IVG : l’égalité détournée

« Loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes », ce qui va contribuer à banaliser un acte qui n’est pas anodin pour les femmes.

Ce vote intervient alors que la DREES* a annoncé en juin dernier que le nombre d’IVG en 2013 a augmenté de près de 5% par rapport à l’année précédente, soit environ 10 000 avortements supplémentaires. Cause avancée : la réserve sur l’utilisation de la pilule suite à  la polémique autour des pilules de 3ème génération, aboutissant à leur déremboursement en mars 2013.

Alliance VITA est intervenue à plusieurs reprises au moment des débats pour rappeler le paradoxe de dénier aux femmes enceintes leur détresse, alors qu’on prétend favoriser l’égalité femmes – hommes et que beaucoup d’hommes poussent leur compagne à l’IVG dans l’ignorance de ce que ce geste implique pour elle. Supprimer la notion de détresse dédouane la société d’apporter de véritables alternatives.

Déjà l’information aux femmes s’est dégradée ces dernières années : les pouvoirs publics ont renoncé, depuis 2001, à apporter une information équilibrée sur les droits, aides et démarches pour les femmes enceintes, seules ou en couple, ainsi que le descriptif de leur protection sociale lors des consultations d’IVG.

Alliance VITA préconise une réelle politique de prévention de l’IVG pour les femmes enceintes et édite un guide des aides à leur attention : www.jesuisenceinteleguide.org. Cela peut contribuer à résoudre un grand nombre de drames personnels, en présentant aux femmes des perspectives autres que l’avortement. Son service SOS Bébé – www.sosbebe.org Tel : 01 42 47 08 67 reste actif pendant tout l’été pour accompagner toutes celles qui sont confrontées à des détresses liées à la grossesse et à l’IVG. *Direction de la recherche, évaluation et statistiques rattachée au Ministère de la Santé   Pour aller plus loin :

GPA : la CEDH condamne la France

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu le 26 juin 2014 deux arrêts condamnant la France pour son refus de transcrire dans l’état civil français les actes de naissance d’enfants nés aux Etats-Unis d’un gestation par autrui (GPA), au motif que cette disposition porte atteinte à l’identité des enfants.

Ces décisions n’obligent pas la France à légaliser la GPA, mais lui demandent de reconnaître les conséquences de cet acte réalisé à l’étranger sur le plan de la filiation et de l’état civil en France.

Les requérants, les couples Mennesson et Labassee, avaient déposé ce recours après que la Cour de cassation leur ait opposé une fin de non-recevoir le 6 avril 2011. La Cour de cassation avait en effet jugé contraire à l’ordre public la décision étrangère de reconnaissance de la GPA, car comportant « des dispositions heurtant des principes essentiels du droit français ».

La CEDH a examiné si le refus de transcrire les actes de naissance des enfants dans l’état civil français violait l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (qui énonce le droit au respect de la vie privée et familiale). Elle a conclu qu’il n’y avait pas violation du droit des parents requérants, mais violation du droit des enfants au respect de leur vie privée.

Les enfants sont nés aux Etats-Unis par mères porteuses avec don d’ovocytes : ils ont des actes de naissance américains qui reconnaissent les époux Mennesson et Labassee comme leurs parents, au terme d’une transaction de mère porteuse. La Cour relève que « le refus de la France de reconnaître le lien de filiation entre les enfants nés d’une GPA à l’étranger et les couples ayant eu recours à cette méthode procède de la volonté de décourager ses ressortissants de recourir hors de France à une méthode de procréation qu’elle prohibe sur son territoire dans le but, selon sa perception de la problématique, de préserver les enfants et la mère porteuse ».

La CEDH constate que « les requérants ne prétendent pas que les obstacles auxquels ils se sont trouvés confrontés étaient insurmontables » et qu’ils ont bénéficié de leur droit au respect de leur vie familiale. Elle  a cependant considéré que par ce refus se posait une « grave question de compatibilité de cette situation » avec l’intérêt supérieur des enfants. Même s’ils ont été identifiés ailleurs comme étant les enfants des couples, ils « se trouvent dans un état d’incertitude juridique ». La CEDH a invoqué l’importance de la reconnaissance du lien biologique pour « établir la substance de son identité » et mis en cause la « troublante incertitude » quant à se voir acquérir la nationalité de leur père biologique français, « indétermination susceptible d’affecter négativement la définition de leur propre identité ». De même le fait de ne pouvoir hériter des époux Mennesson et Labassee, sauf en tant que légataires ce qui est moins favorable en termes de droits successoraux, constitue « un autre élément de l’identité filiale » dont sont privés ces enfants .

La secrétaire d’Etat à la famille a déclaré que l’Etat français n’a pas l’intention de faire appel de cette décision alors qu’il en a la possibilité. Ces arrêts interviennent alors qu’un recours a été déposé par un groupe de juristes auprès du Conseil d’Etat contre la circulaire Taubira du 25 janvier 2013. Cette circulaire invite les procureurs et greffiers en chef à délivrer un certificat de nationalité française aux enfants, dès lors que le lien de filiation avec un français résulte d’un acte d’état civil étranger probant, et précise que le seul soupçon de recours à une convention de GPA à l’étranger ne peut suffire à opposer un refus de délivrance.

Pour Alliance VITA, cette décision risque de remettre en cause le droit français qui prohibe la GPA, et fragilise la nécessaire dissuasion d’un tourisme procréatif qui transgresse gravement le droit des femmes et des enfants. Elle est d’autant plus paradoxale et contradictoire qu’est invoquée la nécessité de préserver le lien biologique, paternel en l’occurrence, alors que le processus de procréation fait voler en éclat le lien biologique maternel. Le gouvernement en ne faisant pas appel de cette décision ruine la portée pratique de l’interdiction de la GPA.

La programmation d’un enfant qui sera séparé – par contrat – de celle qui l’aura porté et enfanté ne respecte pas le droit de l’enfant. Une maternité éclatée entre deux voire trois femmes (génitrice, gestatrice et éducatrice) est une injustice pour lui. C’est également une injustice pour les femmes porteuses dont le travail s’apparente à de l’esclavage, incompatible avec leur dignité. Ceux qui ont eu recours à cette technique à l’étranger ont une grave responsabilité : sans nier pour autant l’intérêt des enfants concernés à avoir un état civil clair, effacer leur histoire chahutée ne les respecte pas et constituera un mensonge cautionné par l’Etat.

Pas plus que pour la peine de mort ou d’autres pratiques contraires aux Droits de l’Homme, la France n’a pas à se caler sur des législations transgressives et sur le « moins-disant » éthique.

 

La gestation pour autrui ou mère porteuse est interdite en France et réprimée par le code pénal.L’article 227-13 du code pénal punit de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende «la substitution volontaire, la simulation ou dissimulation ayant entraîné une atteinte à l’état civil d’un enfant », ainsi que leur tentative. L’article 227-12 du code pénal réprime la provocation à l’abandon, l’entremise en vue d’adoption et, depuis la loi bioéthique n° 94-653 du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain, « le fait de s’entremettre entre une personne ou un couple désireux d’accueillir un enfant et une femme acceptant de porter en elle cet enfant en vue de le leur remettre ». De plus selon l’article 444-4 du code pénal « Le faux commis dans une écriture publique ou authentique ou dans un enregistrement ordonné par l’autorité publique est puni de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende ».

 

Pour aller plus loin :

Décryptage VITA sur la GPA

[CP] Acquittement du dr Bonnemaison : Un verdict effrayant et révélateur

Alliance VITA estime effrayant et révélateur l’acquittement du docteur Bonnemaison par la Cour d’assises de Pau, et demande qu’il soit fait appel de ce verdict absurde.

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et auteur de La Bataille de l’euthanasie (Salvator 2012) :

« Le docteur Bonnemaison a injecté de son propre chef des produits mortels à sept patients qui n’avaient rien demandé. Il est à l’évidence absurde que ce médecin soit acquitté, alors qu’il a agi non seulement en dehors du cadre légal français, mais également au-delà de toutes les revendications législatives pro-euthanasie et aussi des rares lois euthanasiques votées à l’étranger. La question est donc : comment en est-on arrivé là ?

Cet acquittement par les jurés s’explique sans doute par l’orchestration de l’émotion provoquée par une avalanche de témoins militants venus de France et de Belgique, avec des positions aussi radicales qu’irresponsables. Il s’explique sans doute aussi par la personnalité apparemment compassionnelle du docteur Bonnemaison, dont la fragilité psychique a pu jouer le rôle de circonstance atténuante. Mais voilà la France piégée dans un processus de dépénalisation jurisprudentielle de la forme la plus brutale d’euthanasie décidée par un homme seul, sans demande des victimes.

C’est un message dramatique pour tous les usagers du système de santé français et pour tous les médecins ou infirmiers qui pourraient être tentés de suivre l’exemple du docteur Bonnemaison. Quelle tristesse de devoir dire à nos proches, particulièrement aux personnes âgées fragiles se rendant aux urgences : prudence et méfiance ! Nous pensons à l’immense majorité des soignants qui ressentent ce malaise : ils savent parfaitement que le docteur Bonnemaison a franchi une ligne rouge et qu’une sanction pénale, même symbolique, était absolument nécessaire pour le signifier. Depuis la médiatisation de cette affaire, notre service d’écoute SOS Fin de vie reçoit de plus en plus de messages de personnes âgées qui ont peur des perfusions mortelles.

Ce procès aura au moins eu le mérite de mesurer l’outrance des partisans français de l’euthanasie : ils prétendent qu’elle serait effectuée à la demande des patients, mais se réjouissent de l’acquittement d’un médecin qui a agi sans les consulter. En Belgique, les injections létales clandestines se sont multipliées en même temps que les euthanasies déclarées…

C’est pourquoi Alliance VITA demande solennellement au Ministère public de faire appel de ce verdict. Il avait choisi de proposer dans son réquisitoire la peine symbolique de 5 ans avec sursis, ce qui constituait un avertissement minimal. Sans aucune sanction, c’est tout notre système de santé qui s’avoue incapable de protéger les personnes fragiles. Comme en 2008 dans le cas de Lydie Debaine que je décris dans mon livre, un second procès d’assises est impératif pour permettre de revenir sur un verdict aussi dangereux qu’insensé. »

Alliance VITA a organisé mardi 24 juin 2014 une scénographie spectaculaire sur le parvis des Droits de l’Homme au Trocadero à Paris, pour manifester l’urgence d’être solidaires des personnes âgées plutôt que de basculer dans une culture d’euthanasie et d’exclusion. Elle se dit prête à s’impliquer dans un grand mouvement social contre l’euthanasie et pour la solidarité vis-à-vis des plus fragiles.

[CP] Alliance VITA réagit à la décision du Conseil d’État d’interrompre l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert.

[CP] Alliance VITA réagit à la décision du Conseil d’État d’interrompre l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert.

Au-delà d’une situation dramatique, qui fracture une famille au chevet d’une personne lourdement handicapée, mais aucunement en fin de vie, c’est la vie des quelque 1600 patients pauci-relationnels qui est remise en question ici.

Pour Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA, qui a rassemblé 600 Pierrots sur l’Esplanade des droits de l’homme du Trocadéro à 13h ce jour-ci : « l’urgence est à la solidarité. Nous ne pouvons pas laisser croire qu’il y aurait des vies indignes d’être vécues ou respectées, des patients dont il faudrait cesser de prendre soin.

Au-delà du malaise que provoque cette décision de mort programmée, prise par un tribunal administratif, c’est le regard et l’attention portés sur les personnes les plus fragiles qui sont en question. Nous pouvons nous interroger sur l’adéquation du service où est hospitalisé Vincent Lambert : il n’est pas adapté aux états chroniques de conscience limitée. Nous pouvons aussi nous étonner que la parole d’une mère soit à ce point décrédibilisée.

Nous pensons enfin à tous les patients « pauci-relationnels », à leurs proches et aux soignants qui se dévouent auprès d’eux. Nous voulons leur dire que toute personne gravement dépendante reste toujours digne d’être soignée, digne d’être aimée. La décision d’entamer un protocole de mort constitue bien l’euthanasie d’une personne qui n’est pas en fin de vie, une entorse à l’interdit de tuer, fondateur du vivre ensemble et de la confiance entre soignants et soignés ».

Alliance VITA est prête à mobiliser largement les Français, soignants, soignés et simples citoyens attachés à la solidarité jusqu’au terme naturel de la vie.