Nouveau : "Bébés sur mesure – le monde des meilleurs", par Blanche Streb

Nouveau : "Bébés sur mesure – le monde des meilleurs", par Blanche Streb

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Mercredi 18 avril 2018, Alliance VITA a organisé une soirée de présentation et de dédicace, à l’occasion de la sortie du livre de Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche d’Alliance VITA: Bébés sur mesure – Le monde des meilleurs (éditions ARTEGE).

Interview

Pourquoi ce livre ?

Parce que nous sommes en état d’urgence éthique, en France mais pas seulement. Le gouvernement laisse entendre que la PMA sans père pourrait être autorisée. Le simple fait d’évoquer une telle rupture démontre que nous sommes sur le point de basculer vers un droit à l’enfant, ni plus ni moins. Et dans toutes les situations, même celles n’ayant aucun lien avec l’infertilité. Le droit à l’enfant est la première étape du bébé à la carte. Ce qu’on observe à l’étranger : Etats-Unis, Belgique, Espagne, Chypre, Ukraine etc. où le marché de la procréation et de la sélection se déploie, doit nous alerter ! Avoir le droit de passer commande d’un enfant, est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour notre pays ? Les débats autour de la PMA sans père qui ont lieu mettent en lumière que les français n’y sont pas favorables. La société « n’est pas prête ». L’intérêt supérieur de l’enfant reste, heureusement, bien présent dans les esprits.

Un bébé « sur mesure » ?

C’est un bébé que l’on conçoit, dans les deux sens du terme. D’abord comme un « projet » décrit avec certains paramètres puis concrètement de manière artificielle en éprouvette.

Pourquoi le monde des meilleurs ?

Le bébé sur mesure gagne son droit de vivre grâce à certains critères : soit il est exempt de maladies génétiques connues ou de simples prédispositions –dont rien n’établit avec certitude qu’elles se réalisent- soit il correspond aux critères esthétiques choisis pour lui : taille, couleur des yeux, sexe… soit il est génétiquement boosté pour être « meilleur » que les autres…. D’où ce sous-titre. Le monde des meilleurs est celui dans lequel la vie se soumet à la technique, où les êtres humains, en plus d’être triés pour obtenir le droit de naître, seraient améliorés, voire « augmentés ».

Ce n’est pas bien de vouloir améliorer la qualité d’un être humain ?

C’est une vision qui glisse vers l’eugénisme. Et les techniques font fi de tout principe de précaution, elles instrumentalisent l’embryon, en font un cobaye. La plupart des méthodes ne sont ni sûres ni efficaces. Tout cela n’empêchera pas une vie sans souffrance, ne rendra pas les humains meilleurs, ne garantira aucunement le bonheur des bébés sur mesure ou de leurs designers, n’ouvrira pas la perspective de construire une civilisation plus juste ou plus accueillante…. Etre né à l’issue d’un tri ou d’une manipulation génétique pourrait laisser planer chez les personnes concernées un symptôme de se sentir exister « grâce au bon vouloir technologique » d’un autre. Un peu comme si elles étaient en permanence en période d’essai dans la vie. Suis-je assez bon, assez parfait ? Est-ce que je réponds assez aux critères qu’on a voulu poser chez moi ? Et pourquoi ne suis-je pas pleinement, totalement, et en permanence heureux si j’ai été conçu pour cela ? De quoi et à qui puis-je me plaindre ? Refuser l’anomalie, la fragilité, n’est-ce pas prendre le risque de tuer le bonheur dans l’oeuf ?

A quoi sert votre livre ?

C’est une synthèse globale sur le sujet : comment nous en sommes arrivés là ? Quelles sont les techniques qui permettent aujourd’hui de sélectionner, de créer des bébés à la carte ? Jusqu’où peut-on aller : gamètes artificiels, fabrication de bébé issus de deux personnes de même sexe, FIV à 3 parents. J’aborde aussi l’impact sur l’enfant ainsi conçu, ses parents, les relations humaines, sur la société… enfin, je propose quelques clés de lecture pour encourager un sursaut éthique : redécouvrir la biodiversité humaine, refuser le code barre génétique, repenser l’éthique du don, définir un progrès au service de l’homme… Je pense qu’il est temps de repenser la procréation artificielle dans sa globalité et de poser des limites sur lesquelles nous pouvons tous nous accorder. Nous devons prendre du recul face à la fascination de la technique. Ce que permettent aujourd’hui les biotechnologies dans le domaine de la procréation ne promettent pas ce que nous espérons tous : tous un monde meilleur ! L’homme doit toujours se demander: est-ce que ce progrès technique débouche véritablement sur un progrès humain ?

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N’hésitez pas à commander ce livre ou à l’acheter chez votre libraire habituel.

En savoir plus :

TÉLÉCHARGER le dépliant de présentation     ⇒ VOIR la vidéo de la conférence

[CP] Ouverture d’un showroom clandestin de la procréation le 17 avril 2018

[CP] Ouverture d’un showroom clandestin de la procréation le 17 avril 2018


showroom vita

 

Pour dénoncer la menace cachée derrière la notion de « PMA pour toutes », l’association expose pendant 3 jours un « marché de la procréation » dans une boutique située passage Choiseul, rue commerçante du 2ème arrondissement de Paris.
Comme l’ont expliqué successivement Tugdual Derville, délégué général, Caroline Roux, coordinatrice de ses services d’écoute et directrice de VITA international, Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche, cette initiative vise à prévenir le basculement de notre société dans ce marché qui fait de l’être humain « un produit, une marchandise qu’on fabrique sur commande, qu’on sélectionne et qu’on trie, qu’on achète et qu’on jette ».

 

La prétendue « PMA pour toutes » dont la France débat cette année vise à abandonner le critère d’infertilité médicale pour accéder aux techniques de procréation artificielles. Alliance VITA démontre qu’il s’agit-là d’un basculement vers un nouveau paradigme procréatif – le droit à l’enfant fabriqué par PMA – qui aurait des conséquences abyssales pour la dignité humaine en général et les êtres humains les plus fragiles en particulier.

 

Par cette boutique où sont présentés en rayonnage des femmes porteuses, des géniteurs anonymes, des stock de gamètes, et des bébés sur mesure, VITA dénonce :
  • ce qui se fait déjà ailleurs,
  • ce qui se propose déjà en France, en toute impunité,
  • et ce qui pourrait se faire demain, en toute légalité…

Lorsque la loi ne la régule pas, les nouvelles techniques ne cessent d’ouvrir de nouveaux marchés, créant une surenchère de demande : vente de gamètes, location de ventres, optimisation des êtres humains, bébés sur commande, systématisation du DPN et du DPI, FIV 3 parents, embryon OGM, gamètes artificiels, auto-engendrement etc.
Que le marché de la procréation soit libéral – dicté par la recherche des profits – ou étatique – contrôlé par l’Etat – il porte en lui-même des germes de totalitarisme et d’eugénisme. Car l’enfant-produit comme l’homme producteur de gamètes ou la femme productrice d’enfant sont traités comme des choses ou des machines.
Les Etats généraux de la bioéthique ont permis de mesurer combien les citoyens qui s’intéressent à ces questions sont hostiles à l’instauration d’un « droit à l’enfant » et à l’eugénisme induit par les nouvelles techniques procréatives. Emmanuel Macron ne peut pas l’ignorer.

 

Le showroom clandestin d’Alliance VITA constitue « le dernier appel au président de la République avant mobilisation générale ».

 

C’est lui qui doit trancher ultimement ; Alliance VITA lui demande  que la France :
  • protège son principe de non-marchandisation du corps et des éléments du corps humain
  • défende partout dans le monde la dignité de la personne humaine contre le marché ultra-libéral dérégulé des êtres humains.
Pour télécharger le dossier de presse, cliquer ici.
Vincent Lambert : la nouvelle décision très controversée du CHU de Reims

Vincent Lambert : la nouvelle décision très controversée du CHU de Reims

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Le 9 avril, le médecin en charge de Vincent Lambert au CHU de Reims, le Docteur Sanchez, a fait part aux différents membres de la famille de sa décision, en conclusion de la procédure collégiale lancée en septembre dernier : il a estimé que la situation de Vincent Lambert relevait de l’« obstination déraisonnable ». Sa décision est donc de mettre en œuvre un arrêt des traitements, en l’occurrence l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, ce qui provoquera sa mort.

Il s’agit d’un nouveau rebondissement judiciaire dans le conflit qui oppose ses proches depuis cinq ans. Au printemps 2013, Vincent Lambert a survécu à un arrêt d’alimentation de 31 jours, décidé à la suite d’une première procédure collégiale par le Docteur Kariger, avec l’accord de son épouse et à l’insu de ses parents. Saisi par les parents via une requête de référé-liberté, le juge ordonna que l’alimentation soit immédiatement reprise.

Contrairement à ce qui a pu être dit par plusieurs médias, Vincent Lambert n’est pas dans le coma, ni dans un état végétatif : il est dans un état pauci-relationnel et non pas en fin de vie. Une partie de la famille demande instamment son transfert dans une unité spécialisée dédiée aux patients en état végétatif chronique ou pauci-relationnel, créée par la loi de 2002 sur les droits des malades.

Le docteur Sanchez a averti que l’arrêt d’alimentation et d’hydratation serait mis en œuvre dans 10 jours, laps de temps qui est laissé aux membres de sa famille pour faire éventuellement un recours devant le tribunal administratif.

Dans une lettre ouverte au Président de la République publiée par le Figaro le 11 avril 2018, la mère de Vincent Lambert demande à être reçue en urgence par ce dernier pour faire connaître l’état réel de son fils. « Comme les 1700 personnes porteuses du même handicap que lui, Vincent aurait donc dû être placé dans un service spécialisé pour personnes cérébrolésées. Mais il a été mis en soins palliatifs, sans traitements adaptés, sans le service de kinésithérapie qui lui permettrait de faire les progrès permis par son état. Plusieurs établissements qui accueillent des personnes victimes de graves accidents de la route sont prêts à l’accueillir, et le voilà retenu dans le centre de soins palliatifs d’un hôpital incompétent pour une telle prise en charge. »

Tugdual Derville, Délégué général d'<em>Alliance VITA</em>, auteur de <em>La Bataille de l'Euthanasie</em> et fondateur du service d'écoute<em> SOS Fin de vie</em>, a été interrogé en direct, le 10 avril 2018, dans l'émission <em>À la Source</em> de KTO à propos de cette situation :

« D’abord, c’est une situation très compliquée, avec une famille qui est divisée : il y a, d’un côté, une épouse et un neveu, de l’autre côté les parents de Vincent et quelques-uns de ses frères et sœurs. Il est dans une situation “pauci-relationnelle”, c’est à dire qu’il ne peut pas s’exprimer d’une manière claire, et n’a d’ailleurs pas fait de déclaration préalable, mais il n’a pas de traitement à proprement parler. Il est juste dépendant d’une alimentation, qui a été arrêtée pendant 31 jours il y a cinq ans maintenant, en 2013 ; il a survécu à ça ; ce qui dénote une vitalité, et c’est ce que dit le professeur Xavier Ducrocq, neurologue qui accompagne ses parents et qui le connaît bien. Quelqu’un qui survit à ça, il y a une force de vie, peut-être une volonté de vivre qui s’exprime.

Vincent Lambert n’est pas en fin de vie, et si on décide d’arrêter son alimentation qui lui est fournie, on provoque sa mort. Donc à nos yeux, ce serait effectivement euthanasique que de décider d’arrêter une alimentation, alors qu’il n’a aucun traitement spécifique, et en provoquant à coup sûr sa mort. Nous pensons aux milliers de patients en état neurovégétatif et pauci-relationnel qui sont dans des établissements spécialisés. Ce que demande la famille de Vincent Lambert, c’est qu’on le sorte de l’unité de soins palliatifs qui est inappropriée à son état, et qu’on le mette dans un établissement où il bénéficierait des soins de rééducation dont il est privé, comme enfermé depuis des années maintenant. Il y a un enjeu de prise en charge adaptée à ce type de patients, parce qu’à partir du moment où un de ces patients n’est plus considéré comme digne de faire partie de notre société, tous les autres, leurs proches, les soignants qui se dévouent sans compter auprès d’eux, se trouvent remis en cause dans leurs fonctions. »

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Pour aller plus loin : Les procédures judiciaires concernant Vincent Lambert

Euthanasie : Tugdual Derville, dans l’émission “À la Source”

Euthanasie : Tugdual Derville, dans l’émission “À la Source”

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était l’invité d’Olivier de Keranflec’h, dans l’émission « À la Source » du 10 avril 2018, pour aborder différents sujets, dont celui de la Fin de vie qui est, depuis quelques jours, au cœur de l’actualité, après la remise de l’avis du Conseil économique social et environnemental (CESE).

[Voir l’interview de Tugdual Derville à partir de 16:20 mn.]

Quelques verbatim issus de l’émission :

« Ils n’ont pas utilisé le mot « euthanasie » ou « suicide assisté », des mots qui, disent-ils, braquent ou bloquent, mais des expressions bizarres et graves, comme « derniers soins, « soins ultimes » ou – ils ont hésité – d’abord « médication expressément létale » puis « sédation explicitement létale » . Ils sont restés sur cette espèce de novlangue qui dissimule, qui déguise finalement le mot « euthanasie ». Finalement si « prendre soin », c’est « donner la mort », on nage en pleine confusion.

Cet avis a été voté par le CESE, mais avec un dissensus, ce qui est exceptionnel : c’est-à-dire un document complémentaire de conseillers du Conseil économique social et environnemental qui se sont prononcés contre l’euthanasie, explicitement. Il y a des gens qui ont voté l’avis, alors qu’ils sont contre l’euthanasie et pour le dissensus. Il y en a d’autres qui se sont abstenus. Et puis ce n’est qu’un conseil. Donc ça rentre simplement, je crois, dans l’espèce de rouleau compresseur régulier qui laisse croire qu’on se libérerait en pouvant provoquer la mort, et en utilisant en plus (ce qui est assez pernicieux) le vocabulaire des soins palliatifs pour faire entrer en confusion soins palliatifs et euthanasie, et c’est là qu’est finalement le danger pour les mentalités.

S’engager, c’est d’abord s’engager pour que le mouvement des soins palliatifs se développe en France, qu’il y ait de nombreux volontaires dans ce mouvement, beaucoup de personnes qui continuent d’affirmer que soins palliatifs et euthanasie sont incompatibles, parce que le risque est que la mauvaise monnaie -l’euthanasie- chasse la bonne, qui est plus difficile, plus exigeante : le fait de prendre soin, d’être solidaire, de passer du temps avec les personnes.

Une société de l’euthanasie est très vite très violente, elle pousse très vite les plus fragiles vers la sortie, on le voit en Belgique, en Hollande.

On est sur une ligne de crête, car soigner oui, soulager, mais pas tuer, comme le dit le mouvement dont Alliance VITA est membre, avec comme parrain Philippe Pozzo di Borgo, héros du film Intouchables. »