouragement à accueillir la maternité qui peut, seule, les aider véritablement. Défi urgent pour la justice et la paix.

Montrez ce sein, pour voir !

L’affaire des implants mammaires a fait prendre conscience de l’extension mondiale de la chirurgie plastique. Au-delà du scandale de ces prothèses défectueuses, on découvre que des centaines de milliers de femmes se font transformer, pour des motifs qui dépassent l’indication médicale ou la réparation incontestable.

Pourquoi ? La question est-elle naïve ?

Il ne s’agit pas d’évoquer les 20 % des opérations reconstructrices après un cancer du sein mais des autres femmes (80%) qui décident de subir cette intervention chirurgicale pour des raisons esthétiques.

Est-il si difficile d’accepter son corps ? Pourquoi cet endroit-là plutôt qu’un autre ? N’est-ce pas faire grand cas de l’apparence ?

Un chirurgien plastique interrogé fait tomber certains préjugés.

La praticienne explique d’abord que la chirurgie plastique mammaire est parfois légitimée par des anomalies : importantes asymétries ou autres particularités qui compliquent vraiment la vie quotidienne. Il faut ranger dans cette catégorie des seins excessivement volumineux qui peuvent interdire la pratique sportive, provoquer des maux de dos etc. Ces interventions peuvent être réalisées dès l’adolescence et toutes sont légitimement prises en charge par l’assurance maladie, au même titre que l’ablation des dents de sagesse. Mais les autres demandes concernent soit une diminution, soit surtout une augmentation – avec pose de prothèses – moins objectivement nécessaire, que, pourtant, des femmes désirent ardemment.

Le médecin insiste sur deux points :

– D’abord les femmes qui font appel à ses services sont « tout ce qu’il y a de plus équilibré psychiquement ».

– Ensuite, leur désir de changer est intense, souvent lié à d’importantes souffrances.

Pourquoi les seins ? Parce que c’est pour elles, le signe par excellence de la féminité. Qu’elles en manquent ou qu’elles se sentent au contraire gênées par leur volume, leur malaise peut être grand.

Ne peut-on tout de même suspecter une vulnérabilité au regard de l’autre ? La praticienne répond qu’il s’agit davantage d’un regard sur soi. Et elle précise à l’appui de ce constat que ses patientes – ou clientes – font partie des femmes qui soignent leur apparence corporelle et vestimentaires. Et de défendre les techniques qui permettent d’effacer rides ou bourrelets disgracieux.

De nombreuses femmes éprouvent donc le besoin de changer leur corps pour se sentir soulagées et libérés. Doit-on accuser les obsessions masculines de provoquer ces complexes ? Les femmes se sentent-elles à ce point détaillées comme objet sexuel ? Alors que la sénatrice Chantal Jouanno (UMP) prépare un rapport concernant l’hypersexualisation des petites filles, cette question mérite d’être posée.

Puisque la plupart des femmes faisant appel à la chirurgie plastique ne présentent en rien un tableau pathologique, le phénomène se révèle culturel. Certaines « normes » font intrusion très tôt dans l’existence au point que les personnes les plus équilibrées s’y soumettent, sans s’en rendre compte. A condition d’en avoir les moyens. Les choix qu’on pense individuels répondent à une injonction collective.

Cette analyse est corroborée par le fait qu’aux Etats-Unis ou en Amérique Latine où la mode des prothèses mammaires est « en avance », les faux seins siliconés sont d’une taille supérieure à celle demandée dans l’Hexagone. On les exhibe sur les plages comme signe de richesse. Là-bas, explique-t-on, il faut même que l’opération se voie, alors qu’en France la plupart des femmes préfèrent la discrétion. Au Brésil, c’est presque un rite initiatique : des parents aisés offrent à leur fille, pour ses quinze ans, les seins de ses rêves.

Bien sûr, de même qu’un nez tordu peut légitimement se redresser (à moins de faire tout le charme d’un visage), une jeune fille qui souffre trop de se sentir différente mérite une intervention correctrice. D’ailleurs, chacun peut se maquiller, se teindre ses cheveux, se faire remplacer une dent etc. Toute société a ses rites et ses codes corporels, les piercings dictés par la mode ne datant pas d’aujourd’hui.

Il reste que dans un monde à deux vitesses, où s’élargit la fracture entre riches et pauvres, le fait qu’avec la chirurgie esthétique puisse se répandre l’idée qu’il faut, pour une femme, paraître belle, jeune et saine quand on est riche, est troublant.

Qu’en pensent les féministes ?

TRIBUNE LIBRE. Le crève-coeur du Téléthon

Parmi les 25 points présentés par l’AFM-Téléthon comme des « avancées thérapeutiques », il y en a qui sont réjouissants : meilleure prise en compte du handicap dans notre société, progrès énorme du diagnostic… Certaines avancées, trop rares, sont vraiment thérapeutiques. Mais d’autres recherches sont présentées comme des succès alors que ce ne sont que des pistes, impliquant de graves transgressions éthiques.

Le Téléthon revendique depuis des années, d’abord la sélection des embryons conçus in vitro (pour éliminer ceux qui portent une myopathie) ensuite des recherches impliquant la destruction des embryons « surnuméraires ». La question que nous posons pour évaluer l’éthique de ces pratiques est simple : sont-elles respectueuses de la vie humaine ? La science elle-même nous révèle que tout embryon est « quelqu’un ». Chacun a commencé ainsi. Toute recherche qui aboutit à détruire le malade ou un autre être humain, (quel que soit leur stade de développement) est contraire aux droits de l’homme.

Présenter le tri des embryons comme une victoire scientifique, c’est comme si on disait aux enfants en fauteuil roulant qui participent aux plateaux de télévision : « Avec le décryptage du génome, on aurait évité ta naissance ». Des personnes touchées par la myopathie ont d’ailleurs rejoint Alliance VITA ces dernières années pour réclamer une recherche vraiment thérapeutique et une solidarité ne remettant en cause ni leur existence, ni celle d’embryons humains. Nous comprenons que des familles frappées par l’épreuve aient du mal à refuser des pratiques présentées comme prometteuses. Elles sont souvent déjà endeuillées et désespérées. Mais peut-on se taire quand un mouvement qui bénéficie d’une si belle générosité des Français a basculé dans une forme d’eugénisme et finance les chercheurs qui revendiquent les plus graves transgressions ?

C’est un crève-cœur de contester le Téléthon, car une bonne partie des fonds récoltés aide concrètement des personnes malades, en complément d’une solidarité nationale insuffisante. C’est pourquoi Alliance VITA avait proposé, dès 2006, les « dons fléchés », en faisant réaliser par l’Ifop un sondage d’opinion qui nous donnait raison (54% des Français y étaient favorables). L’AFM s’y est opposée. Elle refuse qu’on puisse contester l’éthique de certaines de ses dépenses. Elle est même devenue de plus en plus revendicatrice, contestant pratiquement toutes les barrières éthiques qui pourraient limiter la toute-puissance des chercheurs.

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA

X et sida : la prévention alibi ?

80 000 préservatifs s’exposent au musée de Beaubourg. Aussitôt, un certain Paris s’émerveille de l’audace de l’artiste Irlandais Mc Cormack. En période d’austérité budgétaire, ça sent le gaspi ; mais les promoteurs de l’exposition s’amusent de voir les enfants s’interroger sur ses ballons bizarres. Il n’y a pas de quoi rire.
Comment un objet aussi trivial a-t-il pu passer des convenances intimes à l’exhibitionnisme tapageur ?
Le sida est passé par là. Mais les mouvements officiellement dédiés à contrer cette pandémie nagent en pleine ambivalence.
Non loin de Beaubourg, sous un chapiteau à la Bastille, c’est une autre exposition – gratuite cette fois – qui est promue, pour la même cause. Intitulée « Sex in the city » et réalisée par Solidarité Sida, elle est « déconseillée  aux moins de 16 ans non accompagnés » ce qui vaut toutes les publicités. Sur un ton guilleret, avec des mots qui font passer la débauche pour de l’amusement, la dépêche de l’Agence France Presse présente l’exposition comme « ludique et décomplexée ». On y apprend que : « dans de petites alcôves, des figurines mettent en scène “l’amour à plusieurs” présenté comme un élément possible d’épanouissement sexuel ». Suit une liste des perversions, dont il est précisé que rien n’est éludé.
Parler d’amour et d’épanouissement à propos d’orgies, c’est imposer aux jeunes visiteurs les fantasmes d’adultes dépravés. Exactement ceux dont la presse parle à propos de personnalités publiques.
Alibi de toute cette « pédagogie » ? Le « sexe sans risque » avec son slogan : « sortez couvert » ! A force de l’ânonner, le sourire aux lèvres, les People de tout poils, font oublier qu’il constitue ni plus ni moins un ordre moral, d’une morale triste et minable, réduite au plus petit bout de la lorgnette.
Nous sommes en droit de nous demander, depuis longtemps, si, brandissant le spectre de la terrible pandémie, aveuglés peut-être par leur bonne conscience, les gourous de la lutte anti-sida ne sont pas passé de la prévention d’une maladie à la promotion de leurs obsessions. N’est-ce pas l’industrie du X, avec ses objets malsains qu’on finit par subventionner indirectement ? Le Conseiller régional d’Ile-de-France Jean-Luc Romero explique, le sourire aux lèvres, avoir découvert à l’expo de Solidarité Sida de « nouveaux instruments » à essayer, puis il dénonce une société de plus en plus « moraliste ». Partant du constat que certains jeunes ont des relations sexuelles dès 13 ans, il estime qu’il faut « dédramatiser ‘ça’ de plus en plus tôt ». Le président D’Elus locaux contre le Sida vient d’envoyer sur Twitter sa photo accompagnée de Brigitte Lahaie, actrice pornographique reconvertie en conseiller sexuel. Cette fois, ils visitent ensemble le Cybercrips organisme dédié à la prévention du VIH que Monsieur Romero préside, pour le compte du Conseil Régional.
La France débat désespérément aujourd’hui de la prévention de la récidive chez les violeurs. Mais les confidences au Figaro.fr d’un ami de la première victime du meurtrier de la jeune Agnès, 13 ans, appelle un autre débat : « À 16 ans, il s’infusait des films classés X au petit déjeuner ». Et de signaler que ce serait avec un de ces objets présentés comme ludiques dans nos expositions parisiennes que le jeune homme déboussolé aurait commis son premier viol.
Il y a quelques temps, un homme entièrement nu, de face, s’étalait en pleine page à la vue des enfants feuilletant le 20 Minutes dans les transports en commun, toujours au prétexte du slogan « sortez couvert ». Quand un exhibitionniste dans la même tenue agressera les mêmes enfants au détour d’un chemin, sa défense sera toute trouvée…
Et dire que l’art 227-24 du code pénal punit sévèrement le fait d’exposer un mineur à la pornographie ! Savoir les enfants aussi mal protégés, il y a de quoi être écœuré.