Infertilité et assistance médicale à la procréation : enjeux actuels et propositions

Infertilité et assistance médicale à la procréation : enjeux actuels et propositions

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En légiférant sur l’accès aux techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) en 1994, le Parlement français a voulu apporter une réponse aux couples confrontés à l’infertilité.

Cette réponse, qui ne consiste pas à soigner l’infertilité mais à la contourner, a produit progressivement des situations inédites soulevant des questions éthiques majeures, autour de la conservation des embryons surnuméraires et leur utilisation par la recherche ou de l’expression de souffrances d’enfants nés suite à un don anonyme de gamètes.

A la veille de la révision de la loi bioéthique de 2011, de nouvelles revendications minoritaires émergent portant sur l’extension de l’AMP à des femmes sans partenaire masculin, et également sur l’autoconservation ovocytaire dite de précaution pour des jeunes femmes sans pathologie d’infertilité.

Ce dossier vise à synthétiser les enjeux actuels autour de l’infertilité, à mettre en lumière les dangers du « tout PMA » et à présenter nos principales propositions. La véritable urgence est que le législateur donne priorité à la mise en oeuvre d’une véritable politique sanitaire de lutte contre l’infertilité.

 

I – L’infertilité, un enjeu sanitaire majeur

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’infertilité est définie par l’absence de grossesse après plus de 12 mois de rapports sexuels réguliers sans contraception.

Les observateurs de l’INSERM constatent que les consultations surviennent très vite. Les techniques de maitrise de la fécondité ont rendu les personnes plus anxieuses et impatientes quand l’enfant tarde à venir.

L’infertilité est devenue un enjeu sanitaire majeur. 1 couple sur 6 consulte (d’après une étude conduite en 2008 par les épidémiologistes et démographes Henri Léridon et Rémy Slama, Inserm) , et 1 sur 10 poursuit des traitements.

  • On observe une augmentation de l’infertilité masculine ces 50 dernières années. En un demi-siècle, la densité2 des spermatozoïdes aurait diminué de moitié chez les Occidentaux. Les scientifiques attribuent la croissance de l’infertilité à des facteurs environnementaux (pesticides et pollution) ou aux modes de vie (tabagisme, sédentarité, etc.).
  • Par ailleurs, l’âge de la maternité ne cesse de croître, ce qui a pour conséquence de majorer le nombre de consultations pour infertilité.
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II – Les limites techniques de l’assistance médicale à la procréation (AMP)

La principale réponse à une infertilité médicalement constatée est aujourd’hui constituée par l’AMP, l’ensemble des traitements ou techniques permettant la procréation en dehors du processus naturel. Ils ne restaurent pas la fertilité mais visent à pallier l’infertilité des couples dans des situations d’infertilités médicalement constatées (que la cause soit identifiée ou non).

  • On peut distinguer 2 techniques principales : L’insémination artificielle (25% des enfants nés par AMP en France) : recueil du sperme du conjoint puis introduction par un médecin dans le col utérin de la femme. L’insémination avec tiers donneur est autorisée en France depuis la loi bioéthique de 1994.
  • La Fécondation In Vitro (FIV) (75% des enfants nés par AMP en France) : après stimulation ovarienne et ponction des ovocytes sous anesthésie, rapprochement in vitro, hors du corps de la femme, de l’ovocyte et de spermatozoïdes préalablement prélevés. Ovocyte et spermatozoïdes peuvent être ceux des conjoints, ou de donneurs. L’ICSI est l’injection d’un seul spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovocyte (à l’intérieur de l’ovule).
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Ces techniques sont contraignantes physiquement et psychologiquement, pour la femme et le couple.

Près de la moitié des couples qui y ont recours n’auront pas d’enfant à l’issue.

 

III – Les principales questions éthiques et humaines actuelles

Disjonctions dans le processus de la procréation : de multiples questions éthiques

Les techniques d’AMP introduisent des « disjonctions » : elles rompent le continuum de la procréation en l’éclatant. Le Comité Consultatif National d’éthique a analysé les multiples questions éthiques soulevées à chaque étape de dissociation du processus de procréation.

Surproduction d’embryons : toujours plus

La fécondation in vitro entraîne la surproduction d’embryons dits surnuméraires et leur congélation. Aujourd’hui 223 836 embryons surnuméraires sont stockés congelés, dont un tiers ne font plus l’objet d’un « projet parental ». Cette situation interroge sur le respect de l’embryon humain et place les parents devant des choix difficiles, souvent non anticipés sur le devenir de leurs embryons. Ces embryons peuvent être donnés à la recherche, donnés à un autre couple ou détruits au bout de cinq ans de conservation. Le procédé de congélation des embryons n’est pas sans incidence sur l’ordre des générations ; il bouleverse le temps. Des embryons créés en même temps peuvent finalement naître à des dizaines d’années de différence.

Le nombre d’embryons congelés ne cesse d’augmenter (+20% depuis 2011), alors que la loi de bioéthique prévoyait de limiter le nombre d’embryons conservés.
Impact du don de gamètes : la levée de l’anonymat en question

L’assistance médicale à la procréation pose également la question du don de gamètes, qui prive délibérément l’enfant de la moitié de ses origines biologiques. Environ 1 300 enfants naissent chaque année par don de gamètes (ovocytes ou sperme). Les gamètes sont porteurs de patrimoine génétique.

L’anonymat du don, garanti en France, entre en contradiction avec le principe d’indisponibilité du corps et le droit à connaître ses parents. Compte tenu des enjeux éthiques et humains, la loi exige des parents qui recourent au don de gamètes de produire un consentement devant le notaire pour garantir à l’enfant ainsi né d’avoir un père et une mère.

Les débats sur la levée de l’anonymat en matière de procréation artificielle changent de nature avec le développement des méga-bases de données médicales. Un Français de 34 ans, né par insémination avec donneur, a retrouvé son père biologique en utilisant un test génétique effectué auprès d’une société américaine, rendant la levée de l’anonymat rétroactive.

La levée de l’anonymat ne supprime cependant pas l’injustice d’une filiation confuse et éclatée.

Autoconservation des ovocytes : nouvelles pressions sur les femmes

La congélation de ses propres ovocytes, pour une femme, est actuellement possible dans deux situations :

      • en cas de traitement lourd pouvant altérer la fertilité (exemple : cancer),
      • dans le cadre d’un don volontaire.

Réaliser une ponction ovarienne n’est en effet pas dénué de risques pour la santé, et des effets secondaires légers (8 à 14%) ou graves (0,7%) sont à déplorer.

Des professionnels de la procréation, principalement, revendiquent la possibilité pour des femmes jeunes de pouvoir congeler leurs ovocytes « par précaution », sans pathologie liée à l’infertilité, pour être assurées d’avoir des enfants plus tard.

Cette pratique est en réalité une fausse bonne idée : ce n’est pas une assurance maternité et elle aboutirait à de nouvelles pressions sur les femmes.

Pression accrue vers la médicalisation du corps féminin

Le CCNE avait donné un avis défavorable en 2017 en soulignant que « les ovocytes prélevés « jeunes » seraient intégrés après leur fécondation dans un corps qui, lui, aurait vieilli », sans assurance de poursuite d’une grossesse sachant qu’après l’âge de 40 ans les possibilités de grossesse par AMP sont très réduites.

Le volte-face du Comité dans l’avis 129 en septembre 2018 n’a rien d’éthique : il a provoqué des positions divergentes en son sein. Par cette mesure, contrairement à ce qu’avance ce Comité, les femmes perdraient leur autonomie procréative en devenant toujours plus tributaires de la technique.

Ce que cache cette mesure, c’est la volonté de générer des stocks d’ovocytes qui vont continuer d’alimenter des espoirs bien souvent illusoires de grossesses tardives, sachant que le don d’ovocytes n’est pas sans risque pour la donneuse et la receveuse. Le risque de pré-éclampsie, qui est un risque obstétrique majeur pour la mère et pour l’enfant, est multiplié en cas de grossesse tardive. Il l’est encore plus en cas de don d’ovocytes, et encore plus en cas de double don. Les grossesses avec don d’ovocytes ne sont pas des grossesses standards au regard des problèmes immunologiques qu’elles suscitent, qui ne sont pas sans risque pour la femme.

Pression économique

Les sociétés Apple et Google ont provoqué une forte réprobation en France à l’annonce de leur décision de rembourser cette congélation à leurs employées américaines pour procréer plus tard, et ainsi se servir de leur force de travail alors qu’elles étaient encore jeunes.

Cette pratique nous met devant un enjeu majeur d’entrave à la maternité par la pression socio-économique.

La ministre de la Santé elle-même s’alarme d’une telle proposition qui mettrait une pression sur toutes les femmes qui pour la plupart pourront avoir des enfants naturellement le moment venu.

Comme Alliance VITA l’a déjà préconisé lors de la révision de la loi bioéthique en 2011, il est nécessaire de faire des campagnes d’information auprès des jeunes filles et garçons, les alertant sur l’importance de connaître l’horloge biologique et le fait d’avoir des enfants dans leur période de fertilité, relativement jeune. La prévention de l’infertilité passe par une information réaliste sur la fertilité et un réel engagement politique pour favoriser les conditions sociales qui permettent aux femmes jeunes de concilier études plus ou moins longues, entrée dans la vie professionnelle et maternité.

 

IV – Les questions liées aux revendications de recours à l’AMP hors infertilité médicale

Le principe de précaution s’impose par rapport aux revendications actuelles de légaliser l’insémination ou la FIV avec donneur hors infertilité pour des femmes sans partenaire masculin, qu’elles soient seules ou à deux. Les conséquences préoccupantes d’une telle évolution sont en effet multiples.

Suppression de la condition actuelle d’infertilité

Une des conséquences immédiates, si la loi était modifiée dans ce sens, n’a pas été assez étudiée jusqu’à présent : l’AMP devrait alors devenir accessible à tout adulte sans restriction, puisqu’il n’y aurait plus aucune raison de maintenir la cause d’infertilité médicale pour les couples composés d’un homme et d’une femme. Au nom de l’égalité « par ricochet », on ne voit pas en effet pourquoi les conditions resteraient plus restrictives pour ces couples, qui devraient ainsi pouvoir exiger une AMP « pour convenance personnelle ».

Effacement de la paternité

Institutionnaliser l’AMP avec donneur sans partenaire masculin conduit à priver par avance de père les enfants ainsi nés.

Pour 93% des Français, les pères ont un rôle essentiel à jouer pour les enfants selon le sondage IFOP sur les Français et la paternité (juin 2018). Pour 61% des personnes interrogées, « il faut privilégier le besoin de chaque enfant d’avoir un père en réservant la PMA aux couples homme femme ayant un problème d’infertilité ».

On constate donc que la référence aux origines paternelles, non seulement dans l’engendrement mais aussi dans l’éducation, demeure le désir profond des Français pour leurs enfants. Vivre sans l’un des parents qui l’ont conçu (parent absent, décédé, séparation…) n’est pas anodin pour un enfant. C’est la raison pour laquelle la solidarité nationale s’exerce quand un des parents est manquant.

D’une façon générale, il ne faut ni stigmatiser, ni banaliser les situations où les enfants ne bénéficient pas de la complémentarité père/mère.

Basculement vers un marché de la procréation

Sortir l’AMP du contexte médical conduit de façon inéluctable à un basculement vers un « droit à l’enfant » et un marché de la procréation, qu’il soit étatique ou ultralibéral, avec à la clé le risque de marchandisation accrue pour obtenir des gamètes. En Belgique où cette pratique est autorisée et le don est comme en France gratuit, les banques de sperme sont en manque de dons : elles doivent se fournir auprès de banques de sperme payantes danoises pour 80 % des demandes.

Ce marché se nourrit de l’industrialisation des modes de procréation. Il considère les femmes et les hommes comme des fournisseurs de matières premières – ovocytes, sperme, utérus – pour fabriquer des enfants sur commande, voire sur mesure. Avec des exigences croissantes de qualité et la sélection via les outils de diagnostic prénatal et préimplantatoire, la procréation soumise au « marché » ne laisse aucun espoir à la vulnérabilité et l’accueil de personnes handicapées.

L’inéluctable engrenage vers la Gestation pour autrui (GPA) et des mères porteuses

Par effet domino, étendre l’AMP à « toutes les femmes » conduit vers la revendication d’hommes d’accéder à la Gestation pour autrui et le recours à des « mères porteuses », au nom de la non-discrimination entre les femmes et les hommes. Avec la GPA, l’enfant abandonné dès la naissance devient l’objet d’un contrat entre la mère porteuse et les commanditaires, avec toutes les conséquences négatives soulignées par de multiples organismes et personnalités.

Les femmes sont utilisées uniquement pour leurs capacités reproductives, ce qui heurte gravement les principes fondamentaux de non disponibilité et non marchandisation du corps humain.

 

V – Quelles politiques pour demain ?

Les recherches sur l’infertilité et les alternatives au recours à l’AMP sont insuffisantes. Il convient de s’interroger sur les causes de l’explosion de l’infertilité dans nos pays et sur la quasi absence de politique de prévention. Un rapport prévu par la loi bioéthique de 2011 sur les causes de l’infertilité a été rendu en 2012, sans que cela ne soit suivi d’une politique sanitaire volontariste.

  • Renforcer les recherches médicales contre l’infertilité, notamment celles induites par nos modes de vie ou des questions environnementales et celles pour trouver des traitements qui visent à restaurer la fertilité. De nouvelles approches émergent, à partir de l’observation des corps et de leurs rythmes, telles que les naprotechnologies qui pourraient offrir des alternatives à l’AMP et préserver l’autonomie procréative des couples.
    Dans ce but, l’Agence de la biomédecine devrait fournir annuellement un recensement des causes de demandes d’AMP pour orienter la recherche et évaluer des alternatives à l’AMP.
  • Assurer une meilleure information par des campagnes auprès des jeunes
    Comme le recommande le CCNE, « l’information sur la chute de la fertilité des femmes avec l’âge devrait être accessible très tôt à l’ensemble des jeunes », ainsi que « sur les risques d’une grossesse tardive, pour les femmes elles-mêmes et pour l’enfant à naître, sur la diminution du taux de succès des AMP tardives et l’incertitude sur le devenir des enfants nés d’une AMP tardive ».
  • Améliorer les conditions de vie et de travail pour que les couples puissent procréer à un âge plus jeune, comme le recommandent le CCNE et le Comité d’orientation de l’Agence de la Biomédecine. De telles mesures devraient faire l’objet d’un travail approfondi avec les pouvoirs publics, les collectivités locales, les instances médicales et les partenaires sociaux.
  • Préserver la définition originelle de l’AMP : une réponse médicale à une infertilité médicalement constatée. Comme l’a souligné un rapport du Sénat en 2016, supprimer l’exigence de l’infertilité médicale et de l’altérité sexuelle bouleverserait « la conception française de la PMA, en ouvrant la voie à un « droit à l’enfant » et à une procréation de convenance ».
  • Obtenir l’interdiction universelle de la GPA, car il n’existe pas de GPA « éthique ». La France des droits de l’homme doit promouvoir cette initiative au niveau européen, puis mondial, au nom de la non-marchandisation du corps de la femme et du respect de la dignité de l’enfant, qui ne peut être considéré comme une marchandise que l’on pourrait donner ou vendre.

La France n’a pas à s’aligner sur le « moins-disant éthique » : L’idée d’un « droit à l’enfant » est antinomique de la tradition éthique française de non-marchandisation du corps humain et de protection des enfants. Comme avait conclu le Conseil d’État en 2009, la France n’a pas à s’aligner sur le « moins-disant éthique ». La défense du droit de l’enfant est un impératif d’écologie humaine qui transcende tous les clivages. L’État doit assurer la protection du plus fragile contre la loi du plus fort.

Bioéthique : audition parlementaire d’Alliance VITA le 27 août 2019

Bioéthique : audition parlementaire d’Alliance VITA le 27 août 2019

Le 27 août 2019, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, Caroline Roux, déléguée générale adjointe et directrice de VITA International, et Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche, étaient auditionnés, avec d’autres associations, devant la Commission spéciale de bioéthique de l’Assemblée nationale.

 

Verbatim extraits de l’audition :

Tugdual Derville

Pour Alliance VITA, l’aboutissement de ce débat nous fait paraître l’ensemble de ce qui se passe depuis deux ans comme une forme d’enfumage généralisé ; on nous avait promis un débat apaisé, et on a eu des états généraux dont les résultats ont été escamotés, de nombreuses auditions aboutissant à un projet de loi qui pour nous est doublement grave et dangereux :

  • La PMA sans père d’abord, qui escamote le père, est pour nous une grave injustice pour l’enfant. 91 % des Français estiment que le père a un rôle essentiel à jouer ; c’est un basculement absolument inédit qui monopolise, focalise l’attention, et qui est gravissime par ses conséquences (le droit à l’enfant que cela instaure pour tous).
  • Il y a aussi tout le reste, qui est occulté aux yeux des Français, qui ne connaissent pas les conséquences de l’auto-congélation ovocytaire, du double don, de l’effacement de toutes les digues que les lois précédentes avaient prétendu mettre, autour notamment de la protection de l’embryon humain.

Rien de ce que nous avons pu dire au fil des auditions très nombreuses déjà, rien n’a été pris en compte dans ce projet de loi.

Ce que nous pouvons souhaiter pour notre part, c’est que les deux grandes urgences sociétales qui sont occultées aujourd’hui par ce projet de loi soient prises en compte :

  • une politique nationale de lutte contre l’infertilité qui fait absolument défaut
  • une politique de préservation de l’intégrité du patrimoine humain, de l’espèce humaine notamment contre cet eugénisme dont nous avons en France le triste record, et qui risque de s’aggraver par différentes dispositions de la loi bioéthique.

 

Caroline Roux

Nous accompagnons 2500 femmes chaque année sur les questions liées à la maternité, et en particulier à la fertilité ou à l’annonce de handicap, et je dois dire que les couples confrontés à l’infertilité sont les grands oubliés de ce projet de loi.

Aucun couple ne se lance de gaité de cœur dans un parcours d’assistance médicale à la procréation ; il ne le considère pas comme un droit, mais plutôt comme une proposition médicale, alors que ce n’est qu’un palliatif (…) leur souhait profond serait de pouvoir procréer de manière autonome.

Blanche Streb

Dans ce projet de loi nous sommes dans un contexte de procréation artificielle à tout prix avec au milieu l’embryon humain qui est à la fois le grand convoité et le grand instrumentalisé.

En Chine, les premiers bébés génétiquement modifiés sont déjà nés ; en Grèce et en Ukraine, les cliniques de fertilité proposent déjà la FIV 3 parents. Devant cette immense menace le projet de loi répond par une incohérence : la suppression de l’interdit de créer des embryons transgéniques. Il ouvre aussi la voie aux gamètes artificiels.

Il est légitime de se demander jusqu’où nous allons aller dans cette utopie de fabriquer artificiellement l’humain.

Ce projet de loi ouvre aussi, avec les chimères, à une grave rupture anthropologique : celle de la frontière entre l’homme et l’animal, puisqu’il ouvre la possibilité d’introduire des cellules humaines dans des embryons animaux. À partir de quel moment considère-t-on qu’on n’est plus complètement animal, pas tout à fait humain ?

Dans ce projet de loi que tout ce qui est faisable devrait être fait, pour peu qu’il y ait un marché derrière.

En ce qui concerne l’eugénisme aujourd’hui, la technologie qui nous permet de trier les embryons in vitro avec le diagnostic préimplantatoire de plus en plus poussé et efficace (séquençage de l’ADN…). À l’étranger aujourd’hui des cliniques privées proposent à des couples qui ne sont pas infertiles d’avoir recours à des FIV pour pouvoir analyser leurs embryons, par exemple pour le choix du sexe ou éviter des maladies.

On est amené à découvrir des choses qu’on n’était pas venu chercher, des prédispositions, des gènes qui nous donnent des informations médicales. On ne sait pas tout de la génétique, c’est un gros iceberg, on est quand même plus qu’un code génétique, et on n’aura jamais un “bébé zéro défaut” : c’est une utopie dans laquelle il ne faudrait surtout pas s’engager.

Quand des personnes qui sont porteurs de telle ou telle maladie savent qu’aujourd’hui on empêche des embryons atteints des mêmes maladies de vivre, elles se sentent remises en cause dans leur vie personnelle. C’est un projet de société qui est derrière ; la vulnérabilité c’est une condition de la vie humaine, on ne l’éradiquera jamais. Il y a vraiment un enjeu de construire notre société sur une capacité à accueillir la personne fragile, handicapée.

Tugdual Derville

L’ouverture du droit au sperme pour des femmes seules n’ayant pas l’épreuve de l’infertilité s’apparente à un droit à l’enfant ; le désir de l’adulte est exaucé au prix de l’intérêt supérieur de l’enfant.

Quel est le sens d’une société qui commence déjà à proposer aux femmes avancées en âge cette auto-congélation ovocytaire qui va être normée par une loi ? N’est-ce pas une emprise étatique sur le corps des femmes (non pas le marché libéral, américain, dont le président Macron a dit qu’il ne voulait pas, mais un marché à la française, jacobin) ?

Caroline Roux

Sur l’infertilité, aujourd’hui, on se focalise énormément sur l’assistance médicale à la procréation, en oubliant des pans entiers autour de la prévention, comme notamment alerter les jeunes sur la baisse de la fertilité, sur le problème que constituent les grossesses tardives, mais aussi des mesures sociales pour aider les femmes à concilier grossesse et études…

L’Agence de biomédecine pourrait fournir un recensement des causes de demande d’AMP, ça nous aiderait à voir où orienter les recherches, ce qui pourrait améliorer l’aide.

Un rapport demandé par la loi de sur les causes de l’infertilité a été rendu en n’a pas été suivi vraiment de politique volontariste. Je pense qu’il y a beaucoup à faire en ce sens.

Blanche Streb

Il y a des changements importants dans ce projet de loi concernant l’embryon : le changement de régime qui consisterait à passer d’autorisation à déclaration, la suppression de l’obligation de démontrer que ces cellules souches embryonnaires n’ont pas d’alternative.

Il y a aussi cette question de la culture embryonnaire jusqu’à 14 jours ; donc on arriverait à des cellules qui sont différenciées, parce que derrière on pourrait prélever des cellules (…) et donc constituer des traitements, des médicaments à partir de cellules embryonnaires [et donc détruire les embryons]. Voulons-nous des médicaments à partir de cellules embryonnaires ?

Si on met beaucoup beaucoup d’argent, de temps, d’énergie sur un type de recherche, on n’en met pas forcément ailleurs dans des recherches plus éthiques : c’est une question de choix politiques qui est aujourd’hui posée.

Tugdual Derville

Vous disiez que “ça n’impose rien à qui que ce soit” ; nous avons des exemples dans nos services d’écoute, la proposition technique n’est pas neutre, elle fait largement injonction, déjà aujourd’hui, aux femmes de recourir aux techniques qu’on leur propose.

La démocratie fonctionne lorsque des limites sont apportées aux désirs des forts au profit des faibles. Nous estimons qu’il n’y a pas de raison d’imposer à un enfant non encore conçu d’être amputé de son père.

Vous allez imposer à tous le changement de paradigme, le changement de vocabulaire, l’affaissement de la notion de paternité et de maternité. Vous allez imposer à tous de financer une injustice que je récuse, vous allez faire des campagnes de promotion de dons de gamètes pour pouvoir donner à des femmes seules des enfants, et je récuse le fait que mon impôt soit au service d’une injustice gravissime.

Au bout d’un moment, c’est un modèle qui bascule. Des médecins ne se cachent pas d’estimer qu’il vaudrait mieux désormais faire des enfants en éprouvette plutôt que sous la couette de telle sorte qu’on améliore la qualité, qu’on améliore la santé. C’est porter atteinte au principe d’écologie humaine de parité, qui est le plus bafoué dans cette loi, dont nous avons tous bénéficié dans notre engendrement.

Nous avons besoin de l’autre sexe pour procréer, cette dissymétrie est une belle limite. En quoi le législateur s’autoriserait à l’effacer, en inventant des procédés qui escamotent l’homme, le père ?

On nous dit que “tout se passe pour le mieux, dans le meilleur monde homoparental ou monoparental possible” mais ce n’est pas ça le réel. Les associations qui accompagnent des familles en difficulté vous diront, si vous les rencontrez aussi, à quel point c’est difficile et complexe d’élever des enfants dans un cadre où il y a un manque de père. Quand l’enfant a été conçu d’une certaine manière, ou avec un très grand désir, dans certains cas cela fait peser sur l’enfant l’injonction de réussir. Il y a, au fond, un tabou des difficultés éducatives dans un cadre ” homoparental”.

Nous avons été constants dans notre défense du plus fragile, à savoir celui qui est sans visage et sans voix : l’embryon humain ; nous assistons à une politique du glissement continu en matière bioéthique, à chaque fois qu’on nous a garanti qu’il y aurait telles et telles digues, à l’arrivée il n’y a pratiquement plus de bioéthique, et le grand le dindon de la farce est l’être humain lui-même, parce que la conception de l’homme devient instrumentalisée.

Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, ils n’appartiennent pas à l’état non plus, les enfants méritent d’être libres et égaux en droit.

Des personnes concernées par ces sujets auront du mal à témoigner, mais nous en écoutons dans nos services d’aide : c’est très difficile pour elles. Ce sont des personnes qui sont aimées, qui sont désirées, qui sont choyées. Les douleurs ou les difficultés qu’elle éprouvent du fait d’une privation des repères, de l’amputation du père, d’une forme de maltraitance originelle (c’est à dire qui préside à la conception même), c’est très difficile de l’exprimer parce que ce faisant, elles risquent de récuser l’amour sincère qu’on leur porte, et donc de faire une peine immense à celles où à ceux qui les élèvent dans des configurations qui ne sont pas faciles à vivre.  J’ai eu de nombreux témoignages dans nos services d’écoute de situations extrêmement complexes liées à ces bricolages procréatifs.

On nous a promis qu’il n’y aurait jamais cette PMA sans père, nous y sommes ; donc nous avons des raisons plus importantes encore de nous mobiliser, d’autant plus que maintenant on ne peut plus nous dire “Il n’y aura pas la GPA“. Evidemment nous nous mobilisons fortement, nous espérons du débat parlementaire qu’il abordera tous ces sujets et qu’il y aura les témoignages, des expertises prises en compte de manière peut-être un peu moins unilatérale.

Nous avons été entendus, pas été écoutés, et donc nous allons nous faire entendre évidemment dans la rue. Nous espérons que du côté des parlementaires il y aura une vraie liberté de conscience et de vote et pas une forme de pensée unique qui parfois semble se profiler.

Sur des sujets aussi complexes, les Français ne sont absolument pas d’accord les uns avec les autres, il suffit de regarder les sondages d’opinion. Malheureusement ce n’est pas un débat apaisé.

Est-ce vraiment la priorité pour la France ? Voilà qu’on va casser des lois bioéthiques déjà bien fragiles et aussi peut-être renoncer à cette bioéthique à la française, qui jusqu’alors a au moins résisté à la marchandisation des corps, à cet utilitarisme anglo-saxon. On entre dans le marché, et ça pour nous c’est abandonner ce qui fait d’une certaine manière l’âme de la France, pays des droits de la personne.

 

[CP] Bioéthique : audition d’Alliance VITA le 27 août sur la PMA et les biotechnologies

[CP] Bioéthique : audition d’Alliance VITA le 27 août sur la PMA et les biotechnologies

assembleenationale

Ce lundi 26 août, Nicole Belloubet, Garde des sceaux, a indiqué sur RMC-BFMTV que la mention mère-mère apparaîtra sur l’acte de naissance des enfants nés d’un couple de femmes, en posant en première position la femme qui a accouché de l’enfant.

Cette déclaration est révélatrice du désordre et du bouleversement de la filiation que provoquera la PMA sans père.

Alliance VITA sera auditionnée, avec d’autres associations, à l’Assemblée nationale de 18h à 20h (en direct sur LCP). L’association dénoncera les transgressions et les discriminations contenues dans le projet de loi bioéthique, et parmi elles, l’abandon du critère d’infertilité pour les couples souhaitant recourir à la procréation médicalement assistée (PMA). L’association alerte également sur le risque que ferait peser le projet de loi, non seulement sur les générations à venir, mais aussi sur le respect de l’intégrité de l’espèce humaine, s’il demeure en l’état avec la levée des interdictions fondamentales de créer des embryons transgéniques et des embryons chimères (humain – animal). Le projet de loi promeut également des pratiques de plus en plus eugénistes pour les êtres humains avec des nouveaux critères de sélection génétique et d’exclusion. Les couples subiront encore plus de pression anxiogène imposant un enfant « normé ».

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA :
« Avec Blanche Streb et Caroline Roux, nous démontrerons l’injustice, les dangers, les contradictions et les ambigüités des dispositions contenues dans le projet de loi bioéthique. La plupart sont encore ignorées des Français auxquels on fait croire que cette loi peut se résumer en la reconnaissance d’un nouveau droit pour quelques femmes… Nous proposerons aussi une autre approche de la lutte contre l’infertilité – enjeu écologique majeur – et pour l’accueil des personnes handicapées qui sont les deux défis totalement éclipsés par les débats actuels. »

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Rappel : Audition à 18h à l’Assemblée nationale devant la commission spéciale bioéthique
La délégation d’Alliance VITA sera composée de Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, Caroline Roux, déléguée générale adjointe et directrice de VITA international, et Blanche Streb, directrice de la formation d’Alliance VITA.

VITA Tour – été 2019 “Entre générations, osons la découverte !”

VITA Tour – été 2019 “Entre générations, osons la découverte !”

vita tour 2

Pour le 3e été consécutif, du 1er août au 22 août 2019, les équipes de jeunes d’Alliance VITA ont réalisé le VITA Tour, une tournée sur les plages de France, mêlant visites aux personnes âgées et opérations de sensibilisation aux défis du grand âge.

Les jeunes volontaires ont parcouru les littoraux français par équipe, de Tréguier à Crozon, puis de Cannes à Antibes, en passant par la côte Atlantique. Dans chacune des stations balnéaires visitées, ils se sont rendus auprès de personnes âgées dans des EHPAD afin de nouer le dialogue, de vivre un moment simple de joie partagée, de recueillir témoignages et histoires de vie de leurs aînés.

Le lendemain, sur un stand placé près de la plage, les Jeunes de VITA ont interpellé les passants sur leur lien avec les autres générations, et en particulier les personnes les plus âgées de leur entourage (parents, grands-parents et arrière-grands-parents), qui sont parfois délaissées au cours de la période estivale. La proposition leur a également été faite de se faire photographier pour envoyer la photo à leurs proches âgés bien loin d’eux, comme un petit geste d’attention à l’autre.

Le VITA Tour, c’est donc avant tout des jeunes qui, sur leur temps de vacances, s’engagent au service des autres, pour apporter leur modeste pierre à la construction d’une société plus solidaire. Le grand défi de l’âge et du vieillissement, à l’heure où les familles sont bien souvent éparpillées aux quatre coins du pays, est généralement la solitude grandissante vécue par nos aînés. “Entre générations, osons la découverte” : telle est la réponse des Jeunes de VITA à cette problématique, et tel est l’objectif de leur action d’été. Présentes dans plusieurs grandes villes de France, les équipes VITA Jeunes accueillent des étudiants et jeunes professionnels (de 18 à 25 ans) désireux d’approfondir les questions bioéthiques et d’agir au service des plus fragiles.

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Loi Bioéthique : Blanche Streb, invitée de RTL le 24 juillet 2019

Loi Bioéthique : Blanche Streb, invitée de RTL le 24 juillet 2019

Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche d’Alliance VITA et auteur du livre “Bébés sur mesure – le monde des meilleurs” était invitée à donner son avis sur les ondes de RTL le 24 juillet, alors que le projet de loi bioéthique était présenté en Conseil des ministres.

 

Podcast vers le site de RTL 

Quelques verbatim extraits de l’émission :

Les résultats des Etats généraux de la bioéthique ont été balayés d’un revers de manche, alors qu’ils montraient une opposition massive. C’est un vrai déni de démocratie. Il y a une contestation qui gronde et qui risque d’être forte.”

Les enjeux sont au delà de la politique. Ce sont des enjeux majeurs. Derrière la PMA, il y a un énorme basculement : un détournement de la médecine, de la Sécurité sociale et la question de l’approvisionnement du sperme, puisqu’on sait qu’il n’y a pas assez de donneurs. Allons nous tomber dans cette marchandisation des corps ?”

Il y a aussi des sujets extrêmement importants dans cette loi qui ne sont absolument pas débattus, comme la modification de l’ADN des embryons humains. Cela n’est plus interdit dans le projet de loi. Ce sont des méthodes “d’apprentis-sorciers”, formule qu’a utilisée notre ministre Frédérique Vidal.”

L’embryon humain se retrouve être le grand convoité, qu’on veut fabriquer à tout prix, et, de l’autre côté, le grand manipulé. Il y a une perspective eugéniste. On est dans l’idéologie du bébé fabriqué. Aux Etats-Unis, certains couples qui ne sont pas infertiles ont recours à la PMA pour trier leurs embryons, par exemple pour choisir leur sexe. Il y a des enjeux majeurs derrière cette PMA.

Il y a un effilochage permanent de la loi bioéthique. Les digues tombent les unes après les autres. C’est comme un effet domino. Aujourd’hui, on nous dit “pas de GPA”, mais ne soyons pas naïfs. Il y a quelques années, notamment le premier ministre Edouard Philippe, nous disait qu’il s’opposerait résolument à la PMA parce qu’elle conduirait, pour des conditions d’égalité, résolument à la GPA.  La GPA est déjà effective dans notre pays, puisque le droit est extrêmement laxiste sur le sujet. Il y a un vrai abandon du législateur sur cette question.”

 

 

Loi bioéthique : Tugdual Derville, invité de CNEWS le 24 juillet 2019

Loi bioéthique : Tugdual Derville, invité de CNEWS le 24 juillet 2019

Tugdual Derville était l’invité de CNews le 24 juillet 2019 pour réagir au projet de loi bioéthique présenté en Conseil des ministres ce même jour.

Quelques verbatim de cette intervention :

On ampute un enfant d’un père, et l’immense majorité des Français (91%) estiment que le père a un rôle essentiel à jouer. Nous accompagnons, avec Alliance VITA, de nombreuses femmes en difficulté, seules ; Un tiers des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté, et on va financer par la Sécurité sociale la fabrication d’enfants privés de pères délibérément ! C’est une absurdité !

Nous nous mobilisons depuis longtemps ; j’ai pu exprimer au président de la République directement nos arguments absolument fondés : la préservation de l’intérêt supérieur de l’enfant qui ne mérite pas d’être privé d’un père, la médecine qui ne doit pas être détournée au profit d’actes qui ne sont pas médicaux.”

Aujourd’hui, avec le mouvement des Gilets jaunes, on a vu que les Français souffrent de précarité et voilà qu’on va précariser des enfants qui n’ont pas de voix ? L’enjeu est politique ! J’observe qu’on ne tient pas compte de l’intérêt supérieur de cet enfant.”

Il y a, derrière la PMA sans père, beaucoup de mesures qui sont prises, comme l’auto-conservation ovocytaire ; on va dire aux femmes : “congelez vos ovocytes, vous ferez des enfants plus tard, après avoir fait carrière, ça arrangera peut-être vos employeurs”, alors qu’une femme sur quatre seulement qui congèle ses ovocytes peut ensuite, au prix du parcours du combattant de la FIV, avoir un enfant !”

On marche vraiment sur la tête, il y a une colère qui gronde, qui s’est exprimée par l’annonce, par une vingtaine d’associations dont Alliance VITA, d’une grande mobilisation nationale le dimanche 6 octobre 2019 à Paris.”

Je réponds [aux femmes qui font des PMA à l’étranger] bienvenue à leur enfant, je lui souhaite beaucoup de bonheur, mais il ne faut pas passer sous silence la maltraitance originelle : il n’est pas légitime de priver délibérément un enfant de son père ! Il n’est pas légitime non plus que la société finance cette injustice pour les enfants.”

Nous souffrons beaucoup trop d’un manque de pères, d’un manque de repères. Pour faire un enfant, il faut un homme et une femme, et c’est heureux : cette parité originelle est majeure dans notre histoire généalogique.”

Il faut compter plusieurs milliers d’euros par PMA. On vient de dérembourser partiellement des médicaments contre l’hypertension artérielle ; et voilà qu’on va rembourser à 100 % cette injustice ! Les Français ont besoin d’une médecine et d’une Sécurité sociale qui soient curatives, et pas des moyens de répondre à des exigences qui sont, en fait, de convenance.

On va détruire des dizaines de milliers d’embryons aujourd’hui congelés dans nos laboratoires, parce que cette loi oblige à repartir à zéro. On va obliger les donneurs à donner leur nom, sinon ils ne donneront pas. On va déstabiliser tout le système, que nous avons d’ailleurs largement contesté avec Alliance VITA, car cette promesse d’anonymat faite aux donneurs était abusive.”

L’utilitarisme anglo-saxon est à nos portes : des étudiantes espagnoles en difficulté vendent leurs ovocytes, ces cellules les plus précieuses de leurs corps ; est-ce là un progrès pour les femmes ? Aux Etats- Unis, il y a un marché secondaire de l’adoption ; faut-il imiter ce marché où des enfants sont revendus au plus offrant ? C’est un scandale !

La question qui se pose derrière est : est-ce que c’est l’individualisme qui va primer ? Est-ce que tous les désirs, aussi beaux, aussi forts soient-ils, vont s’imposer au plus fragile, au plus faible, à l’enfant ?

Malheureusement, la GPA est la prochaine étape bien sûr : on nous avait dit exactement la même chose au moment de la loi Taubira, il était hors de question qu’il y ait la PMA, et maintenant la voilà. Emmanuel Macron a pu nous dire que la GPA ne serait pas dans la loi. Qu’est-ce qu’on voit ? Que plusieurs de ses ministres se sont positionnés pour cette nouvelle instrumentalisation du corps de la femme. Il y a une logique de déconstruction.

Je suis d’accord avec le premier ministre quand il a lui-même exprimé qu’il s’opposerait résolument à la PMA, et à la GPA qui est l’inéluctable issue de cette réforme, au nom de l’égalité. Il a changé d’avis, parce que les politiques malheureusement retournent leur veste en fonction de ce qu’ils croient juste pour leur carrière personnelle.”

Pour notre part, nous sommes engagés auprès des enfants, et j’appelle les Français à voir ce qu’il y a derrière cette loi. Bien sûr il y a des situations personnelles qu’il faut accompagner, et il ne s’agit pas de jeter la pierre à des personnes qui ont transgressé nos lois éthiques à l’étranger.”

Mais ce n’est pas une raison pour se coucher devant la prise d’otage qu’ils font, il faut donc se mobiliser très fortement, avec une colère qui est légitime, car il s’agit de porter la voix du plus fragile, de l’enfant.

[CP] Bioéthique : mobilisation contre les injustices de la dérégulation éthique

[CP] Bioéthique : mobilisation contre les injustices de la dérégulation éthique

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Alliance VITA constate que le projet de loi bioéthique présenté au Conseil des ministres consacre un effondrement presque complet des digues éthiques que prétendaient poser les précédentes lois, ouvrant la voie à de nouvelles injustices.

1/ L’abandon du critère d’infertilité médicale pour accéder aux techniques de PMA fait de l’enfant une prestation de service, au prix de trois injustices qui concernent tous les citoyens.

  • Les enfants ainsi conçus, privés de leur père et de la moitié de leur histoire généalogique, se verront imposer des généalogies absurdes alors que la grande majorité des Français (91%) considère le rôle du père comme essentiel pour un enfant.
  • La médecine et l’argent des prélèvements sociaux seront détournés au profit de personnes qui ne souffrent d’aucune pathologie ; c’est un enjeu qui concerne tous les Français alors que l’Etat dérembourse des médicaments et qu’un Français sur trois renonce à se soigner pour des raisons financières.
  • La procréation et les produits du corps humain seront livrés aux laboratoires en quête de profits ; l’auto-congélation ovocytaire de convenance pour procréer plus tard par PMA est un des grands scandales de cette loi avec en ligne de mire la mise en place de stocks d’ovocytes qui viendront alimenter les fausses espérances de grossesses tardives.
  • Quoi qu’absente du projet de loi, la GPA qui instrumentalise le corps de la femme est déjà revendiquée comme suite logique du « droit à l’enfant » ouvert par une PMA sans infertilité médicale.

 

2/ L’embryon humain perd ses dernières protections.

  • Il pourra être cultivé et faire l’objet de recherche sur simple déclaration préalable jusqu’à 14 jours.
  • Deux interdits seront levés : la création des embryons transgéniques (par CRISPR-Cas9) pouvant aboutir à la naissance de bébé OGM pourtant tant décrié internationalement et par la France ; et la création d’embryons chimère (mélangeant homme-animal) ; c’est l’intégrité de l’espèce humaine qui est menacée.
  • Sous prétexte de levée d’anonymat du don de gamètes, des milliers d’embryons destinés à être donnés anonymement à des couples infertiles sont voués à être détruits purement et simplement dans l’année qui vient mettant en évidence l’impasse de cette pratique.
  • La porte ouverte à la fabrication de gamètes artificiels nous fait basculer dans des perspectives ubuesques d’une fabrication d’enfants totalement artificialisée.

 

3/ L’être humain fait l’objet de pratiques de plus en plus eugénistes.

  • Avec de nouveaux critères de sélection génétique et d’exclusion, les apprentis sorciers de la procréation peuvent intensifier le tri des embryons.
  • En se dispensant d’en informer les parents, l’IMG pour les mineures, sans condition de délais, se banalise.
  • Le fantasme du bébé à la carte et zéro défaut se profile.
  • Les couples subiront encore plus de pression anxiogène imposant un enfant « normé ».

 

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA :

« Avec ce texte, et après des Etats Généraux alibi, dont on n’a aucunement tenu compte, c’est l’ensemble du dispositif bioéthique français qui basculerait dans la dérégulation. L’encadrement de la PMA et celui de la recherche sur l’embryon posé par les précédentes lois bioéthiques volerait en éclat. Les Français doivent savoir que ce travail de démolition éthique, guidé par une idéologie libertaire et scientiste, conduit à un bouleversement qui affecte tous les Français : l’enfant devient un produit hors-sol, fabriqué selon des normes étatiques. La France a jusqu’ici résisté à la marchandisation du corps ; elle serait précipitée dans le marché mondialisé de la procréation, avec la perspective d’une importation massive de sperme pour faire face à ces nouvelles demandes et, aussi, la mainmise grandissante de la bio-médecine et de l’Etat sur le corps des femmes… Même les CECOS s’en inquiètent. Un tel détournement de la médecine et de l’argent des contribuables n’est en rien justifié. Le président de la République prend la responsabilité de générer le vaste mouvement de résistance qui s’impose pour dénoncer ces injustices et défendre la vie et la dignité des plus fragiles. Nous intensifions donc notre mobilisation à destination des parlementaires et des citoyens, et nous appelons à la manifestation unitaire qui se déroulera le dimanche 6 octobre à Paris sous le label Marchons enfants !  »

marchonsenfants

 

 

 

Alliance VITA sera partie prenante de cette mobilisation.

Loi bioéthique : Blanche Streb, invitée de France Info le 24 juillet 2019

Loi bioéthique : Blanche Streb, invitée de France Info le 24 juillet 2019

Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche d’Alliance VITA, était l’invitée de France Info le 24 juillet 2019 pour réagir au projet de loi bioéthique présenté en Conseil des ministres ce même jour.

 Quelques verbatim extraits de l’émission :

“Il est important que les français comprennent tous les enjeux qu’il y a derrière la PMA : c’est un véritable basculement qui consacre un droit à l’enfant, impliquant l’amputation du père, réduit à un spermatozoïde ou à quelques données médicales disponibles à 18 ans.”

C’est un détournement de la médecine, car il n’y a rien à soigner. C’est aussi un détournement de la solidarité nationale, de la sécurité sociale, car c’est une demande pas un besoin de soin.”

Si on demande aux Français s’ils sont favorables à un nouveau droit, ils le sont. Mais nous avons fait un sondage en nous mettant du côté de l’enfant il y a un mois, pour la fête des pères. 91% des français pensent que le père a un rôle essentiel, et 79% que les enfants qui n’ont pas connu leur père sont défavorisés.”

Il y a une rupture d’égalité du côté des enfants dont certains seront délibérément privés de père.”

Sur l’accès aux origines, ce sont les enfants eux-mêmes nés de dons qui nous disent que ce n’est pas simple à vivre de ne pas connaître ses origines.”

Il y a d’autres injustices dans ce projet de loi, qui tombe devant une fascination technique ou une fascination devant de nouveaux marchés. Se mobiliser est donc un droit mais surtout un devoir.”

Tugdual Derville, sur CNEWS le 11 juillet 2019

Tugdual Derville, sur CNEWS le 11 juillet 2019

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était invité à réagir en direct sur CNews, le 11 juillet 2019, à la suite du décès de Vincent Lambert.

Verbatim extraits de l’émission :

Ma pensée est de me recueillir, comme après chaque décès. Je pense à ses parents, à son épouse, à tous ceux qui l’ont aimé, soigné, protégé. Il y a, derrière lui, 1 700 patients en situation neuro-végétative ou pauci-relationnelle dont les proches se sont inquiétés du fait qu’on provoque la mort d’une personne si dépendante.”

C’est tout le mystère d’une vie dépendante qui est posé. Vincent Lambert n’était pas en fin de vie il y a 10 jours ; il a été mis en fin de vie et je ressens un malaise. Je crois qu’on aurait dû, on aurait pu, s’en sortir par le haut en acceptant que Vincent Lambert soit accueilli dans un établissement adapté à son état.”

Ces établissements, j’en ai visités et je crois que ces événements si douloureux ont permis de les connaître, de vérifier à quel point les médecins sont dévoués auprès de ces patients, ainsi que les proches, malgré la douleur.”

Je milite, avec Alliance VITA, contre l’acharnement thérapeutique et contre l’euthanasie. La médecine très technique sauve, nous sauve, et parfois nous remet sur pied, et tant mieux, mais parfois on vit avec des séquelles, de très lourdes séquelles, et je crois que tout l’honneur de la société est de continuer de prendre soin de ces personnes.”

Faire preuve d’humanité, c’est accorder du prix aux vies que nous risquons de mépriser parce que ces vies-là nous rappellent notre propre vulnérabilité. Il y a une question de société entre la toute puissance et le risque de passage à l’acte.

Personne ne veut être dans une situation neuro-végétative, mais quand une personne s’y retrouve, il faut prendre soin d’elle. Il ne s’agit pas de se projeter en elle, mais de la protéger.”

 

Loi bioéthique : Tugdual Derville, dans l’émission ” À la Source” le 9 juillet 2019

Loi bioéthique : Tugdual Derville, dans l’émission ” À la Source” le 9 juillet 2019

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était l’invité d’Etienne Loraillère, le 9 juillet 2019, dans l’émission “À la Source” pour aborder le projet de loi bioéthique qui sera présenté au Parlement en septembre.

 

Quelques verbatim issus de l’émission :

On a complètement passé sous silence les résultats des Etats généraux de la bioéthique par le fait que les conclusions ne correspondaient pas à ce que le gouvernement voulait faire passer.”

Aujourd’hui il n’y a que 5% des enfants nés de Procréation médicalement assistée qui naissent d’un donneur. A partir du moment où on l’ouvre à des femmes qui n’ont pas de problème d’infertilité, on casse tout ce qu’on avait construit avec la loi bioéthique précédente comme régulation a minima de cette procréation artificielle. N’importe qui pourra demander la PMA désormais. On passe à un marché de la procréation étatisé. C’est un changement radical.”

Il y a un grand paradoxe : on est dans une culture de l’ultra-individualisme mais nous sommes extrêmement dépendants les uns des autres. Nous avons fait faire, à Alliance VITA, des sondages d’opinion successifs sur l’attachement des Français au père, et voilà qu’une loi va amputer définitivement toute idée de père pour certains enfants ! Cette loi méprise l’intérêt fondamental du plus fragile, l’enfant. Les générations futures nous jugeront peut-être sur les très graves dérives qu’on leur aura fait subir en ne transmettant pas des repères essentiels dont nous avons tous hérité dans notre généalogie : nous sommes tous nés d’un homme et d’une femme.”

Les Français, s’ils étaient pleinement conscients, seraient totalement effarés de voir que, alors qu’il n’y a pas de problème d’infertilité, on va utiliser des techniques qui sont dites « médicales » qui vont être remboursées par nos impôts ; on va rembourser, financer l’injustice – plusieurs milliers d’euros pour chaque PMA – et puis ensuite, toutes ces personnes auront droit, si nous ne résistons pas, à toutes les allocations qui sont prévues pour aider des familles monoparentales qui vivent avec le poids de devoir élever seules des enfants, et ce sont souvent des femmes. Nous allons créer des situations sociales de précarité que nous allons devoir financer. On marche sur la tête.

La gestation par autrui est la conséquence inéluctable de cette procréation médicalement assistée dont on nous disait, il y a 5 ans, qu’elle n’adviendrait pas. Les gouvernements successifs font des promesses de digues qui ne tiennent pas avec le suivant. Il faut voir les conséquences : une forme d’atomisation de la société dans l’individualisme, dont le plus fragile fait toujours les frais. L’embryon humain qui n’a pas de voix, l’enfant qui est sans défense.

La loi est extrêmement complexe : sur l’embryon, il n’y a plus d’interdiction explicite d’embryons chimère-animal, dans leur fabrication ; il n’y a plus d’interdiction d’embryons génétiquement modifiés (la naissance sera interdite, mais pas l’embryon). L’interruption médicale de grossesse pourra être pratiquée sur des mineures, sans que les parents soient prévenus de cette situation très douloureuse…..”

C’est un glissement qui provoque une vraie colère. Nous espérons que beaucoup de Français de toutes sensibilités se mobiliseront pour l’enfant, sans se laisser prendre de court par un gouvernement qui a envie de passer très vite à autre chose pour éviter un mouvement social qu’il redoute.