PPL Droit de visite : Adoption à l’unanimité par le Sénat

PPL Droit de visite : Adoption à l’unanimité par le Sénat

PPL Droit de visite : Adoption à l’unanimité par le Sénat

 

Mardi 12 octobre, le Sénat a adopté à l’unanimité en première lecture une proposition de loi créant un droit de visite pour les personnes malades, âgées ou handicapées en établissements. Portée par le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, cette loi entend répondre aux drames humains qui se sont produits pendant la pandémie en de nombreux endroits, où des personnes sont mortes sans pouvoir revoir leurs proches, du fait de l’interdiction des visites pendant cette période.

Lors de son allocution, le sénateur LR Bruno Retailleau a dénoncé un défaut d’humanité mis au jour par la crise sanitaire :

« Dans nos établissements de santé et médico-sociaux, des personnes fragiles se sont retrouvées privées de tout contact avec leurs proches. Derrière ces portes closes se sont noués des drames terribles, en particulier pour les personnes en fin de vie, laissées seules face à la mort – malgré le dévouement de personnels soignants débordés. » Il a souligné également l’épreuve que cela a constitué pour les familles « privées du rite de passage, parfois même d’un rite funéraire digne de ce nom. »

Concrètement, la proposition de loi inscrit dans le code de la santé publique et dans le code de l’action sociale et des familles un droit de visite pour les patients des établissements de santé, les résidents des EHPAD ou des foyers pour handicapés. Ce droit ne peut être subordonné à une information préalable de l’établissement. Dans son 4e article, la loi instaure un droit de visite quotidien pour les patients en fin de vie ou en soins palliatifs, de la part de leurs conjoints, ascendant ou descendant « jusqu’au 4e degré ».

Enfin, la proposition de loi  inscrit dans le code de la santé publique que les dispositions liées à l’état d’urgence ne sauraient permettre au Premier ministre de déroger aux règles fixées par le texte.

Cette proposition de loi a été fortement inspirée par les témoignages de Laurent Frémont et de Stéphanie Bataille, fondateurs du collectif « Tenir ta main ». Ils ont perdu leurs pères pendant la pandémie et n’ont pu leur rendre visite dans leurs derniers instants. Ils souhaitent, par ce collectif, être les porte-parole des sans-voix. Leur comité de soutien regroupe des personnalités comme Marie de Hennezel, Laurence Ferrari ou Emmanuel Hirsch.

En mai dernier, Laurent Frémont indiquait avoir reçu 10 000 témoignages de familles qui n’avaient pu voir leurs proches en fin de vie. A ce jour, près de 48 000 personnes ont signé leur pétition pour introduire dans la loi un droit de visite aux patients hospitalisés et aux personnes âgées.

Par ailleurs, dans un rapport du 4 mai dernier, le Défenseur des droits dirigé par Claire Hédon dénonçait les nombreuses atteintes aux droits et libertés des résidents des EHPAD depuis le début de la crise sanitaire, notamment de restrictions sur la liberté d’aller et venir et sur le droit de visite qui se sont poursuivies bien au-delà des périodes de confinement. Ce rapport pointait les conséquences psychologiques pour les résidents, dont certains avaient perdu le goût de la vie ou souffraient de dépression.

La proposition de loi instaurant le droit de visite a été adoptée à l’unanimité, malgré l’opposition du gouvernement. Pour Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’autonomie,  « le droit de visite est un principe déjà bien établi. Il ne serait pas réaliste de le rendre opposable, compte tenu des exceptions nombreuses : réanimation, urgences, maternité, psychiatrie, infectiologie, soins de suite, pour ne citer que ces cas».

La ministre a aussi mis en avant le souci des familles de protéger leurs proches du virus, alors que certaines ont  menacé d’engager des procédures pour mise en danger de la vie d’autrui. Quoi qu’il en soit, cette proposition de loi qui revêt une forte portée symbolique a peu de chances d’aboutir avant la fin du quinquennat, dans la mesure où le groupe Les Républicains ne dispose plus de niche parlementaire pour la mettre à l’ordre du jour des débats à l’Assemblée nationale.

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Bioéthique : mise en place d’un groupe de travail sur l’infertilité 

Bioéthique : mise en place d’un groupe de travail sur l’infertilité 

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La loi de bioéthique promulguée en août 2021 prévoit la mise en place d’un plan national pour lutter contre l’infertilité. Un groupe de travail créé à cet effet devrait donner ses conclusions d’ici la fin de l’année 2021 selon la presse.

En effet l’article 4 dispose que : « Les mesures nationales et pluriannuelles d’organisation concernant la prévention et l’éducation du public, l’information sur la fertilité féminine et masculine, la formation des professionnels de santé et la coordination en matière de recherche et de protocolisation pour lutter contre toutes les causes d’infertilité, notamment comportementales et environnementales, sont définies par arrêté conjoint des ministres chargés de l’éducation nationale, de la santé, de la recherche et de l’écologie ».

Pour piloter ce groupe de travail, le ministre de la santé a nommé Samir Hamamah responsable du département de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier.

L’autre co-pilote est  Salomé Berlioux, ancienne conseillère ministérielle, et auteur de « La peau des pêches » parue en avril 2021. Elle y retrace sous la forme d’un roman l’épreuve de son couple confronté à l’infertilité et à un parcours médical douloureux.

La lettre de mission du ministre de la santé reproduite ci-dessous indique que « Plus de 15% des couples en âge de procréer consultent pour une difficulté à concevoir ». Et la fréquence de l’infertilité a augmenté ces 20 dernières années.

Facteurs environnementaux (perturbateurs endocriniens…) et modes de vie sont évoqués en plus des pathologies connues à l’heure actuelle. Lors des débats bioéthiques, les professionnels ont souligné également la forte prévalence de recours aux techniques d’assistance médicale à la procréation due au retard de l’âge de la maternité. Cette réalité a été confirmée par le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE).

L’un des objectifs inscrit dans la lettre de mission est de faire un état des lieux pour prévenir les situations d’infertilité et aussi de limiter le recours aux techniques artificielles de procréation dont on sait qu’elles laissent près de la moitié des couples sans enfant à l’issue et qu’elles constituent un parcours du combattant.

La recherche sur les causes de l’infertilité et leur prévention ont été une revendication majeure d’Alliance VITA lors des dernières  révisions de la loi bioéthique adoptées respectivement 2011 et en 2021. En effet la focalisation sur les seules techniques d’assistance médicale à la procréation pose à la fois des questions éthiques, humaines et médicales. Elle tend à détourner des véritables recherches des causes de l’infertilité, pour d’une part mettre en œuvre une véritable politique de prévention et d’autre part chercher des thérapies de restauration de la fertilité.

Le groupe dont la composition n’a pas encore été rendue publique va procéder à des auditions et devrait rendre ses recommandations d’ici la fin de l’année 2021.

Lettre de mission du ministre de la santé

lettre mission

Bloquer l’accès des mineurs à la pornographie sur Internet

Bloquer l’accès des mineurs à la pornographie sur Internet

Bientôt une décision de justice pour bloquer l’accès des mineurs à la pornographie sur Internet

 

Fin juillet, le recours en référé déposé auprès du TGI de Paris par deux associations de protection de l’enfance pour obtenir des principaux fournisseurs français d’accès à internet qu’ils bloquent plusieurs sites pornographiques jugés trop accessibles aux mineurs, a remis dans l’actualité la question de la consommation de pornographie par les mineurs.

Malgré l’interdiction posée par le code pénal de laisser des contenus pornographiques accessibles aux mineurs, les sites comme PornHub et YouPorn ne vérifient pas l’âge des internautes ou se contentent au mieux de leur demander de cocher une case affirmant qu’ils sont majeurs.

Les sites pornographiques enregistrent des centaines de millions de visites chaque jour. PornHub, le leader mondial, revendique ainsi 130 millions d’utilisateurs quotidiens.

Combien de mineurs parmi eux ?

Si l’on ne dispose pas de chiffres précis en la matière, d’après une enquête de de l’ Ifop  menée en 2017 auprès d’un échantillon représentatif d’un millier de mineurs âgés de 15 à 17 ans, plus de la moitié a déjà surfé sur un site pornographique, dont 7 % déclarent se connecter « souvent » et 25 % « parfois ». Plus précisément, environ un tiers des garçons au moins une fois par mois dont 1 sur 10 tous les jours ou presque.

Près de la moitié des garçons et des filles ayant déjà eu un rapport sexuel ont essayé de reproduire des scènes ou des pratiques qu’ils ou qu’elles ont vu. Et selon un sondage Opinionway “Moi Jeune” pour 20 Minutes, publié en avril 2018, près d’un tiers des jeunes ont déjà vu du porno avant 12 ans, plus de 60% avant 15 ans et 82% avant 18 ans.

Cette exposition précoce n’est pas sans conséquences sur la manière dont ils construisent et vivront ensuite leur en sexualité. Des professionnels de santé alertent depuis longtemps sur les dangers de cette consommation précoce de pornographie tel le professeur de gynécologie strasbourgeois Israël Nisand qui rappelle que : « Les contenus pornographiques créent à la fois un choc, un trauma et une excitation chez les jeunes. On leur donne du prêt à fantasmer basé sur des images dégradantes et transgressives, qui vont toujours plus loin. »

La démocratisation de la pornographie rendue possible par l’avènement d’internet se matérialise par une multiplicité des canaux : moteurs de recherche, publicités suggérées ou sous forme de pop-up, contenus qui émergent sur les réseaux sociaux…

Pour la sexologue Thérèse Hargot « Dorénavant, l’offre précède la demande. Les mineurs, dont des enfants, sont exposés à la pornographie. Conséquence : avant même qu’ils aient l’envie d’explorer leur désir, leurs pulsions sexuelles sont sollicitées par ces contenus. Ce n’est donc pas une réponse à une pulsion. Cela change tout. L’industrie pornographique, en laissant libre son contenu, va offrir une sorte de shoot de dopamine à celui ou celle qui regarde ses images, et on habitue les enfants, les adolescents, à se procurer ce shoot de dopamine, de bien-être, en deux-trois clics sur internet. »

Et de déplorer la passivité des pouvoirs publics face à cette problématique : « Ils ne font rien contre. S’ils en avaient la volonté, ils pourraient le faire, ne serait-ce qu’en faisant appliquer la loi : toute personne âgée de moins de 18 ans n’est pas censée voir des images pornographiques. »

Pourtant en novembre 2019, à l’UNESCO, le chef de l’Etat avait insisté sur la nécessité d’un contrôle parental des sites pornographiques, ne pouvant « fermer les yeux sur l’influence que peut exercer sur de jeunes esprits, un genre qui fait de la sexualité un théâtre d’humiliation et de violences faites à des femmes qui passent pour consentantes ».

S’inscrivant dans le prolongement de l’engagement d’Emmanuel Macron, l’article 23 de la loi du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales, est venu compléter l’article 227-24 du Code pénal qui interdit la diffusion de messages pornographiques aux mineurs. Possibilité est ainsi donnée au CSA d’adresser une mise en demeure aux sites internet pornographiques ne garantissant pas suffisamment l’impossibilité d’accès par un mineur, et de saisir le président du tribunal judiciaire de Paris.

Malheureusement faute de décret d’application de la loi, l’instruction engagée par le CSA au printemps 2021 et ciblant plusieurs opérateurs de sites pornographiques, ne peut aller à son terme.

Sollicité le 22 juillet dernier par la sénatrice à l’origine de l’article 23, Marie Mercier, le secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles, Adrien Taquet a indiqué vouloir attendre le feu vert de la Commission européenne. Une directive de 1998 impose en effet aux Etats membres de notifier à la Commission leur projet de réglementation qui touche « à la société d’information ».

Depuis, la Commission a donné son feu vert mais le décret lui n’est toujours pas publié.

Dans ces conditions, l’action en justice dirigée contre les fournisseurs d’accès à internet est un moyen d’accélérer tout en contournant la difficulté de s’attaquer aux sites en eux même dont les propriétaires se cachent derrière des cascades de sociétés domiciliées dans plusieurs pays.

Le TGI de Paris devrait rendre sa décision le 8 octobre.

 

Voir tous nos articles sur la protection des mineurs concernant la pornographie.

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Santé mentale : le gouvernement lance un plan de prise en charge

Santé mentale : le gouvernement lance un plan de prise en charge

Santé mentale : le gouvernement lance un plan de prise en charge

 

L’épidémie de la Covid 19 ravive la question de la santé mentale en France et de sa prise en charge. En 2019, un rapport parlementaire s’était penché sur la question et avait tiré une sonnette d’alarme, jugeant que « la psychiatrie est en crise, les soignants au bord – voire pour certains déjà – en épuisement professionnel et les patients en grande souffrance ». La Cour des Comptes, à son tour, a publié un rapport en février 2021 sur les parcours dans l’organisation en psychiatrie. Elle notait « un manque de gradation de l’offre », avec entre autres l’engorgement des CMP (Centres médico psychologique) et le manque de suivi des personnes atteintes par une maladie psychique.

Ces centres sont définis par un arrêté de 1986 comme des “unités de coordination et d’accueil en milieu ouvert qui organisent des actions de prévention, de diagnostic, de soins ambulatoires et d’interventions à domicile mises à la disposition de la population ». Leur accès est gratuit et ils sont sectorisés pour assurer un accès sur tout le territoire français. Leur nombre est évalué autour de 2000. En 2018, plus de 2 millions de personnes y ont reçu des soins ambulatoires. L’engorgement des CMP est notable : les temps d’attente, en fonction des sources, sont estimés à plusieurs mois, voire 1 an pour certains Centres destinés aux enfants.

Pendant la crise sanitaire, Santé Publique France a régulièrement publié une enquête sur des indicateurs de santé mentale. La dernière synthèse indique que, si 80% des Français déclarent avoir une perception positive de leur vie, 15% montrent des signes d’un état dépressif, un niveau en hausse de 5 points par rapport au niveau hors épidémie.

Dans ce contexte, les Assises de la Santé Mentale se sont tenues les 27 et 28 septembre et ont été clôturées par Emmanuel Macron. Dans son discours, le Président de la République a présenté plusieurs nouvelles mesures, regroupées en trois grands axes.

Premier axe : « établir le maximum sur le tryptique considération/information/prévention ». Deuxième axe : « prendre des décisions claires en y mettant les moyens sur l’organisation de soins », et enfin troisième axe, la recherche.

Concrètement, plusieurs mesures ont été annoncées : la création de 800 postes dans les CMP,  l’ouverture, vendredi prochain, d’un numéro national de prévention du suicide (3114), et la prise en charge par l’Assurance maladie de consultations de psychologues libéraux. Cette mesure avait déjà été expérimentées dans plusieurs départements (Landes, Haute-Garonne, Bouches-du-Rhône et Morbihan). 200 000 séances avaient été remboursées et la Cour des Comptes en avait préconisé la généralisation. Le dispositif sera donc étendu en 2022 à tous les Français.

 

Voir tous nos articles sur la santé et la santé mentale.

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[CP] Soins palliatifs : un plan de développement tardif

[CP] Soins palliatifs : un plan de développement tardif

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Communiqué :
Soins palliatifs : Alliance VITA salue l’annonce tardive d’un plan de développement tout en appelant à la plus grande vigilance dans le débat sur la fin de vie.

Ce plan de développement des soins palliatifs, promis par le ministre de la Santé en avril dernier alors que les députés débattaient d’une proposition de loi en faveur de l’euthanasie, arrive tardivement. Il entend « garantir » l’accès aux soins palliatifs et à l’accompagnement de la fin de vie.

Pour Alliance VITA, on en est encore loin. Deux tiers des patients qui devraient bénéficier d’une prise en charge en soins palliatifs n’y ont pas accès faute de moyens et un quart des départements ne disposent d’aucune unité de soins palliatifs.

Les 171 millions d’euros (dont 5 millions priorisés vers le renforcement des équipes mobiles en 2021) mobilisés pour doter tous les départements de structures palliatives à l’horizon 2024 et pour ouvrir de nouveaux lits dédiés constituent un engagement notable. Cependant, le manque de soignants risque de contredire les intentions affichées. Le développement d’une filière universitaire de médecine palliative ne peut être attractif que si des postes sont créés et pourvus.

La volonté d’impliquer davantage les Français en leur permettant d’exercer leurs droits et d’être pleinement acteurs de leur fin de vie n’est pas contestable, par principe, sauf si s’opérait un glissement insidieux vers l’euthanasie légale.

Pour Tugdual Derville, porte-parole d’Alliance VITA : « Notre engagement en faveur des soins palliatifs et contre l’acharnement thérapeutique – c’est-à-dire les traitements inutiles ou disproportionnés – se concrétise dans notre service d’écoute SOS fin de vie et par la large diffusion d’un Guide des directives anticipées. Face à d’intenses pressions politiques qui tentent de légaliser l’euthanasie à l’approche des élections, Alliance VITA reste très mobilisée au sein du collectif Soulager mais pas tuer, pour que chacun soit respecté jusqu’à la fin de sa vie. Les drames vécus par trop de familles endeuillées par lapandémie ont confirmé l’importance de pouvoir accompagner ses proches dignement jusqu’au terme de leur vie. Nous restons, par ailleurs, très vigilants devant la facilitation de l’accès au Midazolam, annoncé par le Ministre, car des soignants nous ont alertés contre le risque d’euthanasies masquées, faute de formation adaptée sur l’usage de ce médicament sensible et par manque de collégialité. Pour humaniser la fin de vie, soignants et proches doivent agir ensemble :  chaque patient doit être considéré dans sa dignité inaliénable jusqu’au terme de sa vie. »

Contact presse
Claire-Anne Brulé
+ 33(0)6 67 77 14 80 – contactpresse@alliancevita.org