[CP] – Soins palliatifs, suicide assisté et euthanasie : la contradiction flagrante du CCNE

[CP] – Soins palliatifs, suicide assisté et euthanasie : la contradiction flagrante du CCNE

[CP] – Soins palliatifs, suicide assisté et euthanasie : la contradiction flagrante du CCNE

 

Alliance VITA dénonce la contradiction flagrante et inquiétante qui traverse l’avis du CCNE sur la fin de vie publié aujourd’hui. 

L’avis affirme avec raison la dignité de tous, et les auteurs disent vouloir concilier devoir de solidarité avec les personnes les plus fragiles et le respect de l’autonomie des personnes. Mais il se fourvoie en prétendant « qu’il existe une voie pour une application éthique de l’aide active à mourir » (terminologie utilisée pour articuler suicide assisté et euthanasie) en réponse à l’exigence de « la liberté de disposer de soi-même ».

Or c’est largement le manque d’accompagnement, de soins antidouleur et, plus généralement d’accès aux soins palliatifs qui explique le « mal mourir » qu’on continue de déplorer en France. La pression sociale, la peur de peser voire de coûter sont en effet des mobiles majeurs des rares demandes d’euthanasie.

Pour Tugdual Derville, porte-parole d’Alliance VITA :

« Par un tour de passe-passe, dont on peut interroger la motivation et les pressions, les rédacteurs de l’avis tentent de concilier l’inconciliable. Ils utilisent la promotion des soins palliatifs comme caution de leur aval donné au suicide assisté et à l’euthanasie, alors que les deux démarches restent antinomiques. Quelle que soit l’édulcoration du vocabulaire, cette légitimation de la levée de l’interdit de tuer ne relève à nos yeux, ni de l’éthique médicale, ni de l’éthique tout court. L’interdit de tuer est en effet le premier fondement de la confiance entre soignants et soignés comme de la vie en société ; personne ne devrait être exclu de la prévention du suicide.

Les risques inhérents à ce basculement sont d’ailleurs énumérés avec finesse par le CCNE. Comment ne pas voir qu’une conception sacralisée de l’autonomie de la personne conduit à une culture de rejet et d’auto-exclusion des plus fragiles ? »

Que huit membres du CCNE aient voulu exprimer publiquement leurs fermes réserves sur cet avis montre que nous sommes loin du consensus, même au CCNE.

Alliance VITA prendra dans les jours qui viennent les initiatives qui s’imposent pour préserver les Français de la violence et de l’arbitraire du suicide et de l’euthanasie, afin que, rejetant dos à dos acharnement thérapeutique et euthanasie, soit préservée la voie française, la seule digne de l’éthique et de la médecine : le développement des soins palliatifs, accessibles à tous et la lutte contre la mort sociale des personnes malades, dépendantes et isolées.

 

Contact presse 

Claire-Anne Brulé

+ 33(0)6 67 77 14 80

contactpresse@alliancevita.org

 

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Reprendre contact, un bienfait pour autrui que nous sous-estimons?

Reprendre contact, un bienfait pour autrui que nous sous-estimons?

Une étude, publiée par le “Journal of Personality and Social Psychology” suggère que beaucoup d’entre nous sous-estiment le bienfait associé avec le simple geste de prendre des nouvelles ou d’envoyer un bref message à nos amis et contacts. 

Le bénéfice d’un simple message de contact entre amis.

Partant du constat que l’humain est un être de relation qui apprécie les contacts avec les autres, les auteurs ont mené 13 expériences, sur des centaines de personnes, pour savoir si nous mesurions correctement l’impact de gestes simples de contact. Ces gestes s’entendent au sens large : un bref appel, ou un petit message postal ou numérique… Ces gestes simples sous-entendent un “je pense à toi/ je pense à vous” qui leur donnent une force avant l’expression verbale du message lui-même.

La conclusion principale de ces expériences, selon les auteurs, est que nous sous-estimons combien les autres apprécient ces signaux de contact.

Par exemple, dans une expérience conduite sur un campus universitaire, les auteurs ont interrogé des binômes d’étudiants dans lequel un des deux envoyait un message à l’autre, considéré comme un ami mais sans échange récent. Les chercheurs ont interrogé les participants sur leur degré de satisfaction concernant ce geste de “reprendre contact”. L’expérience conclut que les émetteurs du message sous-évaluent significativement le bénéfice ressenti par les récepteurs de leur geste.

 

L’effet de surprise amplifie l’appréciation d’un geste de contact.

Les auteurs avancent également une explication sur cette sous-estimation. Les auteurs s’appuient d’abord sur des études plus générales mettant en évidence la difficulté pour chacun à estimer les perspectives de l’autre. Ils citent ainsi une étude montrant que beaucoup minimisent le bienfait d’une discussion pourtant ressentie de façon positive par leur interlocuteur, en raison de biais comme le monologue intérieur négatif.

De plus, dans le contexte d’une relation amicale, ou du moins jugée positive par les deux personnes, les initiateurs auraient tendance à sous-estimer l’effet de surprise positif de celui qui reçoit leur message. Or la surprise amplifierait le plaisir ou le déplaisir d’un événement. Quand un geste de contact inattendu est envoyé par une personne dont le souvenir nous est positif, même sans être particulièrement proche, la satisfaction est plus importante pour celui qui le reçoit.

Les auteurs soulignent l’intérêt de leur recherche dans le contexte de la culture américaine dans lequel ils travaillent. En effet, des pans entiers de vie sont organisés davantage pour favoriser l’isolement des personnes plutôt que les contacts sociaux directs, avec une montée du sentiment de solitude ainsi que le montrent certaines études relativement anciennes (2006).

 

Ces expériences ont une portée pratique manifeste. Si le bienfait d’un petit geste de reprise de contact est ainsi mis en évidence, chacun peut y contribuer facilement, nourrissant les relations, et ultimement la richesse intangible mais réelle de la vie sociale. Durant l’été où les personnes âgées peuvent se retrouver plus isolées de leurs familles, un appel, une carte postale sont des gestes simples mais puissants pour leur redire notre affection et notre lien avec elles. Alliance Vita avait initié une opération « Toujours ensemble » à la sortie d’une période de confinement, l’esprit de cette opération reste d’actualité.

 

Sondage IFOP avortement dans la Constitution

Sondage IFOP avortement dans la Constitution

Sondage IFOP avortement dans la Constitution : des nuances derrière le consensus apparent

 

Un sondage commandité par la Fondation Jean Jaurès, à l’IFOP interroge “le rapport des Français à l’IVG et la question de l’inscription de l’avortement dans la constitution française”. Si les médias ont retenu quelques chiffres choc, le détail des résultats montre des nuances intéressantes.

Les médias ont essentiellement repris les lignes phares : 83% des Français jugent positivement l’autorisation de l’IVG dans la loi française et si une majorité, 56%, juge toujours impossible une remise en cause de l’IVG dans un avenir proche en France, 81% sont favorables à l’inscription de l’accès à l’avortement dans la Constitution.

 

Un acquis de la révolution sexuelle selon la synthèse de l’IFOP

 

Dans son analyse, François Kraus, Directeur du pôle “Politique/Actualité” de l’IFOP, rappelle que le contexte français est différent de celui des Etats Unis. Il note que l’opinion française reste “une des plus attachées à l’avortement dans son principe et dans le détail de ses conditions d’application”. Selon lui, l’adhésion massive (81%) des Français à inscrire l’accès à l’avortement dans la Constitution n’est pas seulement une réaction à l’actualité américaine, mais une tendance sociologique lourde.

Il voit le “libre choix” comme une des valeurs fortes des sociétés industrielles avancées “post-matérialistes” en citant comme référence l’analyse de Ronald Inglehart dans son livre “The Silent Revolution”, paru en 1977. François Kraus estime que les Français ont compris l’enjeu de l’avortement et de son accès : il s’agirait d’un droit qui “garantit à tous un des principaux acquis de la révolution sexuelle du XX° siècle, la dissociation entre sexualité et procréation”.

 

Les plus aisés et les plus âgés sensiblement plus favorables à la légalisation de l’IVG

 

Sur la question de l’adhésion au principe de l’autorisation de l’avortement dans la loi française, l’IFOP fournit une comparaison avec un même sondage CSA pour Marie-Claire de 1995.

Au total, et dans un contexte où l’avortement est fréquent en France (une grossesse sur 5 environ se termine par une interruption volontaire), et est légalisé depuis longtemps, l’adhésion à cette légalisation est élevée et progresse peu. Elle enregistre une hausse de 5% en 27 ans. Le pourcentage de ceux qui jugent cette légalisation “une très bonne chose” est passé de 48 à 64%, alors que ceux qui le voient comme “une assez bonne chose” est passé de 31 à 19%. Ceux qui la jugent une “très mauvaise chose” est stable à 6%.

En recoupant avec les votes à la dernière présidentielle, les “moins adhérents” sont électeurs de E Zemmour (75%) puis V Pécresse (79%) et les “plus adhérents” sont électeurs de Y Jadot (95%) puis E Macron (93%). Les électeurs de M Le Pen se situent à 88%, au-dessus de la moyenne nationale.

La répartition homme/femme est peu marquée : 81% et 85%. En revanche, se dessine une corrélation positive entre le niveau de revenu et le soutien à cette légalisation, tout en demeurant élevé dans toutes les catégories. Ainsi, les personnes des catégories aisées, définies comme celles bénéficiant d’un revenu net par personne au-dessus de 2500 euros mensuels, jugent positivement, à 93%, cette légalisation alors que les catégories modestes (entre 900 et 1300 euros de revenu mensuel net) et pauvres (revenu sous 900 euros) la jugent positives à 80 et 77% respectivement.

L’affiliation religieuse n’apporte pas de différence marquée entre les Français se déclarant “sans religion” (86% de jugement positif) et ceux qui se déclare catholiques (87%). Ceux qui se déclarent affiliés à une autre religion ont une opinion positive sur la légalisation à 76%.

Dans ce groupe, les personnes de religion musulmane ont un jugement positif (très bonne chose ou assez bonne chose) à 66%. L’IFOP croise également ces données avec une évaluation des pratiques religieuses. Ainsi, les personnes athées soutiennent la légalisation à 84%, les personnes croyantes mais pas religieuses à 88%, et les personnes croyantes et religieuses à 70%.

Les différences sont plus importantes par tranches d’âge. En effet, si les 65 ans ou plus jugent la légalisation positivement à 92%, les 35 à 49 ans sont 80% et les 18-24 ans 71%. Un écart notable si on prend en compte le fort appui médiatique pour l’avortement dans notre pays.

 

Les jeunes et les moins aisés plus restrictifs sur les conditions d’accès à l’avortement

 

L’IFOP a également demandé au panel des sondés de choisir entre plusieurs affirmations : “une femme doit avoir le droit d’avorter librement”, “une femme doit avoir le droit d’avorter seulement dans certaines circonstances”, “une femme ne doit pas avoir le droit d’avorter sauf si la grossesse met sa vie en danger”, “une femme ne doit en aucun cas avoir le droit d’avorter”. Ces affirmations recueillent respectivement 78, 13, 3 et 1%.

Dans le détail par catégories de revenu et par tranche d’âge, la répartition suit le même profil que pour la question précédente. Les plus aisés optent à 84% pour l’opinion “que la femme doit pouvoir avorter librement” contre 62% pour les plus pauvres. La tranche d’âge 65 ans et plus se retrouve aussi à 84% dans cette opinion quand les jeunes de 18 à 24 ans la soutiennent à 66%.

L’Institut de sondage met ce résultat en rapport avec un questionnaire auto-administré de l’IPSOS de juin 2020 rassemblant plusieurs pays. Dans cette enquête, l’opinion qu’une femme “doit avoir le droit d’avorter librement” plaçait la France dans les résultats les plus élevés, à 66%, très proche du Royaume Uni où l’avortement se pratique jusqu’à la 24° semaine. La Suède était au plus haut du classement à 76%, l’Espagne se situant à 58%, l’Allemagne à 49%, les Etats Unis à 35% et le Japon à 33%.

 

Une remise en cause jugée peu probable nuance le soutien à l’inscription de l’avortement dans la Constitution

 

Selon le sondage, 56% des Français, contre 31%, estiment qu’il est impossible que “le droit à l’IVG puisse être remis en cause dans un avenir proche en France”. Ce pourcentage était à 64% en 1995. Parmi ceux qui estiment possible une remise en cause à court terme, l’opinion varie très peu par tranche d’âge, et les catégories très aisées sont proches des plus pauvres : 36% contre 35%.

L’avant dernière question du sondage porte sur le projet “d’inscrire dans la Constitution française le droit des femmes à recourir à l’IVG”. Les “très favorables” représentent 48%, les “plutôt favorables” 33%, les “plutôt opposés” 12% et “très opposés” 7%. Sur cette question, les pourcentages en fonction des tranches d’âge et des catégories socio-professionnelles varient peu autour de la moyenne des Français. Les affiliations religieuses et le rapport à la religion montrent les mêmes différences que pour la première question.

La dernière question porte sur l’utilité de cette inscription. Si 77% la jugent utile, il est à noter que c’est une utilité dont la mesure est faite dans l’abstrait, sans comparaison avec d’autres propositions de lois, ou d’autres sujets. Ce résultat serait à comparer avec les priorités des Français mesurées pendant les campagnes électorales de cette année. Ainsi un sondage IPSOS donnait le tiercé “pouvoir d’achat”, “système de santé” et “environnement” en janvier 2022.

 

Au total, ce sondage de l’IFOP pose des questions d’ordre plutôt abstrait et juridique. Aucune question ne permet d’interroger les Français sur le choix entre l’avortement et d’autres options possibles, ni sur l’intérêt d’une politique de prévention. Cet effet de loupe produit des chiffres de soutien élevé.

Or pour aborder cette question sensible, il est nécessaire d’ouvrir un débat de fond sur la réalité des situations qui conduisent à l’IVG. Interrogés également par l’IFOP pour Alliance VITA en 2020, 92% des Français estimaient qu’un avortement laissait des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes et 73% que la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG.

 

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Hiver démographique ou surpopulation ? L’ONU publie ses nouvelles projections.

Hiver démographique ou surpopulation ? L’ONU publie ses nouvelles projections.

Dans un rapport publié début juillet, l’ONU met à jour ses projections démographiques pour le monde. Ce rapport est la vingt septième édition des estimations officielles et des projections publiées par l’ONU depuis 1951. Le rapport comporte trois grands volets :

  • Une description des tendances démographiques depuis 1950 et les projections les plus probables d’ici 2050,
  • Une évaluation des principaux facteurs de la démographie -fertilité, mortalité, immigration -,
  • Des projections démographiques sur 2100 associées à des probabilités.

Le cap des 8 milliards d’habitants sera atteint le 15 novembre 2022, et la croissance de la population ralentit.

Selon ce rapport, la population mondiale devrait atteindre 8 milliards le 15 novembre prochain. Selon les termes des auteurs , “les dernières projections suggèrent que la population mondiale pourrait croître à 8.5 Mds en 2030, 9.7 Mds en 2050 et 10.4 Mds en 2100”. En 2020, la croissance de la population est passée sous la barre de 1% pour la première fois depuis 1950.

Les deux grands facteurs expliquant les tendances démographiques – la fécondité et la mortalité – font l’objet de projections. Ainsi, l’espérance de vie à la naissance n’a cessé d’augmenter, passant à 72.9 ans en 2019, une hausse de presque 9 ans comparé à 1990. L’espérance de vie serait de 77.2 ans en moyenne en 2050. L’espérance de vie à la naissance reste plus élevée, quelles que soient les régions, pour les femmes. En moyenne, leur espérance dépasse celle des hommes de 5.4 années. L’indice de fécondité est estimé à 2.3 naissances par femme en 2021, une forte baisse comparée à son niveau de 5 en 1950. Il pourrait se situer à 2.1 en 2050. Les tendances démographiques actuelles expliquent la projection pour 2050. Selon le rapport, les politiques mises en œuvre dans certains pays pour réduire l’indice de fécondité impacteront davantage la seconde partie du 21° siècle.

 Les tendances démographiques différent fortement en fonction des régions.

L’Asie, au total, est la région la plus peuplée, avec 4.4 milliards d’habitants soit 55% de la population. La Chine et l’Inde sont bien sûr les deux pays les plus peuplés. La population de l’Inde devrait dépasser celle de la Chine dès 2023. La moitié au moins de la hausse attendue d’ici 2050 devrait se concentrer sur 8 pays : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Egypte, l’Ethiopie, l’Inde, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines et la Tanzanie. Le rapport indique que l’Europe et l’Amérique du Nord verraient leur population décliner à partir de la fin des années 2030. La population chinoise devrait entamer sa baisse dès 2023. Le revirement de la politique chinoise, avec un soutien annoncé pour un troisième enfant en mai 2021, ne suffira sans doute pas à enrayer le vieillissement enclenché par des années de politique coercitive imposant une faible natalité. Au total, 61 pays devraient être touchés par une baisse de leur population d’ici 2050, avec parfois des pourcentages élevés. Ainsi la Bulgarie, la Lituanie ou la Serbie, entre autres, verraient leur population décroître de plus de 20%.

L’hiver démographique, une réalité pour l’Occident.

Pour ces pays, l’expression crash ou hiver démographique semble confirmée par les projections de l’ONU. Ce terme implique qu’à la fin de la transiteion démographique, la fécondité ne se stabilise pas au niveau du taux de mortalité mais poursuit sa décroissance, ce qui accentue le vieillissement de la population puis sa diminution. Le rapport prévoit que les plus de 65 ans représenteront 16% de la population mondiale contre 10% aujourd’hui, et qu’en 2050, ce groupe de personnes sera deux fois plus nombreux que les enfants âgés de moins de 5 ans. Des personnalités diverses ont abordé le sujet de l’hiver démographique. Le Pape François s’est inquiété à plusieurs reprises de ce phénomène, et plus récemment, Elon Musk. Le multimilliardaire a twitté au printemps dernier que « l’effondrement du taux de natalité est de loin le plus grand danger auquel la civilisation est confrontée ». L’homme le plus riche de la planète estime “faire sa part” puisqu’il est père de neuf enfants, selon les dernières informations connues. Son ancienne compagne, la chanteuse Grimes, a fait appel à une mère porteuse pour leur deuxième enfant née en décembre dernier, quelques semaines après la naissance d’une paire de jumeaux qu’Elon Musk a eue avec une de ses employés, Shivon Zillis. Une approche de la paternité pour le moins fragmentée.

2100, des projections incertaines.

Le rapport fournit enfin des projections pour 2100, tout en soulignant l’incertitude inhérente à ce type de travail. En définitive, le rapport fournit un scénario central où la population mondiale se situe entre 8.9 et 12.4 milliards d’habitants. Le rapport cite les scénarios de l’IHME (Institute of Health Metrics and Evaluation) un Institut en partie financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, publié en 2020, qui voit un pic de population en 2064 à 9.7 milliards avec un déclin ensuite à 8.8 milliards (dans une plage de variation comprise entre 6.8 et 11.8 milliards). La différence de projections réside essentiellement dans l’estimation de l’indice de fécondité: 1.66 pour l’IHME et 1.84 pour l’ONU. Ce type d’exercice est notoirement délicat : en 1992, un rapport de l’ONU projetait une population de 10 milliards en 2050 (scénario central).

Ces écarts significatifs incitent à la prudence quant aux projections annoncées. Les autorités publiques des pays ont tout intérêt à se montrer circonspectes face aux appels du rapport à faire baisser la fécondité dans les régions à taux élevé. Une vision quantitative, aux accents malthusiens, transparait parfois dans le rapport quand il aborde les sujets de croissance ou de développement durable. Il est intéressant de noter que des voix différentes s’élèvent face à cette approche. Ainsi, dans une interview au JDD, le démographe Christophe Guilmoto estime que « le véritable danger ne se situe pas dans notre accroissement, mais dans nos modes de vie », car  « la particularité de l’empreinte carbone des pays pauvres qui ont la croissance démographique la plus importante, c’est qu’elle ne correspond pas à leur poids démographique, puisque ce sont eux qui polluent le moins ».

Et plus profondément encore, l’humaniste Jean Bodin le soulignait dès le XVI° siècle : il n’est de richesse que d’hommes.

[CP] – L’accès à l’avortement favorise-t-il la prospérité économique ?

[CP] – L’accès à l’avortement favorise-t-il la prospérité économique ?

La remise en question par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade sur l’avortement a suscité un débat enflammé aux Etats-Unis et au-delà. Des voix dont celle de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, ont agité les risques que feraient peser les restrictions à l’avortement sur l’économie. A l’appui de ces alertes relayées dans de nombreux médias, des études établissent un lien entre l’accès à l’avortement et la prospérité économique. Dans une note d’analyse, Alliance VITA s’est penchée sur ces études afin de vérifier la réalité de ce lien et des conclusions qui en sont tirées.

Existe-il un lien de causalité entre l’accès à l’avortement et le bien-être économique des femmes et des enfants à long terme ?

Les déclarations de Janet Yellen s’appuient principalement sur un mémoire rédigé par 154 économistes en septembre 2021 et remis à la Cour suprême américaine lors du débat sur la constitutionnalité de la loi du Mississipi. Ce mémoire entend démontrer que l’accès à l’avortement (isolé des autres facteurs) “est lié de manière causale aux progrès des femmes dans la vie sociale et économique”. Or si la méthodologie de l’inférence causale utilisée pour évaluer l’incidence de la légalisation de l’avortement sur le développement économique des femmes démontre un impact de l’avortement sur la démographie, elle ne permet pas d’établir un lien direct avec l’économie sauf à considérer qu’une faible natalité est source de bien-être économique.

Par ailleurs, concernant l’effet de la légalisation de l’avortement sur la réussite scolaire et sur les salaires des femmes, un article datant de 1996 sur des données des années 1960 utilisé par les économistes, montre que la légalisation de l’avortement a un impact significatif pour les adolescentes noires sur leur niveau d’éducation et leur taux d’emploi mais pas sur leurs salaires et aucun impact pour les adolescentes blanches.  En revanche, cet article trouve un lien inexpliqué et significatif entre les salaires des hommes blancs qui augmentent et la légalisation de l’avortement.

Plus généralement, de nombreuses publications mettent en avant le « désavantage économique » résultant du fait d’avoir un enfant sur les revenus, sur la participation au marché du travail et sur la carrière des femmes.

Or l’absence de politique fédérale de soutien aux mères est un point crucial, qui ne ressort pas de l’approche de la secrétaire au Trésor. Pourtant, la mise en œuvre d’une politique familiale et sociale pourrait éviter l’avortement à des femmes plus pauvres en amortissant les coûts économiques de la maternité, comme le souligne d’ailleurs le rapport Myers.

Existe-il un lien de causalité entre l’accès à l’avortement et le bien-être économique des enfants à long terme ?

Quant à l’affirmation selon laquelle le bien-être des enfants serait meilleur quand ils sont nés dans un Etat où l’avortement n’est pas limité,il s’avère, selon une étude du National Bureau of Economic Research (NBER),  qu’aucun lien de causalité ne peut être établi entre la jurisprudence Roe vs Wade et les indicateurs socio-économiques utilisés : taux de pauvreté, d’utilisation de l’aide sociale, de décrochage scolaire… Le développement économique des générations futures semble davantage dépendre du différentiel de richesse entre les États plutôt que du différentiel de législation relative à l’IVG.

Peut-on établir un impact économique à court terme du refus de l’avortement ?

Les études qui ont examiné l’impact économique à court terme du refus de l’avortement lors du second trimestre de grossesse (dont les renommées Turnaway Studies), montrent en réalité que les femmes dont l’avortement a été refusé (plus jeunes, moins employables et ayant moins d’enfants en moyenne) subissent des coûts financiers importants liés à l’arrivée d’un nourrisson (aux Etats-Unis, les coûts moyens liés à la petite enfance s’élèvent à 11 000 dollars annuels par enfant). Néanmoins il apparaît que ces coûts ne sont pas durables. Cette constatation valable pour toutes les femmes prenant soin de leur enfant entre 0 et 3 ans, est particulièrement accrue par le fait que la population concernée par les avortements très tardifs est particulièrement vulnérable financièrement par rapport à la population générale.

Peut-on généraliser l’effet des mesures relatives à l’avortement pour certaines catégories à l’ensemble des femmes qui avortent ?

Les études économiques présentées dans la note se focalisent sur des populations de femmes spécifiques et particulièrement vulnérables telles que les adolescentes, les femmes demandant des avortements au second trimestre, les femmes dans des situations de grande précarité ou les femmes noires. Or ces catégories de femmes ne représentent pas la totalité des avortements aux Etats-Unis. Le portrait type de la femme qui avorte aux Etats-Unis est assez loin des profils mis en avant pour analyser les conséquences économiques.

Pour le porte-parole d’Alliance VITA, Tugdual Derville : « Les conclusions générales tirées à partir des études invoquées pour présenter le bénéfice économique de l’avortement légal sont biaisées par des méthodes contestables : des échantillons anciens, peu nombreux, parcellaire et non-homogènes, et une occultation des éléments qui viendraient ruiner la thèse défendue. Transparait une idéologie utilitariste et libérale voire eugéniste, plus répandue aux Etats-Unis, qui, au mieux ignore, au pire rejette les politiques sociales de soutien à la maternité et à la famille comme susceptibles de provoquer un surcroit de natalité chez des populations défavorisées, qu’il faut encourager à ne pas trop procréer. »

La note d’analyse est disponible dans son intégralité ici.