Euthanasie : La bataille des mots

Euthanasie : La bataille des mots

Dans le contexte de l’emballement des affaires Bonnemaison et Lambert, comment faut-il interpréter la nomination de l’UMP Jean Leonetti par le gouvernement pour piloter la révision de sa propre loi ?

Propos recueillis par Frédéric Aimard.

Comment s’explique une telle conjonction d’événements, avec deux affaires et une nouvelle mission parlementaire ?

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita : En ce qui concerne les deux affaires — qui sont très différentes — c’est un télescopage de calendrier qui n’était pas prévisible. VITA avait décidé de manifester mardi 24 juin en marge de l’affaire Bonnemaison, pour prendre la défense des personnes âgées fragiles en fin de vie. Sans savoir que ce serait le jour de l’arrêt Lambert, du Conseil d’État, qui concerne un homme lourdement handicapé qui n’est pas en fin de vie. Mais les deux décisions s’inscrivent dans un contexte commun, et confinent à l’absurde. Notre plus haute juridiction administrative a décidé qu’il doit être mis fin à la vie d’un homme, contre l’avis de ses propres parents. C’est un arrêt étrange. Le seul fait que des médecins soient subordonnés à des magistrats pour un enjeu aussi crucial est troublant. Et je peux surtout vous dire que les soignants qui se dévouent au chevet des quelque 1700 patients pauci-relationnels et neurovégétatifs, dans l’anonymat des services spécialisés, sont atterrés.

L’acquittement de Nicolas Bonnemaison a également provoqué un grand malaise dans le monde médical. Un jury populaire a dédouané totalement sept passages à l’acte d’un médecin isolé et fragilisé. Rappelons que le docteur Bonnemaison a agi d’une façon si expéditive qu’aucune loi euthanasique ne prévoit pareil processus.

Même l’ADMD [Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité] ne demande pas ce type d’euthanasie sans avis de la victime, même si — et c’est révélateur — elle a totalement soutenu le médecin. Des deux affaires, nous pouvons tirer un constat effrayant : la vie des personnes très lourdement handicapées comme celle des personnes très âgées ne semble plus faire le poids face à la dictature de l’émotion et du pseudo-compassionnel… C’est dans ce contexte que François Hollande fait appel à Jean Leonetti. Est-ce au départ une façon de réagir à la vague médiatique par une nomination ? Est-ce le début de rupture d’une digue ? L’avenir le dira.

La digue de l’interdit de tuer les personnes en fin de vie n’a-t-elle pas déjà sauté ?

Oui, si on regarde ce que signifie cet acquittement en toute logique. Imaginons que des médecins ou infirmières déboussolés, se sentant investis d’une mission de toute-puissance sur les vies fragiles, prennent exemple sur le docteur Bonnemaison… Il n’y a pas de quoi avoir envie d’arriver inconscient aux urgences. La confiance entre soignants et soignés est gravement menacée. C’est pourquoi nous demandons au ministère public de faire appel.

Dans une affaire comparable, il l’avait fait. En 2008, une femme, Lydie Debaine, qui avait tué sa fille lourdement handicapée dans un accès de désespoir, a été successivement acquittée sous les vivas puis condamnée à une peine symbolique par une seconde cour d’assises. Entretemps, les associations de défense des personnes handicapées et des personnalités comme le psychiatre Marcel Rufo avaient protesté. J’explique ce retournement de bon sens dans un chapitre de mon livre La Bataille de l’euthanasie. On croit revivre cette histoire.

Peut-on contester la souveraineté d’un jury populaire ?

Là, il y a de quoi douter de sa pertinence. Il faut lire la motivation du verdict de la cour d’assises de Pau : il est assez stupéfiant par l’aberration de son argumentation. L’existence des victimes a été diluée dans la compassion pour le médecin. De quoi s’interroger sur la façon dont ont été accompagnés ces jurés ainsi que sur l’avalanche de témoins militants qui ont pu les endoctriner de longues heures, aboutissant à annuler tout chef d’accusation… L’avocat général a lui aussi effectué un retournement étrange…

Il est vrai que cet acquittement traduit aussi la confusion générale de l’opinion publique, manipulée par des affaires orchestrées par le lobby de l’euthanasie. Avec une conséquence : la définition même de l’euthanasie se volatilise.

Pensez-vous qu’une loi « à la belge » est une menace ?

Pas immédiatement, même si elle reste l’objectif des promoteurs du « droit de mourir dans la dignité ». Le modèle belge a tellement dérapé que les pouvoirs publics français le voient désormais comme un repoussoir. Ils sont plutôt tentés par la loi de l’Oregon, aux États-Unis, c’est-à-dire le suicide médicalement assisté. Mais cela signifierait que la prévention du suicide ne devrait plus concerner les personnes gravement malades… Les spécialistes français de cette prévention nous mettent en garde. Quand la crise suicidaire intervient, les personnes désespérées se raccrochent à l’interdit qui les protège d’eux-mêmes. Laisser entendre qu’il y a des suicides légitimes, c’est fragiliser toutes les personnes vulnérables à la désespérance.

Pensez-vous que la loi Leonetti peut évoluer ?

Nous demandons à le rencontrer pour en parler avec lui ainsi qu’avec Alain Claeys, le député-maire socialiste de Poitiers que le gouvernement a désigné pour travailler à la révision de cette loi. Il faut préserver l’esprit de la loi fin de vie de 2005 : ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie. Ce ticket UMP/PS ne doit pas servir de prétexte pour nous imposer une loi sociétale trans-partisane qui casserait cet équilibre.

Avant tout, si nous voulons contrer la tentation de l’euthanasie, il faut lancer le plan ambitieux de développement des soins palliatifs qui a été promis. Nous l’évaluons à 500 millions d’euros sur 5 ans. Nous ne pouvons pas négliger l’accompagnement des personnes en fin de vie. Nous sommes tous concernés. L’accès aux traitements antidouleur et aux soins palliatifs de qualité doit être généralisé, à domicile, en EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes âgées Dépendantes) et à l’hôpital.

Il y a un scandale commun aux affaires Bonnemaison et Lambert : une inadéquation dans le lieu de prise en charge. Les patients très âgés en fin de vie n’ont pas grand-chose à faire dans un service des urgences. C’est là où elles sont hébergées qu’il faudrait des moyens soignants adaptés. De même un patient pauci-relationnel chronique ne devrait pas relever d’un service de soins palliatifs, mais plutôt d’une unité spécialisée pour les patients cérébrolésés.

C’est d’ailleurs ce que madame Lambert demande.

Le professeur Xavier Ducrocq, neurologue, a révélé que Vincent Lambert n’était pas pris en charge de façon ajustée, privé de fauteuil roulant, de kinésithérapie, de sorties… Il est assez étrange qu’après avoir encensé madame Humbert en son temps, parce qu’elle a mis fin aux jours de son fils, notre société ignore la parole de la mère d’un autre Vincent, qui, elle, demande simplement que son enfant soit bien soigné, alimenté et hydraté.

Quel est le plus grand danger aujourd’hui avec cette mission fin de vie ?

Beaucoup envisagent de « durcir » le caractère contraignant des directives anticipées. C’est un point à débattre. Car il ne faut pas faire du médecin une sorte d’exécuteur testamentaire de son patient. D’autant que ce dernier change souvent d’avis. Comme vient de le rappeler Philippe Pozzo di Borgo, dont la vie a été racontée dans le film Intouchables, nous nous montrons tous capables de vivre au présent des situations que nous aurions imaginées insupportables.

Il faut surtout rester particulièrement précis sur la définition de l’euthanasie, car des personnalités éminentes semblent l’avoir oubliée ou occultée. L’euthanasie, c’est « une action ou une omission ayant pour intention et comme résultat de provoquer la mort pour éliminer toute souffrance ».

En dehors du mobile compassionnel qui la distingue des autres meurtres, l’euthanasie se vérifie donc par deux critères : l’intention et le résultat. Qu’elle soit demandée, plus ou moins librement, ou pas demandée, n’y change rien. Et le moyen utilisé importe peu : ce peut être une injection mortelle ou une « omission » (d’un acte ou d’un produit indispensable à la vie) visant à obtenir la mort. L’arrêt d’alimentation et d’hydratation pour provoquer le décès, ou une sédation qui aurait cet objet mortel sont euthanasiques.

Certains tentent de légitimer des euthanasies en les renommant « arrêt d’acharnement thérapeutique »… Nous avons entendu Bernard Kouchner demander qu’on change le mot euthanasie, pour l’adoucir. Changer les mots, manipuler des faits, inverser le sens des gestes… tout cela nous demande beaucoup de vigilance. Si François Hollande, qui n’a jamais prononcé le mot euthanasie, comptait nous anesthésier en l’instaurant sous un autre vocable, nous le dénoncerons par une mobilisation massive.

Rappelez-vous de l’histoire du loup et des sept biquets. Le prédateur montre patte blanche pour se faire passer pour la mère-chèvre… Gare au gant de velours compassionnel qui dissimulerait le fer de la mort !

Le procès Bonnemaison relance le débat sur l’euthanasie

Le procès Bonnemaison relance le débat sur l’euthanasie

Tugdual Derville Délégué général d’Alliance VITA,

Nicolas Bonnemaison se retrouve depuis le 11 juin 2014 face à la cour d’assises de Pau pour sept empoisonnements. Et au cœur d’un débat sans cesse relancé.

Après les temps de la révélation, de la stupeur, des comités de soutien et des sanctions disciplinaires, place à la justice ! Le médecin urgentiste de Bayonne — radié en janvier 2013 par l’Ordre des médecins d’Aquitaine — est jugé pour «empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables». Après trois ans d’instruction, le procès devrait durer plusieurs semaines.

Sept victimes ont été retenues : cinq femmes et deux hommes.

Tous sont décédés précipitamment entre mars 2010 et juillet 2011, après leur admission dans l’unité de suite du service des urgences de l’hôpital où le docteur Bonnemaison travaillait. Des personnes souvent âgées, atteintes de lourdes pathologies.

On n’attend plus guère de révélation sur la personnalité fragile du médecin.

Enfant du pays, professionnel dévoué, marqué par plusieurs suicides familiaux puis une profonde dépression avant son retour aux urgences… et le début des « dérapages ». Il décide seul. Il le reconnaît, en invoquant des patients souffrants en bout de course, des familles à « protéger » et ces demandes de mort qu’il aurait perçues en « un échange de regards » avec les proches.

Un réflexe de caste avait provoqué chez les soignants de Bayonne un flux de soutien au praticien plus qu’à ses victimes. Comme pour Christine Malèvre* en son temps. Et à nouveau, le cas d’espèce poignant a beau être dramatiquement simple — celui d’un professionnel qui perd pied et sombre dans la toute-puissance du « crime altruiste » —, le débat de société qui couve est rallumé.

Les magistrats comme l’accusé ont convoqué des personnalités : Jean Leonetti, auteur de la loi de 2005 ; le professeur Didier Sicard, ancien président du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), auteur du rapport remis à François Hollande en 2012 ; Jean-Claude Ameisen, son président actuel qui a, à son tour, rédigé un avis en 2013 ; Michèle Delaunay, récemment écartée de son ministère des personnes âgées ; et jusqu’au revenant Bernard Kouchner, ancien ministre de la Santé qui, lui, a clairement pris position pour l’euthanasie.

Depuis l’explosion du scandale, ses promoteurs soufflent sur les braises : « Cette affaire montre, une nouvelle fois, l’urgence d’une loi légalisant l’euthanasie » répète Jean-Luc Romero, président de l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité).

L’ADMD ne craint pas les arguments contradictoires. D’un côté, elle apporte son soutien au médecin — qui récuse pourtant tout militantisme pro-euthanasie, en tentant de se situer dans la loi fin de vie — et de l’autre, elle en fait un repoussoir : à l’en croire, la loi réclamée ferait disparaître ce type d’affaires.

Adepte du modèle belge, l’ADMD met en effet les passages à l’acte du docteur Bonnemaison sur le compte d’une loi fin de vie française mauvaise et floue. Avec « sa » propre loi, les patients euthanasiés ne seraient que ceux qui l’auraient demandé, à l’exception de l’euthanasie des tout jeunes enfants dont le consentement serait transféré aux parents.

Retour à Pau : la révélation des faits laissait suspecter la vengeance d’une ancienne maîtresse de l’urgentiste ; mais la direction de l’hôpital ne croit pas à un « dossier monté de toutes pièces ».

Les faits sont avérés, mais comment les évaluer ? Les avis des proches des différentes victimes s’affrontent. Les seuls qui se soient portés parties civiles reprochent à l’ancien médecin de les avoir « volés » de la mort de leur proche et d’avoir agi de son seul chef, avec par ailleurs un détail choquant : pronostiquant la mort imminente de sa patiente, le praticien avait parié un gâteau au chocolat ! Il s’est excusé, mais d’autres familles le remercient d’avoir abrégé sans concertation la vie de leur proche.

Du coup, le débat médiatique dérive sur deux points : la collégialité de la décision (la loi fin de vie a été clairement transgressée, le docteur ayant agi seul) et surtout le consentement du patient ou de son entourage. C’est la question-piège : elle laisse entendre qu’il y a droit opposable au suicide et que l’euthanasie sur demande du patient est son ultime liberté incontestable.

Dans une société individualiste, difficile de comprendre que suicide ou euthanasie sont des exemples types de la fausse liberté, exercée sous une triple influence : souffrance personnelle, pression de l’entourage et culture. Le cas belge a au moins le mérite de montrer qu’une fois l’euthanasie légalisée, on entend vite se passer du consentement du patient. Des personnes incapables de s’exprimer y sont « légalement » euthanasiées…

Par ailleurs, l’université de Bruxelles estime à 42 % les euthanasies non déclarées en Wallonie. De tout cela, l’ADMD ne parle pas, tout occupée à entrouvrir la porte. _____________________________ *

T. Derville, La Bataille de l’euthanasie  ]]>

UN DE NOUS : plus de 700 000 français ont signé

Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA

En une vingtaine de pages argumentées par le menu, c’est une fin de non-recevoir que la Commission européenne a donnée le 28 mai 2014 aux quelque 2 millions de signataires de l’initiative européenne Un de nous (« One of us »). Les députés de Strasbourg ne seront donc pas saisis de la question du financement de la recherche sur l’embryon.

Cette réponse a eu un écho particulier en France, un peu plus d’un an après un autre refus, celui du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) qui avait écarté une autre pétition magistrale, de plus de 700 000 Français, elle aussi inscrite dans une démarche officielle récemment mise en place pour offrir aux citoyens la capacité d’intervenir dans les décisions politiques. Dans les deux cas, le rejet de ces pétitions inédites ruine dans l’œuf le concept même de « démocratie participative ». Comme s’ils étaient tétanisés par la liberté octroyée, la technocratie (française dans le cas du CESE, européenne pour la Commission) reprend la main.

Dans son rapport, la Commission européenne commence par rappeler les fondements de l’initiative citoyenne européenne : « Introduite par le traité de Lisbonne pour encourager une plus grande participation démocratique des citoyens aux affaires européennes [elle] permet à un million de citoyens de l’Union européenne (UE) provenant d’au moins sept États membres d’inviter la Commission européenne à présenter une proposition législative dans des domaines relevant de la compétence de l’UE. » Puis elle insiste, lourdement, pour se justifier et, donc, contester toute la démarche de Un de nous. Car l’intention de ses initiateurs était bien de désavouer la pratique du financement par la Commission, d’une part des recherches détruisant l’embryon humain et d’autre part des programmes d’avortement dans les pays émergents.

En se prononçant au dernier jour de son mandat, et quelques jours après l’élection du nouveau Parlement européen, la Commission donne l’impression de faire un dernier pied de nez aux citoyens. Faut-il en conclure qu’il y aurait de « bonnes initiatives », dignes de l’Europe, et d’autres indignes d’être retenues ? La Commission est incontestablement juge et partie.

Mais où est la véritable vitalité démocratique ? Se lancer dans la collecte d’autant de signatures dans tous les pays de l’Union en saisissant le procédé neuf, relevait du défi. La technique de recueil et de validation des signatures n’avait pas encore été étudiée par les instances européennes, au point qu’il a fallu proroger le délai du recueil. Occasion pour les initiateurs de Un de nous de mettre en relation des associations de tous les pays, et à l’intérieur de chacun.

En France, ce sont les savoir-faire de la Fondation Jérôme Lejeune, des Associations familiales catholiques, du Comité protestant pour la dignité humaine et d’Alliance VITA qui ont été partagés. Et le Français Grégor Puppinck, le directeur de l’European Centre for Law and Justice (ECLJ), a été au cœur de la coordination européenne.

Malgré les apparences, derrière ce nouveau rejet s’ouvrent des perspectives prometteuses pour la cause de la vie : le succès d’une opération européenne de mobilisation de grande ampleur dénote la vitalité démocratique des associations de défense de la dignité humaine et leur unité. Dans l’élan de l’initiative, émerge une fédération des associations ayant travaillé ensemble pour Un de nous. Le refus de la Commission aura transformé l’initiative Un de nous en utopie mobilisatrice : ses initiateurs s’en servent déjà de tremplin.

Avortement : la surenchère permanente

La future loi Santé a été votée le 14 avril à l’Assemblée nationale et ses 57 articles vont passer devant le Sénat. Mais bien peu ont relevé ce qui concerne l’avortement. Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, nous éclaire sur ce point.

Comment analysez-vous les dispositions de la loi Santé sur l’avortement ?

Tugdual Derville : D’une façon générale, le gouvernement a laissé la main libre aux parlementaires les plus idéologues de sa majorité, comme s’ils étaient abrités par le débat plus visible suscité par le tiers payant. Sous l’influence de Catherine Coutelle, présidente de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes, le délai de réflexion d’une semaine prévu jusqu’ici avant de recourir à l’IVG a donc été supprimé.

La disposition a été officiellement votée contre l’avis du gouvernement, mais sans que Marisol Touraine ait vraiment résisté. L’exécutif soutenait en revanche d’autres dispositions votées : la possibilité d’une pratique de l’IVG instrumentale dans les centres de santé et l’accès sans condition à la prétendue « contraception d’urgence » pour les mineures. Rappelons qu’on occulte le caractère partiellement abortif de ces pilules du lendemain très répandues. Une mineure qui a besoin d’une signature parentale pour prendre un cachet d’aspirine peut donc obtenir un avortement précoce en tout anonymat. Pas facile dans ces conditions de demander aux parents d’exercer leur responsabilité ; et si leur fille décompense psychiquement, ils seront en première ligne, sans savoir la raison de sa détresse…

Quel est le mobile de telles évolutions ?

Toutes ces dispositions s’inscrivent dans l’obstination à « faciliter l’avortement » toujours davantage, en faisant peu à peu tomber toutes les limites, jusqu’à avoir même voté un amendement définissant pour les établissements de santé un « quota » d’IVG à réaliser dans l’année. Le Planning familial parvient à faire passer le même argument victimaire depuis plus de quarante ans, que démentent les statistiques : l’accès à l’IVG serait « un parcours du combattant pour les femmes ». Beaucoup seraient « encore condamnées à se rendre à l’étranger » ! Seul changement de cap : le Planning n’envisage plus que la contraception rende l’IVG « marginale » et refuse d’ailleurs désormais l’idée que le nombre d’avortements devrait baisser. Il affirme : « Les femmes avortent ; il ne faut pas en faire un drame. » Il faut dire que près de quatre Françaises sur dix en âge de procréer recourent au moins une fois à l’IVG…

La façon dont est considérée la loi dite Veil, tant dans les manuels d’histoire que par la classe politique, s’apparenterait presque à une entorse à la laïcité tant elle est sacralisée. C’est l’idole archétypale de notre démocratie qui l’encense comme un acte privé de salut public, étrange synthèse de la devise républicaine appliquée aux femmes. Mais le dispositif légal aujourd’hui en vigueur n’a plus grand-chose à voir avec celui qu’on promettait « équilibré » en 1975. Par glissements successifs, l’avortement est devenu la norme incontestable.

Que s’est-il passé pour les sages-femmes ?

Si le texte est voté en l’état, il entrera bientôt dans la profession des sages-femmes l’habilitation à délivrer les produits pour réaliser l’avortement médicamenteux. C’est un changement de paradigme car, jusqu’à aujourd’hui l’essence de ce métier est de prendre soin à la fois d’une femme enceinte et de son enfant jusqu’à sa naissance. Ces dernières années, le Conseil constitutionnel avait invalidé la même réforme votée par la majorité précédente, pour des raisons de forme.

Jusqu’où peut-on encore aller dans cette logique ?

C’est une politique des petits pas, qui va toujours aussi loin que possible, pour « avancer » sans braquer la société. La ministre de la Santé a avoué n’avoir renoncé à soutenir son option de rac-cour-cissement du délai légal à 48 heures que pour une raison alambiquée : ne pas donner l’impression de profiter de l’esprit du 11 Janvier pour faire passer des dispositions « difficiles à accepter pour certains » !

En ce qui concerne les aggravations encore envisageables, ce n’est pas à moi de donner de nouvelles idées au lobby libertaire. L’exemple de certaines législations encore plus transgressives que la nôtre (anglaise, américaine…) est pour lui une source suffisante d’inspiration. Ce qui est triste, c’est que cette soif libertaire est d’autant plus inextinguible qu’elle ne peut produire d’apaisement… Elle est donc vouée à l’échec. L’acte irrémédiable qui scelle le destin d’un être humain en provoquant sa mort prématurée aura beau être noyé sous toutes sortes de justifications, il ne sera jamais source de paix intérieure et de vraie liberté pour les femmes. La France ne se libérera d’un tel déni que par une prise de conscience…

Comment Alliance VITA peut-elle y contribuer ?

En libérant la parole des femmes, sans jamais les juger. Tout l’enjeu, pour nous qui avons déjà accompagné plus de dix mille femmes concernées par ce sujet de l’avortement, c’est que cette prise de conscience ne soit pas source de désespérance mais d’une vraie consolation.

Car ce qui nous préoccupe, c’est la fatalité qui pèse sur de nombreuses femmes qui se découvrent enceintes de façon imprévue. Et également sur beaucoup de celles qui ont déjà l’expérience de l’IVG. Les femmes enceintes nous disent de plus en plus : « J’ai honte de ne pas savoir ce que je dois décider ! » ; et beaucoup de celles qui ont vécu l’IVG nous confient : « J’ai honte de souffrir ! » C’est dire l’injonction d’aller bien qui pèse sur toutes. La société leur dit en substance  « Avorte et tais-toi ! »

En leur refusant le droit à l’hésitation, on nie la complexité des émotions liées à la grossesse ; on occulte l’ambivalence naturelle face aux bouleversements de l’existence qu’on sait pourtant reconnaître pour des actes bien plus anodins de la vie courante… Ultimement, en niant leur souffrance, on les condamne à souffrir en silence. C’est très violent. Pour paraître affranchies, les femmes doivent renoncer à leur identité, dans le domaine où elle est la plus spécifique : la maternité. Vous parlez d’une libération !

Qu’attendez-vous d’une alternance politique sur ce sujet ?

Du courage mais surtout de la lucidité politique… Il faut encore un certain courage pour prendre à contre-pied le lobby encore très médiatisé qui monopolise ce qu’il proclame être « la cause des femmes », et tétanise encore la classe dirigeante.

Mais il suffirait aux leaders politiques d’un zeste de lucidité pour comprendre qu’un autre discours politique est possible pour rejoindre les Français et plus encore les Françaises. Elles sont majoritaires — nous l’avons vérifié dans plusieurs sondages d’opinion — à attendre que les pouvoirs publics les aident à éviter l’IVG. Je l’ai dit à Nathalie Kosciusko-Morizet : son analyse sur ce sujet m’avait paru indigente, comme si, dans un pareil domaine, on devait faire coexister des convictions privées et publiques antinomiques. Comme si, par ailleurs, le débat sur l’avortement était l’apanage des religions. Aurait-on idée d’avancer la même chose sur la peine de mort ? Quel que soit l’avis que l’on peut avoir sur les intentions de Simone Veil, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que la brèche ouverte par sa loi s’est révélée incontrôlable : l’argument de l’exception pour détresse fut un leurre. Jusqu’à maintenant, les gouvernements de droite — je pense à Roselyne Bachelot lors du précédent quinquennat — se sont d’ailleurs largement inféodés à la doctrine du Planning familial, alors que ce dernier appelle systématiquement à voter pour la gauche…

Nous faisons avec Alliance VITA un important travail social d’aide aux femmes enceintes et à celles qui ont besoin d’écoute à cause d’un avortement qui les trouble. La diffusion de notre guide Je suis enceinte est une mission de service public que nous réalisons en lieu et place des gouvernements successifs qui ont abandonné cette mission.

Nous comptons bien convaincre les politiques de mettre enfin en œuvre une vraie politique de prévention de l’IVG. Cela passe à nouveau par une libération vis-à-vis des carcans de la pensée unique. Du côté du gouvernement actuel, on en est très loin. C’est plutôt la surenchère. La légalisation — heureusement controversée — des salles de consommation de drogue relève de la même logique libertaire…

Propos recueillis par Frédéric Aimard

Précieuse altérité ?

Précieuse altérité ?

Chers amis (1),

Avant d’entamer le vif du sujet, je voudrais partager avec vous une petite réflexion préalable. Dans cette salle de la Mutualité, j’ai senti comme une impatience à l’approche des échéances électorales : nous voulons que les choses changent, et vite. Cette impatience, je la partage… Mais je me soigne. Depuis dix-huit mois, chers amis, nous avons duré, confrontés à la loi Taubira et à ses suites. Ensemble, nous avons tenu sans rien lâcher sur le fond, et sans rien abandonner de notre ton. C’est-à-dire en gardant notre sang-froid. Et je veux rendre hommage à Ludovine, Albéric et à tous nos porte-paroles depuis le début. Alors que certains commençaient à nous traiter de « bisounours » en constatant que les bonnets rouges avaient obtenu le retrait de l’écotaxe par la destruction de ses portiques électroniques, c’est bien notre ténacité paisible, c’est-à-dire non-violente, qui a fait plier le gouvernement le 3 février 2014. Les grandes foules défilant pacifiquement à Paris et à Lyon le 2 février ont légitimé nos 18 mois de lutte. Ce résultat appelle bien sûr toute notre vigilance. Et surtout notre engagement durable. Mais pourquoi allons-nous durer des années ? Parce que nous sommes engagés dans une mutation culturelle à long terme : celle du retour au réel.

En effet – et j’en arrive au sujet de l’altérité – si nous sommes descendus si nombreux dans la rue à tant de reprises, c’est pour contrer un grave mensonge anthropologique, qui est devenu, par le vote de la loi Taubira, un mensonge d’Etat. Il s’agit de la prétendue interchangeabilité entre père et mère. Voilà qu’on impose à certains enfants, par la procédure de l’adoption plénière, deux mères ou deux pères. C’est-à-dire une filiation impensable. Priver délibérément certains enfants de la précieuse altérité sexuelle à la source de tout engendrement, c’est faire fi des données intangibles qui fondent l’écosystème dans lequel l’enfant trouve son origine : la famille, père-mère-enfant.

Même si nombre d’entre nous n’en ont pas bénéficié pour grandir, cet écosystème reste à l’origine de toute vie humaine. Faut-il rappeler la donnée naturelle de base qui fonde l’altérité du couple de parents : la « dissymétrie des corps sexués » selon l’expression de Sylvianne Agacinski ? Je n’insisterai donc pas sur ce qu’enseignent encore les manuels de SVT à propos de la procréation humaine. La différence des sexes est une des clés de la biodiversité. L’être humain, homme ou femme, est incapable de prétendre à lui tout seul incarner l’humanité, de se reproduire seul ou avec « le même »… Lionel Jospin le souligne quand il rappelle – pour récuser le mariage entre personnes de même sexe et l’adoption homosexuelle – que « l’humanité se compose d’hommes et de femmes et non pas d’homosexuels et d’hétérosexuels ».

Que pouvons-nous faire de cette réalité universelle ? Je vois deux possibilités.

  1. Nous pouvons la contester, comme une dure limite à dépasser, effacer, éradiquer grâce à un mélange de technique, de loi et d’idéologie. C’est alors la confusion des genres. Et je pense au premier accouchement « paternel » de mars 2013, en Allemagne. Il s’agissait d’une personne transsexuelle. Considérée comme un homme par l’état civil allemand, bien qu’elle ait conservé son utérus, c’est en tant que « père » légal que cette personne a accouché à Berlin d’un enfant, enfant dont elle n’a d’ailleurs pas voulu révéler le sexe pour qu’il le choisisse ultérieurement… Derrière la souffrance de la transsexualité, nous voyons la gravité de la transgression que constitue l’effacement de la complémentarité père – mère, ici par une fiction juridique.
  2. Nous pouvons au contraire consentir à cette interdépendance, pour en creuser le sens, voire nous en émerveiller. Il s’agit de reconnaitre aux parents des rôles distincts et complémentaires, en partant d’un constat : « Tous enfantés d’une femme ! » Ce constat induit des spécificités multiples, par articulation entre le biologique et le culturel, à partir de la fusion originelle mère/enfant, avec l’irruption du rôle spécifique du père, notamment pour ouvrir l’enfant sur le monde… Mais pour reconnaitre tout cela il faut admettre être inachevé, incomplet, incapable d’incarner à soi seul l’humanité ; j’ai besoin d’une femme pour devenir père, et réciproquement…

Comme vous tous certainement, j’ai beaucoup réfléchi depuis le début de notre mouvement à la spécificité de l’homme et à celle de la femme. Au moins, la loi Taubira nous en a-t-elle donné l’opportunité. Que signifie donc la virilité ? Que signifie la féminité ? Ce qui paraissait évident, être homme ou femme, nous devons désormais en rendre compte. Mais comment reconnaitre ce qui reste d’essentiel lorsque nous avons discerné et écarté les stéréotypes sexistes qui ont pu polluer notre conception de la complémentarité homme-femme ? Avouons qu’il n’est pas facile d’objectiver l’altérité sexuelle à la source de la famille. Comment expliquer l’altérité sexuelle, alors que c’est largement elle qui nous explique ?

Il est donc plus facile, dans un premier temps, de mesurer l’absurdité de son effacement.

  1. Nous pouvons d’abord constater que notre société souffre de deux maux familiaux qui, a contrario, attestent de la complémentarité hommes-femmes : l’errance des pères, dont beaucoup se retrouvent « satellisés », qu’ils en soient ou non responsables (je ne veux jeter la pierre à personne) et la solitude des mères qui, trop souvent, portent tout. Les spécialistes de l’enfance savent que les mères seules peinent à canaliser la violence naturelle des enfants ou des adolescents.
  2. Nous voyons bien que la situation la plus favorable pour l’enfant est d’être élevé par ses deux parents biologiques ; il ne s’agit aucunement de stigmatiser les familles dites monoparentales, mais de dénoncer les tentatives d’affirmer comme « équivalentes » ces situations accidentelles où l’enfant se retrouve privé de son père ou de sa mère. Ce sont des situations moins favorables à son épanouissement « toutes choses égales par ailleurs » (avec des conséquences douloureuses pour les enfants concernés). Les parents idéaux n’existent pas, mais renoncer à encourager l’organisation familiale qui est la plus favorable à l’enfant, c’est tirer la société vers le bas. C’est par ailleurs nier que certaines familles où manque l’altérité homme/femme ont besoin d’aides spécifiques…
  3. Nous pouvons aussi ajouter que nier l’altérité homme/femme, en décrétant père et mère interchangeables, c’est ipso facto remettre en cause le fait qu’il y ait deux parents et deux seulement… La porte est alors ouverte à la coparentalité, ou à la multi-parentalité, systèmes artificiels qui font injonction aux enfants de dépendre du bon vouloir d’adultes qui se les partagent. Pourquoi pas trois, quatre, six parents etc. au gré des recompositions et accidents de vie ?
  4. La Gestation par autrui (GPA) est l’exemple type de la multiplication des parents… Ce procédé organise l’éclatement de la maternité en deux voire trois fonctions (génitrice, gestatrice, éducatrice). Et s’il s’effectue “au profit” de deux hommes, ce procédé escamote une mère au moins, biologique et gestatrice, qui est pourtant bien réelle.
  5. Enfin, en marge d’un débat que nous avions eu à la radio, Françoise Milewski, responsables des études de genre à Sciences-po Paris, m’a livré deux indices de l’idéologie sous-jacente à son militantisme. Selon elle, l’oppression sexiste est par essence à sens unique, des hommes contre les femmes. Et jamais inversement… Or, j’ai été témoin (et je pense ne pas être le seul dans cette salle) d’oppressions endurées par des hommes de la part de femmes… Par ailleurs, l’ultra-féminisme (qui ne correspond pas à notre féminisme) de Madame Milewski suppose l’absolue maîtrise par la femme de la maternité, condition sine qua non de sa libération, ce qui nécessite de nier toute humanité de l’être humain non encore né.

A partir de ces indices, je crois qu’il faut reprendre conscience d’une réalité anthropologique aussi étrange qu’évidente : tout être humain, homme ou femme, séjourne longuement dans le corps d’UNE autre, avant de naître. Etre longuement habité par le corps d’un autre, c’est une expérience unique, réservée aux femmes. Engendrer un être qui ne nous habitera pas, qui nous sera étranger pendant des mois, c’est une autre expérience, unique également, réservée aux hommes.

De même que l’idéologie de l’indifférenciation passe par l’éradication de la maternité, jusque dans le vocabulaire (classes maternelles, langues maternelles, et pourquoi pas lait maternel…), il est utile de partir de la maternité pour prendre conscience de la spécificité de l’altérité sexuelle. Chacun se construit à partir d’une origine. L’origine du monde, pour chaque homo sapiens, c’est le corps d’une femme. Il n’y a pas de quoi s’en plaindre. Maternité physiologique mais aussi psychique, sociale, politique et spirituelle en découlent. Et pourquoi devrions-nous balayer l’apport des courants de pensées des sciences sociales qui ont contribué à découvrir la richesse des apports spécifiques du père et de la mère (je pense à la façon dont Freud nous a ouvert à leurs rôles distincts) ? Le docteur Rouyer nous a montré qu’on ne les escamote pas impunément. De même les incessants progrès de la biologie nous aideront à articuler nature et culture humaines : comme cette récente et surprenante découverte de la spécificité du lait maternel selon le sexe de l’enfant.

Ultimement, savez-vous que c’est la matrice artificielle qui se profile dans le prolongement de la loi Taubira, comme l’a parfaitement explicité Jacques Attali dans sa tribune de Slate.fr du mois de janvier 2013 ? Mécaniser la gestation pour aller « vers une humanité unisexe » (c’est le titre de cette tribune) n’est-ce pas jouer avec le feu ? C’est comme tester le feu nucléaire contre l’homme.

Bien loin de corroborer le fantasme de l’indifférenciation homme-femme, les services d’écoute d’Alliance VITA constatent chaque jour leurs différences. Nous aidons les couples à comprendre et accueillir ces différences, notamment dans les appréhensions réciproques de la paternité et de la maternité. En effet, la magnifique différence psychologique entre hommes et femmes creuse régulièrement entre eux un abîme d’incompréhension.

Gertrud von Le Fort, dans son livre La Femme éternelle, ose méditer sur les deux destins distincts, quoique d’égale dignité, de la femme et de l’homme. Pour elle, la femme tend à s’offrir, à se donner dans la transmission, quitte à s’effacer. Elle privilégie le temps… C’est une passeuse de vie, et de culture. L’homme, quant à lui, a tendance à se consumer dans sa “mission”, à vivre dans l’instant présent, quitte à se mettre en avant exagérément. Attribuer aux femmes une propension à la générosité, déduite de l’expérience maternelle, hérisse le poil des ultra-féministes. Serait-il indécent de rendre hommage, en ce 8 mars, au cadeau de la vie que nous ont fait les femmes ? Et s’il y avait deux générosités réciproquement fécondes ? L’une masculine, l’autre féminine. Avec, pour chacune le revers de la médaille. L’homme risque de se défigurer en tombant dans un nombrilisme narcissique ; la femme peut la perdre en sombrant dans une dérive sacrificielle. L’un et l’autre ont besoin de l’autre sexe pour découvrir leur identité spécifique.

Et l’enfant dans tout ça ? Il a besoin des deux. Et le sait parfaitement. L’an dernier, nous avons organisé des « groupes quali » pour mieux comprendre l’appréhension que les jeunes avaient de la différence sexuelle. Ils furent composés de jeunes de 17 à 24 ans issus de toutes les configurations familiales. Ce qui m’a le plus frappé fut d’entendre ces jeunes, interviewés de façon neutre, qualifier les mots « mère » et « père » (même quand ils n’avaient pas connu les leurs) de façon complètement complémentaire. Autrement dit, les champs lexicaux de la paternité et de la maternité sont extraordinairement typiques et différents. Tous nés d’un père et d’une mère : faut-il être coupé du réel, voire du bon sens, pour avoir à démontrer désormais que l’enfant a besoin de leur complémentarité ! Elle est simplement précieuse. Non pas sur le mode de la guerre des sexes, mais de leur harmonie, et – osons un gros mot – de leur amour.

(1)Texte complet à partir duquel Tugdual Derville est intervenu le 8 mars 2014, à la Mutualité à Paris, dans le cadre des conclusions du Grenelle de la Famille