IVG – Peut-on donner aux femmes plus de chances de ne pas avorter ?

40 ans après la première loi de dépénalisation, l’IVG est largement pratiquée en France.

Chaque année 220 000 femmes avortent en France, ce qui représente une grossesse sur cinq. Selon les dernières statistiques de l’Institut national d’études démographiques, un tiers des Françaises auront recours à un avortement dans leur vie.

Que l’avortement soit considéré comme une liberté ou non – et  même si les oppositions sur ce sujet demeurent irréductibles – notre société peut-elle laisser croire que les femmes pourraient le ressentir comme un acte anodin ?

Depuis 15 ans, j’accompagne des femmes confrontées à cette question difficile ; je suis témoin des débats intérieurs profonds que provoque l’IVG. Les femmes le savent bien : c’est la vie d’un être humain et aussi leur propre destin qui est en jeu.

En 40 ans, la planification des naissances s’est imposée comme norme sociale ; son échec est devenu de plus en plus difficilement acceptable.

En France, malgré un taux parmi les plus élevés au monde de recours à la contraception y compris chez les jeunes, près des trois-quart des femmes qui recourent à l’IVG étaient sous contraception lorsqu’elles sont devenues enceintes. Oublis de pilule, mauvaises utilisations des préservatifs, grossesse sous stérilet : un rapport de l’IGAS publié en 2010 concluait « une maîtrise totale de la fécondité est illusoire ». Faudrait-il pour autant que l’avortement s’impose comme la seule issue ? Quand une grossesse « surprise » survient, les questions se bousculent dans la panique, et souvent la solitude. Bien des femmes, jeunes ou moins jeunes, se sentent jugées et rejetées quand elles révèlent être enceintes sans l’avoir planifié. La violence des pressions dont certaines font l’objet, spécialement de la part de l’homme, devrait être davantage prise en compte. Est-il envisageable d’accueillir un enfant non programmé ? Sans le soutien de leur compagnon ou de leurs proches, les femmes se soumettent trop souvent à l’IVG, à contrecœur, comme prises par la fatalité.

Avec la pratique devenue majoritaire de l’IVG médicamenteuse possible avant 7 semaines de grossesse (à l’hôpital) ou 5 semaines (à domicile), les femmes ont souvent peu de temps pour se décider, à un moment où elles sont soumises à des conflits intérieurs et extérieurs.

Une véritable prévention de l’IVG est aujourd’hui de plus en plus abandonnée par les services publics.

Les femmes se retrouvent trop souvent confrontées dans la précipitation à des informations techniques sur l’IVG, sans que les aides qui leur permettraient de poursuivre sereinement leur grossesse leur soient apportées.

La loi du 4 juillet 2001 a supprimé la présentation des aides et protections assurées aux femmes enceintes du dossier-guide remis aux personnes qui viennent s’informer pour une éventuelle IVG. Cette situation est d’autant plus alarmante pour les femmes et les couples concernés dans un contexte de crise économique et sociale profonde. 

Ce n’est ni en prônant la banalisation d’un tel acte, ni en imposant le silence sur l’IVG qu’on répond aux besoins des femmes.

Si certaines disent ne rien ressentir ou ne rien regretter, pourquoi nier le caractère douloureux de l’expérience vécue par beaucoup d’autres ? Ce déni constitue une forme de violence psychique. C’est la libération de la parole des femmes qui est nécessaire, dans le respect de tout ce qu’elles éprouvent. Pourtant, beaucoup peinent à trouver l’écoute, l’aide et la consolation dont elles ont besoin.

« Quel âge aurait-il ? » est une question qu’avouent se poser des femmes au cours de leur vie après une IVG. Certaines ressentent douloureusement un vide du fait de l’absence du « bébé », qu’elles regrettent. En refusant de reconnaître que certaines femmes ont subi des pressions sociales, la société les enferme dans leur peine et leur sentiment de culpabilité. Des hommes se confient également parfois, constatant la souffrance de leur compagne qu’ils n’avaient pas imaginée ou, a contrario, leur désarroi de n’avoir pas été consultés.

Pour la Haute Autorité de la Santé[1] : «L’IVG demeure un évènement souvent difficile à vivre sur le plan psychologique. Cette dimension manque d’éclairage objectif et scientifique ». Pourtant depuis ce constat, aucune étude n’a été conduite par les pouvoirs publics.

Notre pays a besoin d’un large débat sur une véritable prévention de l’IVG. Cela nécessite du courage pour lever le voile sur cet acte, sa réalité et ses répercussions.

 

Caroline Roux, déléguée générale adjointe et coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA


[1] citée dans le rapport de l’IGAS sur la prévention des grossesses non désirées (2010)

GPA : Les femmes et les enfants d’abord

Qui aurait-pu penser que le début du XXIème siècle serait marqué par une régression archaïque d’exploitation de femmes « fantômes », réduites à produire des enfants pour autrui (GPA) ?

Qui aurait pu penser qu’en France un ministère de la Justice impose à ses greffiers de fermer les yeux sur la violation de la loi, qui transforme des femmes et des enfants en objets de contrat ? Qui peut accepter de mettre la vie d’une femme, pendant 9 mois, sous la domination de commanditaires qui contrôlent leur intimité pour obtenir un enfant selon une charte de qualité ? Que les femmes soient consentantes ou pas, rémunérées ou pas, la Gestation Pour Autrui (GPA ) constitue une grave atteinte à l’intégrité des personnes, à la non instrumentalisation du corps de la femme et à la non marchandisation des enfants.

Imagine-t-on notre ministère de l’Industrie donner son estampille à l’importation de produits fabriqués par des ouvriers esclaves à l’étranger en toute connaissance de cause, ou notre ministère de la Santé accepter des dons d’organes de personnes dans une grande précarité dans les pays moins favorisés ?

Il ne s’agit pas de stigmatiser les enfants nés de mères porteuses. Au contraire, l’enjeu est de protéger l’intérêt de l’enfant. La question de l’acquisition de la nationalité française est un faux problème : en vertu de l’article 21-12 du Code civil, un enfant recueilli en France depuis 5 ans peut réclamer la nationalité française, sans relation avec son mode de procréation. L’intérêt de l’enfant, c’est qu’on ne bricole pas sa procréation, ses origines et sa filiation. N’inversons pas les rôles : ce sont les commanditaires qui provoquent cette maltraitance originelle, pas l’Etat français.

Il ne s’agit pas non plus de passer sous silence le douloureux désir d’enfant de femmes qui, pour des raisons médicales, ne peuvent porter des enfants. Il est essentiel qu’elles puissent être accompagnées mais il y a des limites à ne pas franchir : c’est ce qui peut les aider le mieux à envisager les choses autrement, à ne pas enfreindre les règles fondamentales de la dignité humaine. La médiatisation de formes de procréation en tout genre qui fleurissent mondialement, quels qu’en soient les moyens, ne font qu’aggraver la souffrance des personnes ayant des difficultés à procréer. Nous en sommes témoins dans notre service d’écoute SOS Bébé. Il faut prendre du temps avec ces personnes pour qu’elles ne soient pas conduites dans des chemins de traverse dont elles n’avaient pas réalisé tous les écueils.

Comment ne pas être étonné par la complaisance des médias, ces derniers jours, à montrer des hommes ayant eu recours à la GPA pour eux-mêmes de manière illicite ? C’est extrêmement blessant pour les femmes : cela constitue le summum de leur déni et de leur exploitation. C’est si injuste pour les enfants privés délibérément de relation maternelle. Rappeler qu’il n’y a pas de « droit à l’enfant » est une exigence qu’on doit à ces hommes, pour leur éviter d’enfreindre les droits de l’enfant.

Pourtant la circulaire Taubira de janvier 2013, comme le refus de faire appel de la décision de la CEDH de juin 2014, constituent  une caution implicite de la gestation pour autrui.

L’expression « les femmes et les enfants d’abord » prend un particulier relief dans ce contexte.

Des citoyens européens s’engagent contre « le trafic de la maternité » pour encourager les décideurs politiques à avoir le courage de stopper des pratiques contraires aux droits de l’homme. Soutenons-les en les rejoignant sur www.nomaternitytraffic.eu. Avec eux, réaffirmons qu’on ne peut disposer du corps d’une femme, qu’on ne fait pas « fabriquer »  des enfants par une autre : les femmes ne sont pas à louer et les enfants ne peuvent être achetés ou donnés.

Coup de gueule : non à l’exploitation des femmes, otages du capitalisme de Facebook et Apple

Coup de gueule : non à l’exploitation des femmes, otages du capitalisme de Facebook et Apple

facebook

 

Facebook et Apple annoncent qu’ils vont  offrir la congélation de leurs ovocytes à leurs employées féminines pour leur permettre de retarder leur maternité. L’ultra libéralisme n’a pas de limite quand il s’agit de faire l’argent. Ces entreprises communiquent déjà cette offre, pour un coût de…. 20 000 dollars par traitement.

« Acheter » des femmes ainsi sous couvert d’action marketing constitue un véritable scandale.  N’oublions pas que ce type de traitement n’est pas sans danger pour la santé des femmes, et la procréation artificielle qui suivra une réalité difficile à vivre pour les couples, posant également des questions éthiques, comme en témoignent ceux qui sont confrontés à une réelle infertilité médicale. Procréer naturellement, en étant guéris de leur infertilité, demeure leur souhait le plus profond.

Intervenir ainsi dans l’intimité des femmes est hallucinant, destructeur et indigne.

Hallucinant de convertir la procréation artificielle en un mode de procréation de convenance pour le profit de l’employeur ; destructeur de l’égalité entre les femmes qui devraient travailler sans enfant, et les hommes à qui on ne demande rien ; indigne pour les femmes qui peuvent perdre ainsi leur liberté de concilier travail et vie privée, et risquent de se voir pénaliser de devenir mère « trop tôt » pour le rendement de l’entreprise.

Sacré recul pour la liberté des femmes.

Si on a combattu l’exploitation des enfants au XIXème siècle, celle des travailleurs, hommes et femmes, au XXème siècle, levons-nous pour que le XXIème siècle ne sombre dans celle des travailleuses, tout simplement car elles sont femmes.

Recherche sur l'embryon : débat confisqué

Interview de Caroline Roux, secrétaire générale d’Alliance Vita, qui nous explique sa déception face au manque de débat. Vous pouvez retrouver cette interview sur Newsring.

Autoriser les recherches sur les cellules souches embryonnaires et les embryons humains est à la fois éthiquement inacceptable et injustifiable scientifiquement. En outre, nous reprochons au débat de ne pas avoir laissé place… au débat justement. La loi de bio-éthique de 2011, qui maintenait le principe d’interdiction de recherche sur les embryons, proposait la mise en place d’états généraux dans les moments d’évolutions éthiques majeurs. La science a beaucoup avancé, que ce soit sur les cellules du sang de cordon, sur les cellules souches adultes, sur les cellules reprogrammées dites IPS. Cela aurait donc valu la peine d’en discuter vraiment.

La loi de 2011 était déjà loin d’être idéale. Nous nous y étions déjà opposés car, sur le principe, nous sommes contre l’utilisation de l’embryon humain – un être humain à son tout premier stade – comme un matériel de laboratoire. L’interdiction de principe (avec ses dérogations) permettait de garder une protection symbolique de l’embryon. Ce projet de loi va encore plus loin : le principe de respect de l’embryon en tant qu’être humain va devenir une exception.

Des embryons utilisés comme des cobayes

Cela pose des questions éthiques profondes. Il faut notamment s’interroger sur le stock d’embryons congelés vivants de la France. Ils sont 171.000 selon les dernières statistiques de l’Agence de biomédecine. Ces embryons sont nés d’un désir très fort et ils vont être utilisés par la recherche comme des cobayes. Cela doit interroger notre société sur une forme de toute puissance qui s’exerce sur les plus faibles, ceux qui se placent au tout début de la vie.

Les recherches sur les embryons n’ont encore rien donné, alors que les recherches alternatives sur des cellules souches adultes ont déjà eu des résultats. Plus de 90 pathologies sont soignées avec des cellules issues du sang de cordon. Certains pays ont beaucoup avancé sur les IPS , les cellules reprogrammées, qui sont beaucoup plus prometteuses. Et si un jour nous n’avions plus d’embryons surnuméraires à l’issue des fécondations in vitro, faudrait-il les créer? Nous nous retrouvons face à un problème éthique extrêmement grave.

Ce que nous demandons à Alliance Vita, c’est un moratoire sur la congélation des embryons, que les embryons surnuméraires ne soient plus congelés. Il y a quelque chose d’extrêmement injuste à maintenir figés des embryons, à vouloir arrêter le temps. On peut même avoir des embryons conçus en même temps et qui naissent à vingt ans de différence. Cela créé des abîmes d’interrogations psychologiques. Fabriquer des embryons, nés d’un désir, pour qu’ils soient finalement détruits, pose une question de société.

Soigner l’infertilité plutôt que trouver des palliatifs

Nous demandons aussi depuis des années que de vraies recherches soient menées sur l’infertilité. Il faut trouver des moyens pour vraiment la soigner au lieu de la pallier. En écoutant des couples confrontés à l’infertilité, on comprend qu’ils recherchent la possibilité de procréer naturellement pour se passer des artifices de la médecine. On peut avoir des enfants par la procréation médicalement assistée, mais la médecine n’a trouvé que des palliatifs qui ne répondent pas à la demande de soigner l’infertilité.

L’embryon étant “un autre” génétique, il pose aussi des problèmes de compatibilité au niveau des cellules pour un receveur potentiel. Avec les cellules reprogrammées, ce sont les cellules du même patient. Il n’y a donc pas de difficultés autour du rejet et donc plus de chances de succès. Penser qu’on pourrait être soigné avec ses propres cellules ouvre de plus grands horizons de réussite. C’est d’ailleurs la voie qu’a prise le Japon.

La ministre de la Justice disait que la France prenait du retard. Je suis d’accord car le pays se focalise sur un standard qu’on pensait intéressant dans les années 2000. Aujourd’hui, dans les revues de recherche scientifique, nous voyons qu’il y a toujours une prévention sur les cellules souches embryonnaires, à cause de l’aspect éthique et des problèmes de rejet. Les choses ont beaucoup évolué ces dernières années, notamment avec les recherches du Japonais Shinya Yamanaka, prix Nobel 2012 . Geron, une société américaine, a d’ailleurs abandonné ses recherches sur l’embryon car elles n’étaient pas rentables.

L’intérêt de l’enfant d’abord

« Il y a des formes plurielles de familles » annonçait sur Twitter le lendemain de sa nomination, Dominique Bertinotti, la nouvelle ministre chargée de la famille. « Il faut donc pouvoir traiter de la diversité des modes de famille ».
C’est une réalité, certaines familles doivent être aidées et c’est un devoir de solidarité. Car les enfants ont fondamentalement besoin du père et de la mère qui les ont conçus, idéalement dans l’amour, et de vivre sous le même toit. Quand un des composant manque, la société ou la famille élargie tentent d’y remédier, parfois avec difficulté mais au mieux qu’elles peuvent, pour préserver l’intérêt de l’enfant. Plutôt que de formes plurielles de familles, il s’agit bien d’adaptations pour réparer les accidents de la vie.
L’Etat tente de repérer la maltraitance, de protéger les enfants des conflits des parents ou de leur démission. L’intérêt supérieur de l’enfant demeure toujours le critère des mesures adoptées. Suivant ce critère, l’Etat prend soin des orphelins, parvient quand c’est possible à leur offrir un père et une mère adoptifs, pour assurer cette référence à l’altérité sexuelle à l’origine de leur engendrement. Il exige également qu’ils soient mariés pour garantir la meilleure sécurité affective possible à ceux qui en ont tant manqué. Si leur adoption par des personnes célibataires a été autorisée, cela correspond à des contextes particuliers : souci de combler le manque de familles adoptives (ce qui a pu être le cas par le passé) ou encore de favoriser l’accueil dans la famille élargie, préservant ainsi les liens affectifs et les racines familiales de l’enfant.
Dans une enquête sur les répercussions du divorce, la journaliste Agathe Fourgnaud, elle-même fille de parents divorcés, livre les témoignages d’enfants qui ont vécu cette rupture. Son constat : personne n’en sort indemne, même si les conséquences varient suivant les situations et les personnes. Il ne s’agit pas de jeter la pierre à ceux qui, souvent au terme de souffrances, d’infidélité, de violence… n’ont pu faire tenir leur couple. Parfois la cohabitation du couple devient invivable et même risquée pour les enfants. Mais il s’agit de regarder les choses en face : les enfants sont souvent victimes, malgré tous les efforts de leurs parents pour tenter de les protéger. Victimes de ces déchirements, et parfois otages des conflits parentaux. Ce n’est pas simple pour eux. Un leader politique, lui-même dans cette situation, vantait les capacités d’adaptation des enfants aux liens changeants de leurs parents. Comment peuvent-ils faire autrement ? Car ils n’ont pas de choix. C’est à eux d’adopter les nouvelles familles de leurs parents. La justice tente de tout faire pour que les enfants soient le moins lésés possible… Elle n’y parvient qu’imparfaitement, laissant les parents dans un sentiment d’injustice, souvent le père, qui ne pourra plus vivre quotidiennement avec son enfant, plus rarement la mère.
Que dire de tant de femmes abandonnées enceintes ou avec des enfants ? Courageusement, entre leur travail et l’éducation qu’elles doivent assumer seules, elles tentent de donner le meilleur à leurs enfants. La société leur vient en aide et c’est une question de justice sociale et de solidarité.
On le constate : le contexte sociétal a évolué en fragilisant la vie de certains enfants. Notre société peut-elle, en conscience, ignorer le droit des enfants pour répondre à des situations particulières d’adultes homosexuels qui expriment un « désir d’enfant » ? Sommes-nous prêts à laisser se développer une « homoparentalité », non exempte de ruptures affectives, qui prive un enfant de sa référence paternelle ou maternelle en lui imposant « deux mamans » ou « deux papas » ? Il serait gravissime d’instrumentaliser l’enfant en l’exposant à des fictions filiatives. Un enfant est un don, non un dû : c’est cette perspective qui pourrait aider les personnes homosexuelles à réorienter leur désir de paternité ou de maternité, comme d’autres qui ne sont pas homosexuels le font par ailleurs.
Certes il existe des cas d’enfants dont le père ou la mère a un mode de vie homosexuel après s’être séparé de son conjoint. Amalgamer ces situations à de l’homoparentalité est abusif car ces enfants ont bien un papa et une maman identifiés. Même si on leur demande un immense effort d’adaptation pour prendre en compte le partenaire du même sexe dans leur représentation parentale. A l’image de ce petit garçon désorienté, élevé en alternance par sa mère et son père en couple avec un homme, qui demandait récemment à sa grand-mère : « Et toi quand es-tu devenue une femme ? »
Madame Bertinotti vient d’annoncer que le gouvernement programme pour 2013 d’autoriser le mariage pour des personnes de même sexe et de leur donner un droit à l’adoption d’enfants. Les sentiments et la bonne volonté, s’ils sont nécessaires, ne suffisent pas. Comme le rappelle le pédopsychiatre Pierre Lévy-Soussan dans son audition aux Etats généraux de la bioéthique, «L’enfant a droit aux différences : il a droit à jouer avec l’identification soit à son père, soit à sa mère, soit aux deux. Il a droit à l’asymétrie parentale. La loi ne doit pas effacer ces différences qui sont si importantes pour sa maturation.» Double injustice donc pour ces enfants déjà mis à rude épreuve par l’absence accidentelle de leur père et de leur mère. On attend d’un ministère chargée de la Famille de la soutenir et de protéger ses membres, non pas de créer des situations de discrimination pour les enfants.
Alors que François Hollande entend mettre son quinquennat sous le signe de jeunesse et de la justice, nous attendons qu’il puisse prendre le recul nécessaire sur cette question si grave. Mettre les personnes homosexuelles face à leurs responsabilités, c’est aussi les respecter.