[CP] PMA sans père : Alliance VITA déjà mobilisée

[CP] PMA sans père : Alliance VITA déjà mobilisée

matignon

Alliance VITA prend acte de la réponse du gouvernement à l’avis, non consensuel, du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui se dit favorable, sous certaines conditions, à la PMA sans père. Lors d’un point presse ce mercredi, le porte-parole du gouvernement a annoncé vouloir « traduire d’un point de vue législatif l’avis du CCNE » et « trouver le meilleur véhicule législatif ».

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA :

« Nous prenons acte de la volonté affichée par le gouvernement de « chercher le plus large consensus ». Cette intention entre en contradiction avec l’intention de légiférer, d’autant qu’avant toute procédure législative, le CCNE, très divisé sur ce sujet, demande lui-même l’ouverture d’un plus large débat incluant la société civile. Le gouvernement ne peut ignorer l’immense risque d’ouvrir une nouvelle bataille sociétale qui diviserait en profondeur les Français. La résistance à la PMA sans père  au nom du « droit de l’enfant » contre le « droit à l’enfant » nous mobilise fortement, ainsi que de nombreux autres mouvements de toutes les sensibilités politiques et philosophiques. Il s’agit de prévenir ensemble ce basculement décisif vers le grand marché globalisé de la procréation. L’ultra-libéralisme ignore le droit des plus faibles, car il conçoit l’être humain comme un produit qu’on peut acquérir. Nous sommes tous prêts à descendre dans la rue sur la base d’un collectif le plus large possible. C’est l’honneur de la France, pays des droits universels de l’Homme, que de résister à la marchandisation du corps. »

Avis CCNE PMA : Caroline Roux sur KTO


Caroline Roux, déléguée générale adjointe et coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA, était l’invitée de l’émission À la Source, le 27 juin 2017. Elle réagit à l’avis du CCNE sur 3 questions sociétales : la PMA ouverte à toutes les femmes, la GPA et l’autoconservation des ovocytes.


Voir le reportage à 1:30mn et l’interview de Caroline Roux à 20:30mn.

[CP] CCNE et PMA : un avis alambiqué non consensuel

[CP] CCNE et PMA : un avis alambiqué non consensuel


pmasanspere

En admettant que l’on puisse priver délibérément un enfant de père, le CCNE remet gravement en cause les droits de l’enfant et les principes fondateurs de la bioéthique française.

Pour Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA :

« Nous sommes souvent confrontés à des femmes qui, pour des raisons accidentelles et douloureuses, élèvent seules un enfant. Toute notre société se mobilise pour leur apporter des aides spécifiques : l’absence de père demeure une difficulté à surmonter qu’il faut savoir reconnaître et accompagner. Comment le CCNE peut-il à ce point être déconnecté de cette réalité ? La PMA sans père inflige une double peine aux enfants : à la maltraitance originelle de se voir privés délibérément de leurs origines biologiques, s’ajoute celle d’être coupés de toute relation paternelle. Sans compter qu’ouvrir le recours à la PMA sans raison médicale, c’est ouvrir la porte à toutes les revendications sociétales et individuelles de « droit à l’enfant », y compris de la GPA que le CCNE refuse aux hommes. »

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA :

« La position, par ailleurs non-consensuelle, présentée de façon alambiquée par le CCNE introduit une rupture d’égalité entre des enfants délibérément privés de père par un système de PMA, et les autres… Il est absurde d’avancer la souffrance des femmes, comme le fait le CCNE, pour légitimer une douloureuse discrimination subie par l’enfant. Pourquoi bafouer le droit de l’enfant ? Au nom de quoi des femmes pourraient-elles avoir un droit à « l’enfant sans père » ? Au gouvernement de ne pas céder à ce type de PMA qui constitue une porte ouverte à la GPA. Ni les enfants, ni les femmes ne sont des objets qu’on peut acquérir.

L’attitude du président de la République sur ce sujet constitue désormais pour nous un double test. Sur le plan politique, Emmanuel Macron entend-il ouvrir un nouvel affrontement sociétal majeur sur une revendication ultra-minoritaire, alors qu’il y a tant de priorités sur lesquelles il est attendu par les Français ? Sur le plan éthique, va-t-il cautionner la conception artificielle d’enfants délibérément privés de père, alors que tant d’enfants souffrent déjà du manque de ce repère structurant ?

Pour notre part, nous sommes prêts à nous mobiliser, y compris à redescendre dans la rue avec des Français de toutes les sensibilités politiques et philosophiques, sur la base d’un collectif le plus large possible, car la défense du droit de l’enfant, contre l’idée d’un « droit à l’enfant », est un impératif d’écologie humaine qui transcende tous les clivages. La protection du plus fragile contre la loi du plus fort, c’est ce qui légitime l’Etat, et c’est un impératif démocratique. La démocratie se dénature lorsqu’elle s’autorise à transgresser les droits universels de la personne : ici le droit pour tout enfant de se voir reconnue une filiation biologique paternelle et maternelle. »

Séminaire international : « Prévenir l’avortement en Europe »

Séminaire international : « Prévenir l’avortement en Europe »

colloque_ivg_bruxelles

Le 22 juin 2017, Alliance VITA a participé à un séminaire international sur le thème « Prévenir l’avortement en Europe, cadre juridique et politiques sociales » organisé par le European Centre for law and justice (ECLJ) à Bruxelles.

Chaque année, 4 millions d’Européennes recourent à l’avortement avec une disparité suivant les pays. Certains comme la Suède, la Grande-Bretagne ou la France ont un taux d’avortement élevé tandis que des pays comme l’Italie ou l’Allemagne ont vu une chute du nombre d’avortements ces dernières années. L’objectif de ce séminaire était d’identifier les éléments juridiques, sociologiques et sanitaires qui contribuent à développer une politique de prévention efficace, particulièrement auprès des jeunes. Environ une quinzaine d’experts, de juristes, d’avocats, de professeurs et d’acteurs de terrain sont intervenus. L’après-midi a été plus spécialement consacrée à l’analyse des facteurs de risques et des conséquences sociales et humaines de l’IVG et au partage des expériences de prévention dans plusieurs pays européens.

Caroline Roux, directrice de VITA International & coordinatrice des services d’aide et d’écoute d’Alliance VITA, est intervenue sur la situation de la prévention en France.

Cliquer ici pour prendre connaissance de l’intégralité de son intervention « Une prévention de l’avortement est-elle possible en France ? »

 

Rapport ministériel : l’impact d’une évolution vers un « droit à l’enfant » 

Rapport ministériel : l’impact d’une évolution vers un « droit à l’enfant » 

La Mission de recherche Droit et Justice du ministère de la Justice a publié un rapport qui étudie l’émergence de situations de « droit à l’enfant » et leurs conséquences sur la filiation en France et dans le monde : l’étude met en lumière les incohérences juridiques qui s’annoncent et la remise en cause des droits de l’enfant.

Dans cette étude conduite entre 2015 et 2017, l’expression « droit à l’enfant » recouvre les cas où « l’offre d’enfant » répond à une « demande » qui ne vient pas pallier une stérilité médicalement constatée. Cela concerne l’utilisation de l’assistance médicale à la procréation par des personnes célibataires, en couple de même sexe, ou encore trop âgées pour procréer, les cas de gestation pour le compte d’autrui, également le cas spécifique de personnes revendiquant un changement de sexe à l’état civil.

« La question d’un « droit à l’enfant » est largement débattue en doctrine depuis la fin des années 1980. Dès 1987, un ouvrage intitule ainsi l’un de ses chapitres : « Du désir d’enfant au droit à l’enfant », mettant en évidence : « L’impossible consécration d’un droit à l’enfant ». A l’heure actuelle, la donne a changé. La revendication n’est plus l’aide à la procréation mais l’obtention d’un enfant « fabriqué » avec une partie (plus rarement la totalité) du patrimoine génétique des « procréateurs ». La législation relative à la bioéthique a introduit en droit français un système juridique permettant d’encadrer les nouvelles techniques destinées à pallier des stérilités médicalement constatées, sans permettre pour autant la consécration d’un « droit à l’enfant ».

Pendant près de 2 ans, les chercheurs de la mission Droit et Justice du Ministère de la Justice ont enquêté pour analyser les différents impacts qu’entraînerait la reconnaissance d’un « droit à l’enfant ». Les situations actuelles de fait accompli découlent de débordements et dérives liés à la disparité des encadrements législatifs internationaux.

Un véritable « tourisme procréatif » s’est développé de manière à contourner la législation française. Les auteurs relèvent que se cache une revendication d’un « droit de l’adulte à devenir parent ». Cette revendication politique ne devrait être « adoubée au rang de droit que si elle permettrait une protection contre un mal, sans en créer un plus grand encore. »  Or l’évolution législative mettant en avant le « droit à l’enfant » n’est pas sans conséquence sur le statut de ce dernier, ces nouvelles pratiques pouvant priver l’enfant de ses droits  tels qu’énoncés par la Convention des Nations Unies.

Le rapport révèle des détails particulièrement choquants sur les conventions de gestation pour le compte d’autrui aux Etats-Unis ou en Inde. Les « mères porteuses » ne touchent que 10% des sommes versées par les demandeuses ou « mères d’intention ». Aux Etats-Unis, les contrats comportent des clauses permettant « aux commanditaires de définir le mode de vie de la femme enceinte », telles que « ne pas mettre de vernis à ongle, (…) ne pas faire de sport (…) ne pas assister à des funérailles »  pouvant aller jusqu’à encadrer la vie sexuelle de la jeune femme, comme le rapporte un article publié sur ce rapport dans le Figaro. Les femmes font alors l’objet de surveillance pour que l’on vérifie le bon respect de ces clauses. En Inde, les femmes sont le plus souvent « tenues enfermées dans des cliniques spécialisées et soumises à un régime et un emploi du temps strict ». De nombreuses clauses de la convention ont pour principal objectif d’éviter que la mère s’attache à l’enfant, et qu’une « livraison pure et simple à la naissance, sans aucun contact avec la mère porteuse » puisse être effectuée.

Ce riche rapport de 500 pages est une pierre importante dans la réflexion juridique sur l’intérêt supérieur de l’enfant  : il met en lumière les impacts qu’une interprétation juridique d’un «  droit à l’enfant » aurait sur l’enfant, les familles et la société.

___________________

Pour lire une synthèse du rapport, voir ici.