PJL Santé : amendement IVG finalement rejeté par le Sénat

PJL Santé : amendement IVG finalement rejeté par le Sénat

senat

 

Le mardi 11 juin, l’amendement adopté par le Sénat le 7 juin, visant à augmenter le délai légal pour pratiquer l’avortement de 12 à 14 semaines, a finalement été rejeté par le Sénat.

Cet amendement, déposé par la sénatrice Laurence Rossignol, avait été adopté le 7 juin, par surprise et sans aucun débat, et par un vote assis/debout de 12 sénateurs contre 10.

Cette seconde délibération est une possibilité donnée par le règlement. Elle a été demandée mardi par le président de la commission des affaires sociales, et rapporteur du texte, le sénateur LR Alain Milon, qui s’était opposé à l’allongement. Elle nécessitait l’accord du gouvernement. La ministre Agnès Buzyn a soutenu cette demande de seconde délibération. « J’estime en conscience et en responsabilité que les conditions d’adoption de l’extension du délai d’IVG n’étaient pas satisfaisantes (…) car le projet de loi est centré sur l’organisation du système de santé (…). Cette question ne peut pas être traitée dans ce texte. Le gouvernement est favorable à une seconde délibération ».

Pour Alain Milon, l’amendement n’a fait l’objet « d’aucune concertation préalable avec la communauté scientifique et médicale ». Il ajoute : « Ce n’est pas dans ces conditions et circonstances, à la fin d’un texte sur l’organisation du système de santé, que la question du délai de l’IVG est tranchée ».

Dans un hémicycle plein, le Sénat a cette fois rejeté cette mesure très controversée, par 205 voix pour, 102 contre et 41 abstentions.

PJL Santé : amendement au Sénat pour passer le délai de l’IVG à 14 semaines

PJL Santé : amendement au Sénat pour passer le délai de l’IVG à 14 semaines

senat

Le vendredi 7 juin, a été adopté par le Sénat un amendement présenté par la sénatrice Laurence Rossignol, augmentant le délai légal pour pratiquer l’avortement, de 12 à 14 semaines de grossesse, dans le cadre du projet de loi Santé.

C’est par surprise, dans un hémicycle très clairsemé, contre l’avis du gouvernement et du rapporteur Alain Milon, que cet amendement a été adopté après un vote assis-debout 12 voix pour, 10 contre.

Cette dernière a invoqué une revendication du planning familial avançant qu’il n’existe pas de « consensus scientifique sur la matérialisation de ce délai ».

La sénatrice a aussi défendu un amendement demandant la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG. Il a été quant à lui rejeté par scrutin public de 247 voix contre 92. (NB : le scrutin public permettant de voter pour les absents).

Une commission paritaire se réunira pour statuer sur le projet de loi dans son intégralité : elle devrait rejeter cette disposition.

Pour Alliance VITA

Il s’agit d’un coup d’éclat idéologique, bien loin de la réalité que vivent les femmes et les couples confrontés à des grossesses inattendues. Inciter toujours plus à l’avortement sans apporter de réelles alternatives à un acte qui met la vie en jeu n’est pas responsable. Au contraire, nous réitérons notre demande d’effectuer un rapport scientifique sur les situations qui conduisent les femmes à l’avortement et sur les conséquences de cette pratique pour favoriser une véritable politique de prévention de l’avortement.

Un sondage IFOP publié en 2016 avait révélé que 89% des Français jugeaient que l’avortement laissait des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes et 72% estimaient que la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG.

Directives anticipées

Directives anticipées

Le Guide des directives anticipées a été créé par Alliance VITA dans le cadre de son service d’écoute SOS fin de vie.

Il s’inscrit dans le cadre de la loi Claeys-Leonetti de février 2016.

Le Guide des Directives anticipées

Réfléchir à ce que je souhaite jusqu’aux derniers instants de ma vie, c’est un acte de lucidité et de courage. C’est aider mes proches et les médecins qui me soigneront, de façon anticipée, à prendre les meilleures décisions respectueuses de la déontologie médicales et de mes convictions personnelles exprimées. En ce sens, les directives anticipées sont utiles et doivent être encouragées.

banniere web 610x300 px 2 600x295 1

Belgique : “L’euthanasie, l’envers du décor” (Livre)

Belgique : “L’euthanasie, l’envers du décor” (Livre)

euthanasie

L’euthanasie, l’envers du décor”, ce nouvel ouvrage, portant sur la question de la fin de vie et les conséquences de l’euthanasie, vient d’être publié aux éditions Mols, Autres regards.

Préfacé par le philosophe Jacques RICOT et coordonné par le professeur Timothy DEVOS, médecin interniste-hématologue aux Hôpitaux universitaires de Louvain,ce livre recueille les témoignages de huit soignants belges, professeurs d’université, médecins, infirmiers et éthiciens reconnus, tous spécialisés en accompagnement palliatif.

Ils partagent leur vécu et leurs réflexions nées de leur confrontation aux demandes d’euthanasie et d’accompagnement en fin de vie dans un pays, la Belgique, où l’euthanasie, dépénalisée depuis 2002, est aujourd’hui souvent devenue un acte banal. Leurs récits s’adressent tant aux soignants qu’à toute personne qui s’interroge sur le sens de la mort et de la souffrance, ainsi que sur la réalité de la loi votée en 2002 qui suscite beaucoup de questions.

Etude AP-HP : Les directives anticipées en EHPAD

Etude AP-HP : Les directives anticipées en EHPAD

directivesanticipees

Le personnel des maisons de retraite a pour obligation, depuis 2016, d’informer les pensionnaires des directives anticipées. Cependant, une étude récente réalisée par le centre d’éthique clinique de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) démontre que cela demeure difficile.

Les auteurs de l’étude révèlent qu’ « ils s’approprient peu le sujet, soit parce qu’ils ne s’y intéressent pas davantage que la population générale, soit et surtout parce qu’ils n’en sont plus capables ».

Le dispositif « personnes de confiance » est privilégié pour aborder les questions de fin de vie auprès des patients en Ehpad. C’est ce qu’a révélé un sondage publié il y a quelques jours par le Centre national de fin de vie et soins palliatifs (CNVSP) lors duquel ont été questionnés des directeurs d’Ehpad. Les proches et la famille des pensionnaires se sentent plus concernés par ces questions ; l’information est parfois difficile à communiquer auprès des personnes très âgées.

Les conclusions de cette étude sont donc :

  • Les directives anticipées se concentrent sur l’obstination déraisonnable, ce qui n’est pas la problématique principale à laquelle sont confrontés les résidents. D’autant que l’obstination déraisonnable est interdite par la loi ;
  • Les discussions autour des directives anticipées permettent en revanche d’aborder d’autres questions importantes telles que la souffrance, la déchéance, la mort douce, etc. ;
  • Les proches sont indispensables pour mener à bien ces échanges car ils sont plus conscients des problèmes et plus présents dans la vie de leurs aînés.

 

Retrouver les directives anticipées diffusées par Alliance VITA et son service d’écoute SOSFindevie.

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité de Radio Notre Dame le 21 mai 2019

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité de Radio Notre Dame le 21 mai 2019

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était l’invité de Louis Daufresne sur Radio Notre Dame, le 21 mai 2019 pour revenir sur l’affaire Vincent Lambert.

Quelques verbatim extraits de l’émission :

J’étais au départ de la Marche blanche pour manifester ma solidarité avec cette famille, bien conscient que les souffrances sont des deux côtés, que l’amour est des deux côtés. Cette division est arrivée à partir du moment où Viviane Lambert a découvert, grâce à un de ses enfants, que son fils n’était plus alimenté depuis 21 jours. C’était en 2013.

Nous sommes tous, moi le premier, victimes de ce que j’appelle un syndrome de persévération : quand on commence à se tromper, et à plusieurs, avec des médecins, des magistrats… Cela demande beaucoup d’humilité de reconnaître qu’il n’est pas dans un lieu approprié aux patients EVC-EPR comme lui, soit en état pauci-relationnel avec des modes de relation indéfinissables, soit en état neuro-végétatif. Il y a en France, grâce à l’énergie de médecins et soignants très spécialisés, des petites unités dédiées à ces patients, 1700 à peu près, qui ont de graves séquelles de traumatismes crâniens, en général liés à des accidents.”

Ce matin, si la décision de justice annoncée hier soir par la Cour d’Appel de Paris a été exécutée, il est à nouveau réalimenté, on a cessé cette sédation – en espérant qu’il n’aura pas de séquelles supplémentaires. Cette décision oblige la France à respecter les traités internationaux en matière de droit des personnes handicapées ; le CIDPH de l’ONU a demandé à la France de maintenir les soins dus à Vincent Lambert, de manière conservatoire, ensuite il y aura une évaluation de son état.”

Ce qui a été très marquant ces derniers jours, c’est que de très nombreux soignants, médecins, notamment dédiés aux états dits EVC – EPR, ont dit à quel point ils étaient prêts à accueillir Vincent Lambert dans leurs établissements, et à quel point ils étaient aussi choqués de toutes les erreurs qu’on lit : qu’il est branché, qu’il y a des machines, qu’il est maintenu en vie… ce qui n’est pas le cas ! Il respire spontanément, il a déjà résisté à 31 jours d’arrêt d’alimentation, avec une hydratation minimale, ce qui dit quelque chose de sa vitalité.

Je rends hommage aux soins palliatifs, j’en ai bénéficié pour certains membres de ma famille, mais ce n’est pas le rôle des soins palliatifs que de mettre en situation de fin de vie des personnes qui ne le sont pas, ce serait retourner les soins palliatifs contre eux-mêmes.”

On peut se demander pourquoi un certain nombre de médecins, j’en connais, par exemple le Pr Xavier Ducrocq, neurologue qui a pu rencontrer Vincent Lambert et qui dit à quel point il faut respecter sa vie, ont été comme mis à l’écart.

D’un certain côté, il y a comme une unanimité à prendre soin des plus fragiles. Et d’un autre côté, il y a cette tendance parfois “naturelle” à les rejeter. Le fil est ténu, et si on bascule, comme on l’a fait en Belgique ou en Hollande, dans l’euthanasie, on s’aperçoit que des voix s’élèvent en disant “il vaut mieux dégager un peu tôt pour ne pas coûter trop cher”…

Ceux qui revendiquent en France l’euthanasie le font habituellement selon trois critères ; que la personne soit gravement malade, en fin de vie, et qu’elle l’ait demandé. Et Vincent Lambert ne répond à aucun de ces trois critères.”

C’est un signe d’alerte extrêmement important à relever : cette culture de l’euthanasie va très vite vers l’exclusion des plus fragiles. On passe du droit au devoir, et on finit par ne plus le demander. C’est vraiment le risque, c’est en cela qu’une levée de boucliers est nécessaire.

Les personnes se projettent dans l’état de Vincent Lambert ; personne n’a envie d’être comme lui dans un état pauci-relationnel ou neuro-végétatif. Et pourtant, il ne nous est pas demandé de nous projeter dans cet état, mais de le protéger dans cet état, c’est très différent !

Lorsqu’on voit une famille qui exprime tant d’affection et de volonté de continuer le chemin avec leur enfant tel qu’il est, avec ce très lourd handicap, comment lui imposer la mort de cet enfant ? Cela paraît vraiment inhumain.”

Le regard que nous portons sur les personnes fragiles dit beaucoup de la conception que nous avons d’une vie digne et d’une vie humaine. Il se joue là un choix politique absolument majeur. À Alliance VITA, nous éditons un guide des directives anticipées que nous avons énormément travaillé avec des praticiens… Mais nous ne voulons pas cautionner l’idée d’une sorte de protocolisation par avance de notre fin de vie. Nous ne savons pas la réaction que nous aurions dans telle ou telle situation. Nous insistons pour ne pas rompre la confiance soignants-soignés, continuer le dialogue, et réévaluer en fonction des situations.”

L’exemple suisse, belge ou hollandais -les rares pays qui ont légalisé l’euthanasie- nous montrent jusqu’à quelles dérives on aboutit… La France a effectivement résisté pour le moment, mais le risque serait ce que j’appelle le syndrome de la ligne Maginot : on dit non à l’euthanasie, mais on laisse pratiquer des formes d’euthanasie qui ne disent pas leur nom. Il faut être extrêmement précis sur la définition : “action ou omission ayant comme intention et comme conséquence de provoquer la mort pour éliminer toute souffrance”. Les critères sont l’intention et le résultat.

 

[CP] Elections européennes : Alliance VITA se mobilise pour les générations fragiles

[CP] Elections européennes : Alliance VITA se mobilise pour les générations fragiles

generations fragiles

À la veille du scrutin des européennes, Alliance VITA communique le bilan de sa campagne « Générations fragiles ».

Alors que le vieillissement de la population et le déclin démographique constituent des défis sociaux et humanitaires communs à tous les pays européens, les Français prennent conscience de l’urgence de favoriser les solidarités entre les générations. La campagne s’est déroulée en 3 étapes :

1/ Un sondage de lancement IFOP pour VITA révèle que les Allemands et, plus encore les Français (78%), considèrent que l’Europe est devenue trop économique et financière et pas assez humaine et sociale. 52% des Français considèrent que la peur de l’avenir est un frein à la natalité.

2/ Une diffusion par 1000 volontaires de 100.000 livrets argumentaires dans 120 villes a été très bien accueillie par le public, avec 10 constats, 10 propositions et une action personnelle pour rapprocher les générations fragiles.

3/ Une enquête de rue a été réalisée par les volontaires dans 120 villes en France.

Sur 3000 personnes ayant répondu aux enquêteurs :

  • 63% déplorent « l’individualisme ou l’égoïsme » comme raison principale de l’exclusion des générations fragiles
  • 41% jugent que les « fractures sociales » sont la plus grande faiblesse de l’Europe
  • 45% estiment prioritaire une « nouvelle solidarité entre les générations »
  • 44% appellent un « changement de regard » sur les plus fragiles et 31% un « mode de vie rapprochant les générations ».

Confortée dans sa demande d’un renouveau de la solidarité vis-à-vis des plus jeunes et des plus âgés, Alliance VITA demande aux élus comme aux citoyens de s’engager à renforcer les solidarités intergénérationnelles. Face à la montée de l’individualisme, il est impératif de redonner aux Français et aux Européens la confiance dans l’avenir et le goût de la vie.

Vincent Lambert : Caroline Roux, invitée de RCF le 22 mai 2019

Vincent Lambert : Caroline Roux, invitée de RCF le 22 mai 2019

Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA, dont SOS Fin de vie, était invitée à un débat sur l’affaire Vincent Lambert, face à Marie-Dominique Trébuchet, vice-présidente de la SFAP, théologienne et bénévole en Soins palliatifs et Loup Besmond de Senneville, journaliste.

Quelques verbatim extraits de l’émission :

Depuis 2013, premier arrêt d’alimentation, les parents ont pris conscience que Vincent n’était pas pris en charge de façon adaptée. Cela a été un basculement dans la confiance envers les soignants.

Les parents demandent son transfert dans une unité adaptée à sa situation EVC-EPR (état végétatif chronique et pauci-relationnel). Pourquoi ce blocage ? Pourquoi ce transfert ne se fait-il pas ? Ce serait une façon de dénouer le noeud du problème.

Il s’agit d’accompagner le mieux possible dans un projet de vie les patients lourdement handicapés. C’est une approche différente des soins palliatifs. Vincent Lambert n’est pas en fin de vie ; il n’est pas dans le coma, n’est pas bardé de tuyaux.

On est dans l’obstination déraisonnable quand les traitements ne sont pas au bénéfice du patient. La question est : qu’est-ce qui est dû à une personne lourdement handicapée ?

Le risque est de se projeter dans ces situations. Il faut regarder les situations particulières et les soins qui sont dus à ces personnes lourdement handicapées dans les états EVC-EPR, notamment Vincent Lambert.

Peut-on, pour quelqu’un qui n’est pas en fin de vie, arrêter les soins de base que sont l’hydratation et l’alimentation ?

Vincent Lambert ne peut pas s’exprimer, il n’est pas en fin de vie. La question est de savoir comment accompagner au mieux ces situations sans se projeter ? Quelle est la vie la mieux appropriée pour la personne ?

Dans notre service SOS Fin de vie, on a vu se dégrader au fil des années la confiance soignants/soignés. Nous accompagnons les personnes pour retrouver cette confiance. Un vrai dialogue est nécessaire.”

Ce qui protège dans notre loi, c’est l’interdit de tuer. Dans les décisions collégiales, cet interdit de tuer doit stimuler la créativité pour accompagner le mieux possible les personnes.”

Dans les soins palliatifs, on accompagne les personnes dans un projet de vie vers la mort. Vincent Lambert n’est pas en fin de vie. Il faut accompagner la famille pour accueillir ce qui est possible pour le prendre en charge le mieux possible.”

Pour s’en sortir par le haut et par le coeur, je plaide pour le transfert de Vincent dans une unité adaptée. Je rappelle que depuis 5 ans Vincent n’a plus de kiné, ne sort pas …alors qu’il pourrait être accueilli dans sa famille.

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité d’Europe 1 le 21 mai 2019

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité d’Europe 1 le 21 mai 2019

Tugdual Derville était, le 21 mai 2019, l’invité de Christophe Hondelatte, dans l’émission “Hondelatte raconte“, sur Europe 1, pour commenter le livre de Viviane Lambert “Pour la vie de mon fils“(Plon).

Quelques verbatim extraits de cette émission :

Il y a un mystère derrière nos existences, et spécifiquement derrière celle de ces personnes cérébrolésées. Vincent Lambert a basculé dans des états différents, pauci-relationnel avec une capacité d’expression mais sans qu’on puisse comprendre ce qu’il dit, ou neuro- végétatif où il ne peut pas s’exprimer, mais ça ne veut pas dire qu’il n’a pas une conscience d’exister, qu’il ne se passe pas des choses. Les médecins sont incapables de dire ce qu’il ressent, simplement il n’a pas la capacité de s’exprimer.

Certains prétendent qu’il n’a pas d’activité cérébrale, c’est archi-faux ! Le professeur Xavier Ducrocq, qui a examiné Vincent, dit qu’on ne peut pas prétendre qu’il n’a pas d’activité cérébrale.

La sortie de coma ressemble à un enfantement ; on retrouve des sensations de fusion, la personne est comme un tout petit enfant qui retrouve des sensations, un peu comme un petit bébé, avec des relations très particulières. Les parents, et en particulier les mères du fait de leur histoire personnelle et charnelle avec leur enfant, perçoivent des choses. On ne peut l’interdire à Madame Lambert.”

Ça a été montré, et il a fallu le prouver à un certain moment en montrant son visage ; Vincent n’a rien de l’image que les Français s’en faisaient, qui l’imaginaient bardé de tuyaux, avec des machines. Il n’y a pas de machines, il y a juste une gastrostomie. Il respire spontanément, il a un corps qui fonctionne.

“Ce qui s’est passé hier et qui a été interrompu ce matin, c’est au fond d’arrêter cette alimentation et cette hydratation, pour détraquer son corps, détraquer ses reins, pour aboutir à un arrêt cardiaque, voire à des lésions cérébrales si on le sédate de manière exagérée. Il n’était pas en fin de vie, il était lourdement dépendant, on l’a mis en fin de vie ; ce n’est quand-même pas ça le rôle des soins palliatifs ! Heureusement, aujourd’hui on a recommencé à alimenter et hydrater Vincent Lambert.

Aucun d’entre nous n’a envie d’être dans l’état de Vincent Lambert, mais pour avoir accompagné beaucoup de personnes lourdement handicapées, j’ai découvert avec stupeur – et avec joie ! – que bien des personnes porteuses de lourds handicaps ont trouvé des raisons de vivre dans les situations apparemment absurdes dans lesquelles elles vivent.”

Autrement dit, entre ce que je ressens aujourd’hui, en bonne santé, et ce que je ressentirais en mauvaise santé, il n’est pas certain que je sois capable de tout dire. Voilà pourquoi les directives anticipées, qui peuvent être écrites, méritent d’être révisées régulièrement dans une relation de confiance avec le soignant, avec ses proches, avec une personne de confiance, pour ne pas être pris au mot de choses qu’on aurait dites avant.

Bien des personnes en ont témoigné, par exemple Angèle Lieby (Une larme m’a sauvée) ; tout le monde pensait qu’elle ne ressentait rien, mais elle ressentait, elle entendait, et elle était heureuse qu’on ne prenne pas au mot des choses qu’elle aurait pu dire auparavant. Il y a une difficulté d’interprétation de choses qui n’ont pas été écrites, et de la situation actuelle.

Je suis favorable à ce qu’on respecte les personnes qui refusent un traitement ; mais il faut savoir quel type de traitement, et c’est très compliqué de le dire par avance. Par exemple, si j’ai une maladie évolutive qui aboutit à une forme d’étouffement, je peux refuser une trachéotomie dont je sais que j’aurai besoin, et par contre être sédaté pour ne pas souffrir. Mais c’est un rêve de penser qu’on peut protocoliser par avance toutes les possibilités qu’on aurait de mourir.”

La seule façon de se sortir par le haut de ce conflit familial, c’est de privilégier celui qui est le protecteur naturel de la personne porteuse de ce lourd handicap, de cette immense dépendance. Ce que Rachel a été de manière héroïque, pendant longtemps, puis elle s’est découragée comme beaucoup se découragent. Là il y a un relais qui a été apporté par les parents.

 

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité de Sud Radio le 21 mai 2019

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité de Sud Radio le 21 mai 2019

Tugdual Derville était sur Sud Radio, le 21 mai 2019, pour débattre de la situation de Vincent Lambert, dans l’émission Le Grand Matin, présentée par Patrick Roger et Cécile de Ménibus.

Quelques verbatim extraits de l’émission :

Il faut reconnaître que remplir ses directives anticipées est très difficile : nous avons fait un travail avec Alliance VITA, un fascicule qui est très pédagogique. Il y a des principes généraux : ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie ; pour qu’on prenne soin de nous dans le respect de ce que nous sommes.

Et puis il y a les directives spécifiques, quand on déclenche une maladie évolutive, dont on sait qu’elle va aboutir peut-être à un étouffement, par exemple avec la maladie de Charcot, on peut refuser une trachéotomie ; si on sait qu’il va y avoir besoin d’une pose de gastrostomie, on peut la refuser ou l’accepter… Cela dépend beaucoup des situations, nous insistons pour que ce soit toujours révisable, en lien avec le médecin, sans rompre la confiance soignants-soignés.

On ne sait pas dans quel état mental ou moral on va se retrouver si on est gravement malade, parce qu’on peut changer d’avis.”

Toute cette affaire, y compris la division triste de cette famille, est née quand un jour les parents ont découvert en 2013, alertés par un de leurs enfants, que depuis 21 jours on n’alimentait plus leur fils, qu’on ne l’hydratait que très partiellement. Ils ont obtenu auprès de la justice qu’on renouvelle cette alimentation, après 31 jours, afin qu’il ne meure pas. Ils ont été mis devant le fait accompli d’une décision médicale qu’on ne leur a pas dite.”

Quand les parents de Vincent Lambert ont fait appel aux Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU (CIDPH), c’est parce qu’ils estimaient que leur fils était gravement handicapé, comme quelques 1600 autres.”

Le grand scandale est qu’il soit maintenu depuis 5 ans dans un établissement où il n’a plus les soins dus à ce type de patients. Il n’a plus de kiné, plus de sortie à l’extérieur, plus de mise au fauteuil… Plusieurs médecins spécialisés EVC-EPR demandent qu’il soit transféré dans un établissement approprié à ces états (de nombreux en France sont prêts à l’accueillir, ils l’ont dit), ce pourrait être la sortie vers le haut.”

Aucun d’entre nous n’a envie d’être dans sa situation, mais le risque c’est de se projeter, alors que l’enjeu, pour moi, c’est de protéger. Si on se projette dans une situation qu’on ne connait pas, évidemment elle nous paraît totalement inhumaine ; mais si on privilégie la personne qui veut protéger la vie de celui qui est très dépendant, on s’en sort par le haut. Mais je conçois que ce soit très difficile à vivre des deux côtés.”

L’interdit de passer à l’acte, n’est pas ce qui nous permet, ainsi qu’aux plus fragiles de notre société, de vivre ensemble ? J’étais hier avec un homme en fauteuil roulant, qui témoignait en disant : “Quel regard pose-t-on sur moi, si on pose sur Vincent Lambert un regard qui le voit comme un mort-vivant ?” C’est le grand risque.”

Les personnes qui revendiquent l’euthanasie, ce qui n’est pas mon cas, le font en général pour des personnes gravement malades, en fin de vie, qui le demandent. Ce n’est pas le cas de Vincent Lambert, qui n’est pas gravement malade, mais gravement dépendant, qui n’est pas en fin de vie, sauf si on l’y met, et qui n’a pas demandé qu’on arrête son alimentation. Par conséquent une brèche risque de s’ouvrir, d’où les cris d’inquiétude des personnes gravement handicapées ou de leurs proches.”

Le problème est que Vincent Lambert manque de soins, de soins appropriés à son état, et ça c’est inquiétant. Ce qui va être discuté dans les jours à venir avec la CIDPH, c’est de savoir si on va assurer et garantir à Vincent Lambert les soins liés à son état de grand handicap.”