Une éthique des lois bioéthiques – Henri de Soos

Une éthique des lois bioéthiques – Henri de Soos

Henri de Soos, rappelle l’ambivalence d’une éthique intemporelle face à des lois bioéthiques éphémères. Comme l’a montré l’évolution des lois bioéthiques depuis 1994, le relativisme ambiant porte en lui le danger d’une “glissade éthique permanente”. Mais l’histoire montre qu’un mouvement de balancier peut toujours s’opérer, d’où la nécessité d’être présent dans ces lieux où s’élabore l’éthique moderne.

” Qui nous dira ce qui est éthique ? Les philosophes ? Mais ils n’ont pas la compétence pour comprendre les évolutions scientifiques ! Les experts ? Mais ils sont juges et parties, ils poussent dans le sens qui favorisent leur science ! Les religions ? Mais pas de raisons qu’elles imposent leur vues dans un Etat laïc ! Les politiques ? Mais la loi évolue au gré de majorités éphémères, elle proclame Vrai ce qui était Faux hier ! Les citoyens ? Mais chacun, même avec son bon sens, ne représente que lui même !  Alors, a-t-on dit, prenons un mélange de toutes ces composantes : il finira bien par en sortir de l’éthique… Ainsi a-t-on créé le CCNE, l’AMB, les états généraux, etc. Et recherchons dans un consensus majoritaire, les valeurs que nous entendons respecter. (…) Donc un peu tout le monde contribue à fabriquer une “éthique de la discussion”. Mais alors, pourquoi pas vous et moi ? Soyons davantage présent dans les lieux où s’élabore l’éthique moderne !”
– Henri de Soos, Qui fabrique l’éthique de la Bioéthique, 2012

 

Bioéthique et politique – Damien Desjonqueres

Bioéthique et politique – Damien Desjonqueres

Damien Desjonquères évoque la nécessité pour une société d’aller à la rencontre de ses membres les plus faibles. C’est seulement en nous emparant de ce sujet biopolitique que l’on pourra contribuer à l’émergence de solutions concrètes.

“Les souffrances de l’humanité, quelle que soit notre famille de pensée, sont un cri, un appel pour nous rassembler, cheminer ensemble, nous comprendre, gagner en humanité. Réprouver, se révolter, dénoncer… tout cela est humain, mais au-delà, se mettre à l’écoute, rejoindre, accompagner l’autre dans sa dignité d’homme ou de femme avec son histoire propre avant de le considérer comme politique, parlementaire ou citoyen. Contempler le coeur de l’homme dans sa grandeur et sa fragilité pour mieux lui proposer une montée en humanité, n’est ce pas cela le sens de la biopolitique ?”
– Damien Desjonquères

 

Individualisme intégral et bioéthique – Tugdual Derville

Individualisme intégral et bioéthique – Tugdual Derville

A l’ère de “l’individualisme intégral” Tugdual Derville nous met en garde contre le relativisme bioéthique ambiant qui a tendance à tordre la réalité pour la modeler à nos désirs. Plongés dans le temps du “moi je”, saurons-nous chercher un mode de vie alternatif qui respecte le plus faible ?

“A quoi bon rêvé d’un ailleurs ? A quoi bon partir à l’autre bout du monde, quand on peut, ici et maintenant, vivre dans l’instant présent l’aventure la plus belle, la plus prometteuse, toujours imprévisible, et que je pressens jamais achevée ?  J’ai découvert le voyage en humanité.”
– Tugdual Derville, extrait de l’Aventure à bras ouvert, un voyage en humanité, éd. Emmanuel, 2017, p.20

Cultiver le silence – Philippe Pozzo di Borgo

Cultiver le silence – Philippe Pozzo di Borgo

Philippe Pozzo di Borgo, dont l’histoire a inspiré le film Intouchables, nous livre ici son témoignage : cultiver le silence donne la conscience du temps qui passe. Immobile depuis 25 ans suite à l’accident qui l’a laissé tétraplégique, il découvre que l’immobilité est facteur de relation.

“Dans notre société moderne, on court après le temps, on doit gagner du temps, c’est même le critère de la performance. Il n’y a pas de temps pour le temps perdu. Occuper le temps, induit la frénésie du mouvement, du bruit et du vide. C’est à l’opposé de l’harmonie et du goût d’être. Ce temps qui manque est une névrose collective qui va jusqu’à menacer l’intégrité physique des individus. Avec les nouveaux outils informatiques, le numérique, le temps est aboli. Mais cette communication permanente, instantanée n’est pas une relation ; la relation ne peut se faire que dans le temps réel, dense. Les réseaux sociaux, le numérique sont des supports de solitude juxtaposés ; il ne peut y avoir de lien social s’il ne s’inscrit pas dans le temps présent, avec pesanteur, lenteur et pudeur. Cette notion du temps concentré dans le présent, qui s’étire à l’infini de l’instant, nourrit notre goût d’être en abondance. ce temps s’oppose à celui de la plannification, de l’organisation, d’un temps rétréci toujours en manque, insuffisant, précipité.”
– Philippe Pozzo di Borgo, Le retour gagnant – à paraître.

 

La vie en temps réel – François-Xavier Bellamy

La vie en temps réel – François-Xavier Bellamy

François-Xavier Bellamy nous rappelle que le temps réel n’est ni un souvenir, ni l’avenir. C’est notre capacité d’attention à l’autre qui donne au présent un caractère d’absolu, une densité qui fait vivre. Là est le défi de notre société déconnectée ! L’éternité que nous visons c’est une présence absolue à l’autre.

“Quand nous porterons des coeurs qu’on changera tous les cinquante ans, nous n’aurons pas prolongé la vie, nous aurons supprimé la mort. Serons-nous encore des humains ? (…) Une vie sans générations, est-ce encore une vie humaine ? (…) La limite qui marque le temps de la vie est aussi la condition de la créativité.” François-Xavier Bellamy, Mais que restera-t-il des hommes ?
– Le Figaro, avril 2016

 

 

Nos défis face au temps – François-Xavier Pérès

Nos défis face au temps – François-Xavier Pérès

Comment consentir au temps dans une société de l’immédiateté ? C’est par cette question que François-Xavier Pérès lance l’Université de la vie 2018. Soulignant le défi de bioéthique et d’écologie humaine que cela représente, il invite les participants à se mettre en mouvement afin de mieux comprendre pour mieux se mettre au service de la vie.

Grossesse et maternité : vivre le temps – Valérie Boulanger

Grossesse et maternité : vivre le temps – Valérie Boulanger

Au travers de son expérience dans les services d’écoute, Valérie Boulanger nous montre le poids des normes sociétales qui pèsent sur la grossesse et la maternité. Ces normes conditionnent la capacité à accueillir l’inattendu et enferment dans l’urgence d’une décision à prendre, elles coupent de la réalité de la grossesse. Pour entrer dans l’expérience de la maternité et en vivre le présent, les femmes ont au contraire besoin de soutien et de bienveillance.

” La grossesse et la maternité s’inscrivent de façon toute particulière dans le temps et la vie d’une femme. Paradoxalement, alors qu’on parle sans cesse de liberté des femmes, les normes sociales autour de la maternité sont très fortes aujourd’hui, et la grossesse et la maternité apparaissent souvent comme impensables quand ce n’est pas le bon moment. L’irruption d’une grossesse imprévue dans la vie d’une femme suscite quasi automatiquement un questionnement sur sa poursuite ou non, une urgence à résoudre. Nombreuses sont les pressions qui viennent la déstabiliser, particulièrement de la part de l’homme. Notre service d’écoute offre un espace de réflexion, un sas bienveillant, pour vivre ce temps du doute et des questions et ouvrir d’autres possibles que la fatalité de l’avortement.”
– Valérie Boulanger

 

Le débat bienveillant – Tugdual Derville

Le débat bienveillant – Tugdual Derville

Quelles clés pour être présent dans le débat ? Tugdual Derville nous en donne quelques unes : “La confrontation avec des adversaires, c’est comme une épreuve sportive. Cela demande à la fois une préparation profonde, puis une autre, plus immédiate. Il faut être intellectuellement préparé, y compris aux attaques malveillantes. Il y a aussi une préparation du cœur qui n’est pas du tout déconnectée de l’action. Comme je sais que “ce que je suis crie plus fort que ce que je dis”, j’essaie d’être en paix pour vivre ces confrontations. Accordons nous sur nos désaccords, c’est-à-dire commençons par mettre en lumière nos points de divergence. Cela permet de sortir d’une dialectique manipulatrice. (…) Clarifier nos divergence permet déjà d’avancer.”

 

Être présent auprès des plus fragiles – Caroline Roux

Être présent auprès des plus fragiles – Caroline Roux

Comment être présent auprès des plus fragiles ? Caroline Roux nous montre que ce n’est pas d’abord une parole, mais un geste, un ton de voix, un sourire, une écoute bienveillante. La vraie présence est rare, elle se cultive. C’est dans la présence et l’écoute que la vie se communique. “Pour répondre aux réelles détresse et angoisses des femmes et des couples, les service d’écoute sont plus que nécessaires. Car seule une écoute véritable permet de libérer le désir de vie enfoui dans les cœurs.”

 

caroline roux

Caroline ROUX

Caroline Roux est Déléguée Générale Adjointe et directrice de VITA International. Spécialisée dans l’écoute des personnes en difficulté, elle coordonne les services d’aide et d’écoute SOS Bébé et SOS Fin de vie. Elle assure également la coordination des relations inter associatives et avec le monde politique. Chargée du développement de VITA International, elle développe des partenariats en Europe et dans le monde et a obtenu, en juin 2018, l’accréditation d’Alliance VITA au conseil économique et social de l’ONU. Elle intervient comme experte sur les questions de bioéthique et dans les médias. Elle a lancé en 2010 la publication du Guide des aides aux femmes enceintes. Auteur de : « S’engager pour une culture de vie »

 

Le temps et la mort – Martin Steffens

Le temps et la mort – Martin Steffens

Martin Steffens évoque avec délicatesse la mort, dont l’inéluctabilité rend plus urgente encore la nécessité de vivre : certes on n’a qu’une vie, mais elle est éternelle ! Alors raison de plus pour vivre dès aujourd’hui ce que nous voulons être pour toujours. En effet, la mort presse la vie. “Il faut profiter, se dit-on, puisque la vie passe si vite”. Pourtant, céder à cette urgence, ce n’est pas une vie : seul l’homme paisible goûte pleinement ce qu’il vit. Mais comment trouver la paix quand tout passe ? Et quelle paix trouver, qui ne passe sous silence l’urgence de vivre ?

 

martin steffens

Martin STEFFENS

Agrégé de philosophie, il enseigne en classes préparatoires à Strasbourg. Conférencier, chroniqueur régulier, il est aussi auteur d’études, d’articles et de très nombreuses contributions. Auteur de : • Rien de ce qui est inhumain ne m’est étranger (Points, 2016) • Petit traité de la joie – Consentir à la vie, 2011 (Prix Humanisme chrétien, Salvator 2013) • La Vie en bleu (Marabout, 2014) • « Rien que l’amour : repères pour le martyre qui vient » (Salvator, 2015). • « L’amour vrai, au seuil de l’autre » (Salvator, 2018). • « Rien de ce qui est inhumain ne m’est étranger » (Points,2017). • « Marcher la nuit : Textes de patience et de résistance » ( Desclée De Brouwer, 2020).