GPA : un juge demande de reconnaître les actes de naissance de deux enfants nés d’une mère porteuse en Californie

GPA : un juge demande de reconnaître les actes de naissance de deux enfants nés d’une mère porteuse en Californie

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D’après un article d’Europe1 publié le 11 décembre 2015, le juge des référés du tribunal de grande instance de Nantes a demandé à l’Etat de transcrire les actes de naissance de deux enfants nés d’une mère porteuse dans le cadre d’une GPA en Californie, sur les registres d’état-civil du ministère des Affaires étrangères.

Le juge s’est appuyé sur « l’arrêt Mennesson et Labassée » de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) du 26 juin 2014. Cet arrêt sanctionne la France pour avoir « porté atteinte au droit au respect à la vie privée » en refusant de transcrire le lien de filiation avec le père biologique sur l’état civil français des enfants nés à l’étranger d’une mère porteuse. Alors qu’elle avait la possibilité de faire appel, la France n’avait pas contesté cette décision, bien que cette pratique soit interdite sur son territoire. Toutefois, la CEDH ne s’était aucunement prononcée sur le choix des autorités françaises d’interdire la gestation pour autrui.

Les actes de naissance californiens mentionnent la mère d’intention comme mère ayant accouché, ce qui ne correspond pas à la réalité, les enfants étant nés d’une autre femme, la mère porteuse. Le juge des référés, dans son ordonnance rendue le 3 octobre dernier, a  considéré pourtant  que « les faits qui y sont déclarés sont conformes à une décision de justice rendue légalement en Californie, et donnant force exécutoire à un contrat de mère porteuse qui attribue la paternité juridique au père commanditaire et la maternité juridique à son épouse. » Le juge des référés a par ailleurs condamné l’Etat à verser 3.500 euros à ce couple, qui pourtant a enfreint la loi, pour ses frais de justice.

Transcrire ces actes de naissance est un grave glissement de notre Droit. Avant le revirement de jurisprudence  de la Cour de cassation dans ses arrêts du 3 juillet dernier, tous les tribunaux condamnaient la pratique de la GPA, parce que contraire aux principes d’indisponibilité du corps humain et de l’état des personnes. Les tribunaux refusaient la transcription de ces actes sur les registres français d’état civil, et donc la reconnaissance officielle de la filiation. Il est en effet contraire au principe de l’indisponibilité de l’état des personnes, principe essentiel du droit français, de faire produire effet à une convention portant sur la gestation pour le compte d’autrui, nulle d’une nullité d’ordre public aux termes des articles 16-7 et 16-9 du Code civil.

Transcrire sur l’état-civil la mère commanditaire a pour conséquence de désigner en droit français comme mère une femme qui n’a pas mis l’enfant au monde. Or, le seul moyen d’attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas porté est l’adoption judiciairement prononcée et, précisément, une telle adoption n’est pas envisageable dans le cas de la GPA car elle constituerait un détournement d’institution.

La gestation pour autrui induit des conséquences juridiques, anthropologiques et médicales qui remettent en question des principes juridiques fondamentaux. Cette pratique institue la programmation d’un enfant qui sera séparé – par contrat – de celle qui l’aura porté et enfanté, ce qui ne respecte pas le droit de l’enfant. Une maternité éclatée entre deux, voire trois femmes (génitrice, gestatrice et éducatrice), constitue une grave injustice pour lui. C’est également une injustice pour les femmes porteuses dont le travail s’apparente à une forme d’esclavage, incompatible avec leur dignité. Ceux qui ont eu recours à cette technique à l’étranger ont une grave responsabilité : sans nier la légitimité des enfants concernés à avoir un état civil et une filiation, effacer leur histoire chahutée ne les respecte pas dans leur identité profonde. Faire reposer cette identité sur un mensonge d’adultes n’est pas conforme au véritable intérêt de l’enfant et sera porteur, si l’Etat cautionne cette fiction, d’inévitables contestations futures.

Rappelons, comme le mentionne un rapport du Sénat, que « l’interdiction d’établir la filiation d’un enfant né en violation de la législation française demeure sans doute la sanction la plus dissuasive à l’égard de celles et ceux qu’un désir irrépressible d’enfant conduit parfois à l’aveuglement ».[i]

Le parquet a fait appel de cette décision.

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[i] Rapport d´information sur la maternité pour autrui n° 421 du Sénat (25 juin 2008)

Condamnation de la GPA par le Parlement européen

Condamnation de la GPA par le Parlement européen

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Le Parlement européen a adopté le 17 décembre 2015 une proposition de résolution dans le cadre du vote du rapport annuel sur les droits de l’homme et la démocratie dans le monde et sur la politique de l’Union européenne incluant une condamnation de la pratique de la gestation par autrui (GPA).

Parmi les mesures qui était présentées par le rapporteur, le député européen roumain  Cristian Dan Preda (PPE), le point 114  « condamne la pratique de la gestation pour autrui qui va à l’encontre de la dignité humaine de la femme, dont le corps et les fonctions reproductives sont utilisés comme des marchandises; estime que cette pratique, par laquelle les fonctions reproductives et le corps des femmes, notamment des femmes vulnérables dans les pays en développement, sont exploités à des fins financières ou pour d’autres gains, doit être interdite et qu’elle doit être examinée en priorité dans le cadre des instruments de défense des droits de l’homme ».

Cette condamnation de toute forme de recours à des « mères porteuses »  adoptée par une large majorité intervient alors que plusieurs instances internationales se sont également saisies de cette question dont le Conseil de l’Europe et la Conférence de la Haye de droit international privé.

Cette position va dans le sens de la demande de citoyens européens rassemblés au sein de No Maternity Traffic, dont Alliance VITA est membre, appelant à l’interdiction universelle de gestation par autrui. www.nomaternitytraffic.eu

[CP] La Loi Santé définitivement votée ce jour remet gravement en question l’éthique médicale

[CP] La Loi Santé définitivement votée ce jour remet gravement en question l’éthique médicale

loisanteAlliance VITA dénonce le vote de mesures, ajoutées par amendement en catimini et sans véritable débat de société, qui font dériver l’éthique médicale de la France.

Parmi ces mesures, Alliance VITA s’alarme particulièrement :

·      de la suppression du délai de réflexion de sept jours pour avoir recours à l’IVG. Cette décision ne respecte ni les femmes, ni les médecins, alors qu’il s’agit d’actes définitifs mettant en jeu des vies humaines. Alliance VITA rappelle au contraire l’urgence d’une véritable politique de prévention de l’avortement.

·       du recours aux prélèvements d’organes post-mortem se basant uniquement sur le principe de « consentement présumé », sans rechercher l’accord préalable des proches. Alliance VITA regrette une conception utilitariste de la médecine : pour obtenir davantage de greffons, on ne tiendra désormais plus compte de l’avis des proches ; c’est un déni d’humanité.

·      de l’autorisation de recherches biomédicales sur les gamètes et les embryons, dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation, pour des recherches biomédicales dont le périmètre est flou et qui peuvent être réalisées également à des fins de gestation. Alors que de telles mesures relèvent de la loi bioéthique et requièrent la plus extrême prudence, puisqu’il s’agit de la vie d’embryons humains, le gouvernement a obtenu des parlementaires qu’ils fassent encore dériver le cadre légal de ce type de recherches. Cette initiative contredit d’ailleurs les principes avancés pour autoriser la recherche sur l’embryon en 2013, notamment que toutes les recherches sur l’embryon se fassent sous le contrôle de l’Agence de la Biomédecine.

Par ailleurs, Alliance VITA exprime une nouvelle fois son inquiétude sur les conséquences d’autres mesures visant à banaliser toujours plus l’accès à l’IVG, notamment celle concernant les sages-femmes et celle qui aboutirait à fixer des quotas d’IVG à réaliser par établissement. Elle prend acte par contre avec satisfaction d’une décision de sagesse des parlementaires, qui ont refusé que les soins de thanatopraxie soient interdits au domicile des personnes décédées.

GPA – No Maternity Traffic : Caroline Roux sur KTO

GPA – No Maternity Traffic : Caroline Roux sur KTO

Caroline Roux, Directrice de VITA International et également porte-parole du collectif No Maternity Traffic, revient sur la mobilisation du collectif qui a eu lieu devant la CEDH le 9 décembre 2015 à Strasbourg. Le collectif a organisé une manifestation silencieuse le matin de l‘audience à la Grande Chambre de la CEDH d’une affaire de gestation pour autrui, afin de montrer la préoccupation citoyenne autour du sujet de la GPA.

 Extrait de l’intervention de Caroline Roux :

« Notre mobilisation a eu lieu à la veille du 10 décembre, journée internationale des droits de l’homme : nous dénonçons avec force que cette instance, qui devrait en être garante, a gravement failli et nous espérons qu’elle révisera son jugement en appel. »

Le chômage retarde l’arrivée du premier enfant en France

Le chômage retarde l’arrivée du premier enfant en France

L’Institut national d’études démographiques (Ined) a publié ce 10 décembre 2015 une étude dans sa rubrique « Population et Sociétés » intitulée « Le chômage retarde l’arrivée du premier enfant en France ». Cette publication fait suite à l’enquête Érfi réalisée par l’Ined et l’Insee en France métropolitaine pour laquelle 10 079 hommes et femmes âgés de 18 à 79 ans ont été interrogés fin 2005, puis trois et six ans plus tard (fin 2008 et fin 2011).

Les auteurs rapportent que les hommes et les femmes ont moins l’intention d’avoir un premier enfant dans un avenir proche lorsqu’ils sont au chômage. En outre pour ceux qui souhaitent devenir parents, ce projet est retardé lorsqu’ils connaissent un épisode de chômage. Ce retard s’explique par  un report de la mise en couple pour les hommes, et par l’attente d’une situation professionnelle stable pour les femmes. En revanche, le chômage n’affecte pas la réalisation des projets d’enfant pour ceux qui sont déjà parents.

L’étude conclut que le contexte actuel de crise questionne les effets de long terme du chômage sur la fécondité. Les travaux menés sur des périodes antérieures montrent que le déclin de la fécondité observé en période de hausse du chômage est temporaire et souvent suivi d’une reprise des naissances au retour de la prospérité.  Dans un contexte de forte prégnance du modèle de la famille à deux enfants et d’une politique sociale qui amortit les risques, les auteurs estiment que l’effet du chômage sur la descendance finale reste limité.