[CP] – PPL IVG : Alliance VITA dénonce un faux débat

[CP] – PPL IVG : Alliance VITA dénonce un faux débat

adobestock 75199852

Alliance VITA dénonce un faux débat, déconnecté de la réalité vécue par les femmes, et demande la suspension du processus législatif tant qu’un vrai bilan des causes, des conditions et des conséquences de l’avortement n’aura pas été établi.

Tout au long des débats, la revendication constante d’un « droit à l’avortement » a empêché de faire entendre la voix des femmes enceintes confrontées à une grossesse inattendue et qui se tournent vers l’IVG à contrecœur. C’est une illusion de croire que toutes les femmes avortent librement et par véritable choix. Les députés ont ignoré la situation de nombreuses femmes qui sont soumises à des pressions et à des difficultés économiques et sociales, quand elles font face à une grossesse non planifiée.

L’allongement des délais de l’IVG voté par l’Assemblée constitue une violence dans la mesure où cette loi ne propose aucune alternative ou soutien spécifique pour celles qui souhaitent éviter l’avortement. En outre, la suppression d’un délai de réflexion de 48 heures pour les mineures est gravement attentatoire à leur liberté et constitue une pression supplémentaire vers l’avortement.

Enfin, le vote d’un amendement légalisant la pratique de l’IVG chirurgicale par les sages-femmes jusqu’à 14 semaines de grossesse confirme les excès de cette loi.

En revanche, nous saluons les députés qui ont permis de réintroduire la clause de conscience spécifique des soignants, garante de leur liberté fondamentale.

« Dans ce contexte, nous demandons la suspension du processus législatif tant qu’un vrai bilan des causes, des conditions et des conséquences de l’avortement n’aura pas été établi. La véritable priorité est à la protection des femmes enceintes contre les violences et les pressions, par la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention de l’avortement, » déclareCaroline Roux, Directrice générale adjointe d’Alliance VITA.

Contact presse Claire-Anne Brulé + 33(0)6 67 77 14 80 contactpresse@alliancevita.org
[ Happening ] Allongement des délais : Violence faite aux femmes

[ Happening ] Allongement des délais : Violence faite aux femmes

Alliance VITA était mobilisée devant l’Assemblée nationale pour protester contre l’allongement des délais légaux de recours à l’IVG et pour réclamer une véritable politique de prévention de l’avortement.

Télécharger le dossier de presse

 

[CP] – PPL IVG : une loi gravement déconnectée de la réalité

[CP] – PPL IVG : une loi gravement déconnectée de la réalité

assemblée nationale

Le 29 novembre, les députés examineront en deuxième lecture la proposition de loi relative au « renforcement du droit à l’avortement » qui prévoit notamment l’allongement des délais de 12 à 14 semaines de grossesse et la suppression de la clause de conscience spécifique des soignants.

Alliance VITA dénonce des mesures déconnectées de la réalité vécue par les femmes et demande la suspension du processus législatif tant qu’un vrai bilan des causes, des conditions et des conséquences de l’avortement n’aura pas été établi.

La revendication d’un « droit à l’avortement » empêche de regarder objectivement la réalité de l’IVG, de parler de ce que vivent les femmes et des soutiens qui pourraient leur être apportés pour l’éviter.

Les révisions successives de la loi sur l’avortement ont supprimé progressivement toutes les mesures qui pouvaient soutenir les femmes, en particulier l’information sur les aides et les droits des femmes enceintes délivrées lors des consultations d’IVG.  En outre, aucune étude d’évaluation n’a été réalisée quant à l’impact de ces évolutions sur la vie des femmes alors qu’il s’agit d’un acte irréversible qui met des vies en jeu. D’ailleurs selon un sondage IFOP réalisé en octobre 2020, 92% des Français estiment que “l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes” et près de trois quart (73%) d’entre eux jugent également que “la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’Interruption Volontaire de Grossesse”.

C’est une illusion de croire que toutes les femmes avortent librement et par véritable choix.

En particulier, l’avortement s’avère un marqueur d’inégalité sociale qui doit alerter les pouvoirs publics. Pour la première fois, les données sur l’IVG ont été appariées avec des données fiscales (DREES 2020), démontrant ainsi une corrélation nette entre niveau de vie et IVG : il en ressort que les femmes aux revenus les plus faibles y ont davantage recours

Dans ce contexte, allonger les délais sans qu’aucun soutien ne soit proposé pour rendre possible la poursuite d’une grossesse est terriblement injuste.

Pour Caroline Roux, Directrice générale adjointe d’Alliance VITA : « Nous constatons que bien des femmes, jeunes ou moins jeunes, enceintes sans l’avoir planifié, se tournent vers l’IVG à contrecœur sous la pression de leur compagnon, de l’entourage, ou encore par peur de perdre leur emploi. La prolongation des délais de l’IVG marque le déni de la réalité et des besoins des femmes : cette mesure constitue une grande violence à leur endroit d’autant que cette loi ne propose aucune alternative ou soutien spécifique. Plutôt qu’allonger les délais, l’urgence est à la protection des femmes contre les violences et les pressions par la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention de l’avortement. »

 

Alliance VITA organise un happening devant l’Assemblée nationale le lundi 29 novembre à 18h30

Conférence de La Haye : petits pas vers la GPA ?

Conférence de La Haye : petits pas vers la GPA ?

montage

 

On connait bien la Conférence de La Haye pour son travail sur la Convention pour l’adoption internationale, en 1993. Cette institution intergouvernementale regroupe à ce jour 89 Etats. La France en fait partie. Les juristes qui la composent s’intéressent principalement aux questions de droit international privé. Ils élaborent des conventions internationales qu’ensuite les différents Etats choisissent, ou non, de ratifier.

Depuis 2015, la Conférence de La Haye a mis en place un groupe de travail sur la Gestation pour autrui (GPA) pour créer des règles internationales de filiation pour les enfants nés de cette pratique, qui reste interdite dans de nombreux pays.

Ce groupe de travail intitulé « Filiation/Maternité de substitution » est composé de fonctionnaires des ministères de la justice, d’avocats, d’universitaires et d’associations qui sont simplement « observatrices », comme l’Unicef. Le Groupe d’experts s’est retrouvé neuf fois en 7 ans, des rapports extrêmement succincts sont disponibles sur leur site.

La CIAMS, collectif d’associations féministes qui milite pour l’abolition de la GPA, dénonce depuis longtemps ce travail souterrain. Pour elle « vouloir harmoniser ainsi les règles de filiation revient à légitimer la pratique elle-même et à organiser la GPA à l’échelle mondiale ». Depuis 2020, elle dénonce le fait que « La Conférence de La Haye s’efforce de réglementer la maternité de substitution. Il s’agit d’un véritable chèque en blanc pour le commerce mondialisé des mères porteuses dans les pays les plus pauvres du monde ». La Ciams porte depuis un an un « Projet de convention internationale pour l’abolition de la maternité de substitution ».

Même lever de bouclier pour le Corp, Collectif Pour le respect de la personne. « On ne peut prétendre sécuriser un enfant en entérinant un processus au cours duquel il a été vendu et acheté, en le traitant comme un objet et en le coupant de ses origines » dénonce sa présidente, Ana-Luana Stoicea-Deram. La coauteure du livre Les Marchés de la maternité (2021, Odile Jacob) pointe du doigt le puissant lobbying des cliniques américaines de procréation à La Haye.

La remise du rapport du groupe de travail est prévue en 2023.

Pour Alliance VITA, membre du collectif No Maternity Traffic qui a alerté dès 2015 par une contribution écrite sur les graves atteintes aux droits des femmes et des enfants que provoque la pratique de la gestation pour autrui : « Il devient plus qu’urgent de réaffirmer le principe selon lequel le corps humain ne peut faire l’objet de contrats. La GPA, commerciale ou gratuite, est une pratique qui instrumentalise le corps des femmes et qui est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. Tolérer la GPA, sous quelque forme que ce soit, revient à en accepter les mécanismes d’exploitation des femmes et des enfants qu’elle exige. Et c’est passer volontairement sous silence qu’il s’agit d’un marché de plusieurs millions de dollars».

 

Pour aller plus loin :
Dossier bioéthique d’Alliance VITA
Déconstruire la GPA « éthique », VITA 2021

Analyse : Proposition de loi n° 3879 relative au renforcement du droit à l’avortement

Analyse : Proposition de loi n° 3879 relative au renforcement du droit à l’avortement

header

 

L’urgence d’un vrai bilan sur l’avortement en France

 

Le 29 novembre prochain, l’Assemblée nationale examinera, en deuxième lecture, la proposition de loi n°3879 relative au renforcement du droit à l’avortement, adoptée en 1ère lecture à l’initiative de Mme Albane GAILLOT. Prétendant que l’accès à l’IVG serait, aujourd’hui, de plus en plus difficile, le texte prévoit l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG de douze à quatorze semaines et la suppression de la clause de conscience des professionnels de santé.

D’autres mesures aggravent ce texte :
– Allongement du délai d’IVG à domicile de 5 à 7 semaines de grossesse (qui a fait l’objet d’une requête d’Alliance VITA auprès du Conseil d’Etat) ;
– Pratique de l’IVG chirurgicale par les sages-femmes avant 10 semaines de grossesse ;
– Suppression du délai de 48 heures entre les deux consultations d’IVG, en cas de consultation psychosociale (obligatoire pour les mineures) ;

D’autre part, deux rapports d’évaluation doivent être remis au Parlement par le gouvernement concernant le dispositif d’accès des femmes à l’interruption volontaire de grossesse et sur l’application de la législation relative au délit d’entrave à l’IVG.

I) Le nombre d’IVG à un niveau record

Après un nombre record d’avortements en 2019, 222 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en France en 2020. La pandémie de Covid-19 et les mesures prises pour limiter sa diffusion ont eu un impact sur les conceptions durant le premier confinement, entraînant la diminution des naissances observées en 2020, et aussi celle des IVG.

Si les plus forts taux d’avortement demeurent dans la tranche des 20 – 29 ans (25, 7 pour 1000 pour les 20-24 ans et 27,1 pour 1000 pour les 25-29 ans), l’étude note que les femmes trentenaires ont davantage recours à l’IVG depuis les années 2010.

En 2019, 232 200 interruptions volontaires de grossesse (IVG) avaient été réalisées en France, contre 224 300 en 2018, soit une hausse de 3,5 %. 217 500 concernaient des femmes résidant en métropole. Le taux de recours à l’IVG était alors à son niveau le plus élevé depuis 1990 soit 16, 1 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. Il atteignait 15,6 IVG en métropole et 28,2 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), alors que le nombre des naissances est en déclin depuis 2014.

Le nombre élevé des IVG pratiquées démontre que l’accès à l’avortement n’est pas entravé. En comparaison, le taux français d’IVG représente plus du double de celui de l’Allemagne.

Par contre l’avortement peut s’avérer un marqueur d’inégalité sociale qui doit alerter les pouvoirs publics. Pour la première fois, les données sur l’IVG ont été appariées avec des données fiscales pour l’année 2016, démontrant ainsi une corrélation nette entre niveau de vie et IVG : il en ressort que les femmes aux revenus les plus faibles y ont davantage recours.

D’autre part, la dernière enquête de l’UNAF (Union nationale des associations familiales), parue le 14 janvier 2021, révèle que les Français souhaiteraient avoir en moyenne un enfant de plus. Parmi les facteurs bloquant cette réalisation du désir d’enfant, il y aurait les difficultés matérielles et financières des familles ne leur permettant pas de s’agrandir (enjeu de trouver un emploi stable, un logement fixe et décent, etc.). Il y a également l’équilibre difficile entre la vie privée et professionnelle, avec un emploi du temps peu aménageable. Enfin, les politiques publiques de prestations et de prélèvements s’avèrent de moins en moins avantageuses pour les parents, avec des coupes budgétaires importantes et une augmentation du budget pour le logement.

Convaincue que la nécessité est plus que jamais à la prévention de l’avortement, Alliance VITA analyse ici les dispositions de la proposition de loi, les dernières évolutions de l’avortement en France et formule des propositions.

II) Des dispositions particulièrement contestables dans la proposition de loi initiale

1) L’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse.

 

Des chiffres démentis

L’exposé des motifs de la proposition de loi affirme que « 3 000 à 5 000 femmes partent avorter à l’étranger, pour raison de dépassement des délais légaux en France ». C’est le même chiffre qui avait été avancé lors de l’allongement des délais en 2001. Les pays receveurs – Belgique et Espagne, en particulier – ne confirment pas ces chiffres.

Selon les données consignées dans le rapport de la Délégation aux droits des femmes du 16 septembre 2020 sur l’accès à l’interruption volontaire de de grossesse (IVG), les estimations variaient de 80 à 1000 Françaises venant subir une IVG hors délai en Espagne et de 810 Françaises s’étant rendu aux Pays-Bas en 2018.

Dans son opinion sur l’allongement du délai légal d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse publiée en décembre 2020, le Comité consultatif national d’éthique se fonde sur des estimations approximatives du nombre de femmes qui dépasseraient les délais légaux en France, considéré selon eux entre 1500 et 2000 en 2018. En 2018, 31 Françaises non résidentes ont été prises en charge en Grande Bretagne, 810 aux Pays-Bas, un chiffre en constante diminution (réduction de moitié depuis 2011), et 250 en Espagne (chiffre estimé). Au total c’est une peu plus d’un millier. D’autre part le CCNE évoque une étude publiée en 2020 (Zordo et al.) effectuées sur 204 femmes dont 47 Françaises qui ont eu recours à l’IVG en Angleterre, aux Pays-Bas et en Espagne. Elle laisse apparaitre le chiffre médian de 19 semaines pour la prise en charge de l’IVG.

Nous ne disposons aujourd’hui d’aucune analyse fiable ni sur les chiffres ni sur les raisons pour lesquelles un certain nombre de femmes iraient à l’étranger. Ces données pourraient nous éclairer sur les carences éventuelles des politiques publiques et les politiques de prévention à conduire.

La crise sanitaire n’a pas provoqué d’IVG plus tardives.

Alors que les partisans de l’allongement des délais de recours à l’avortement avaient agité la menace d’une hausse d’IVG tardives à cause de la pandémie en 2020 pour faire pression sur les pouvoirs publics, les chiffres montrent que la crise sanitaire n’a pas entrainé un décalage des IVG dans le temps, comme le souligne le dernier rapport de la DREES sur les statistiques de l’IVG de 2020.

 « Effectuer une IVG à quatorze semaines de grossesse n’a rien d’anodin. »

Dans l’exposé des motifs de la proposition de loi, on peut lire « qu’aucun argument médical ou scientifique ne justifie de s’opposer à l’allongement des délais ». En réalité, sur un plan médical, l’opération est rendue plus complexe compte tenu de la plus grande taille du fœtus.

Dans un communiqué, l’Académie nationale de médecine s’est opposée à l’allongement du délai légal d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines en ces termes : « En portant ce délai à 16 semaines d’aménorrhée [14 semaines de gestation, ndlr], on augmente le recours à des manœuvres chirurgicales qui peuvent être dangereuses pour les femmes et à une dilatation du col plus importante susceptible de provoquer des complications à long terme comme un accouchement prématuré. » Pour l’académie, « cet allongement entraînera inéluctablement une augmentation significative des complications à court ou à long terme ».

Le Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF) a, quant à lui, fait part de ses réserves au sujet de l’allongement du délai légal de l’IVG de 14 à 16 semaines considérant que “le geste d’IVG chirurgicale entre 14 et 16 SA change de nature” : « à 14 SA une aspiration du contenu utérin est encore possible. A 16 SA, il est nécessaire de dilater davantage le col utérin au risque de créer des lésions définitives, pouvant être responsables d’accouchements prématurés ultérieurs”, détaille le Collège des gynécologues-obstétriciens, citant les mêmes problématiques que l’Académie de médecine. Le Collège estime en outre que “les gestes nécessaires au-delà de 14 SA peuvent donc être sources de complications pour les femmes et leur pénibilité pourrait entraîner une désaffection des professionnels de santé qui les réalisent aujourd’hui. »

Le professeur Nisand, président du CNGOF (Collège National des gynécologues et obstétriciens) reconnait qu’il s’agit d’un acte lourd « Concrètement, à douze semaines, un fœtus mesure 85 millimètres, de la tête aux fesses. A quatorze, il mesure 120 mm et a la tête ossifiée. Ce qui veut dire qu’il faut couper le fœtus en morceaux et écraser sa tête pour le sortir du ventre. On peut donc comprendre que ce soit assez difficile à réaliser pour beaucoup de professionnels. »

Si le CCNE dit ne pas voir d’objection, sur le plan médical, à cet allongement de délais, il reconnaît pourtant que plus l’avortement est tardif, plus ses conséquences psychologiques sont lourdes pour les femmes et aussi pour les soignants. En ce qui concerne les suites, le site Ameli.fr précise que « pour les grossesses de plus de 15 semaines d’aménorrhée (ou 13 semaines de grossesse), un traitement peut être prescrit pour faciliter les suites de couches et éviter la montée de lait ».

La France n’est pas en retard

Le 13 octobre, sur France Info, le ministre de la Santé, Olivier Véran, affirmait que la France se situait en 18ème position sur 27 en Europe concernant le délai de l’IVG, qui serait inférieur à la moyenne européenne. Plusieurs articles de presse remettent en cause ces propos :

« Allongement du délai de l’IVG : la France est-elle vraiment en retard sur ses voisins ? » sur lci.fr

« IVG : la France est-elle à la traîne sur les délais légaux en Europe, comme l’affirme Olivier Véran ? » sur francetvinfo.fr

Aucun soutien n’est proposé dans la proposition de loi

Avorter hors délai peut être le résultat d’une forte détresse et peut également être signe de forte pression sociale ou en provenance de l’entourage.

La condition des femmes enceintes faisant face à une détresse mérite toute l’attention de la société. Le regard extérieur posé sur les situations personnelles peut avoir un impact déterminant sur la poursuite ou non d’une grossesse, spécialement quand des perspectives d’accompagnement et de soutien ne sont pas offertes. Des femmes avouent leur déchirement d’avorter de leur enfant à naître à cause de leur situation matérielle, affective ou psychique. Cela doit nous interroger collectivement sur les réelles solidarités à exercer. Une détresse doit toujours être écoutée. Et la réponse à une détresse, c’est d’en combattre les causes, et de la soulager en accompagnant et en soutenant les femmes dans leurs besoins. L’IVG ne devrait jamais s’imposer comme une solution de fatalité. C’est en réalité discriminatoire et d’une grande violence pour les femmes. 

Or en regard de cette disposition d’allongement des délais, aucune alternative ou soutien spécifique n’est proposé dans cette loi. 

 

2) La suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG

 

Cette proposition de loi supprime la clause de conscience spécifique. Le texte en l’état ne retient que le fait de soumettre le refus de pratiquer une IVG au devoir de communiquer le nom d’un autre praticien, seulement pour les médecins et les sages-femmes :

« Un médecin ou une sage‑femme qui refuse de pratiquer une interruption volontaire de grossesse doit informer, sans délai, l’intéressée de son refus et lui communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention selon les modalités prévues à l’article L. 2212‑2 »

Cela aboutit en réalité à une inversion des charges : ne pas être tenu de pratiquer un acte est différent de refuser de le pratiquer. Il ne s’agit plus de clause de conscience.

D’après les auteurs de la proposition de loi, il y aurait une « double clause de conscience », une spécifique à l’IVG et l’autre de nature générale, qui figurerait dans le code de déontologie du médecin (article R.4127-47). Les deux clauses auraient la même portée et concerneraient tout le personnel soignant. Et donc il y aurait une clause de trop (celle de l’article L2212-8 du code la santé publique), qu’il faudrait supprimer pour ne pas « stigmatiser » l’IVG par rapport aux autres actes médicaux.

Cet argument est fallacieux pour au moins quatre raisons :

1° La clause générale existait avant la loi de 1975 sur l’avortement.  Si donc le législateur a cru bon d’en introduire une spécifique à l’occasion du vote de cette loi, c’est bien qu’il fallait une protection supplémentaire pour le médecin, compte tenu de la portée de l’acte en cause. Refuser de supprimer une vie n’est pas la même chose que de refuser de prendre en charge un patient qui se présente, ou refuser de prescrire certains traitements médicaux.

2° La clause générale du médecin est de portée plus restreinte. Celle-ci commence par le principe suivant : « Quelles que soient les circonstances, la continuité des soins aux malades doit être assurée. » Ce principe limite le pouvoir d’appréciation du médecin dans au moins deux circonstances citées dans le texte, « le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité ». Ce cadre juridique est de fait plus restrictif et plus contraignant pour le médecin que l’affirmation solennelle selon laquelle « un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une interruption volontaire de grossesse ».

3° La clause générale n’est pas de nature législative, mais réglementaire. La différence est fondamentale. Une loi apporte une garantie de liberté bien meilleure qu’un décret ministériel. Une loi ne peut être modifiée que par une autre loi discutée au Parlement, avec des débats, des amendements, des votes, une censure possible du Conseil constitutionnel, etc. Un décret peut être modifié du jour au lendemain par le gouvernement, sans contrainte particulière auprès de l’opinion publique ou des élus. Si on supprime la clause de conscience de l’article L2212-8 du code de la santé publique, de nature législative, il ne restera plus que celle de l’article R.4127-47, de nature réglementaire, donc beaucoup moins protectrice.

4° La clause générale n’existe pas pour tous les autres personnels soignants. Certes, une clause générale similaire à celle du médecin existe pour des sages-femmes (article R.4127-328 du code de la santé publique), et pour la profession d’infirmier (article R.4312-12 du même code). Mais ces clauses générales, de nature réglementaire, comportent les mêmes limites et conditions que celle du médecin (voir analyses dans le 2° et le 3°). Par ailleurs, il existe d’autres professions qui n’ont pas de clause générale et qui pourraient être amenées à participer, de près ou de loin, à la réalisation d’une IVG, comme par exemple celle d’aide-soignant. Or la clause spécifique IVG dispose clairement que « Aucune sage-femme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu’il soit, n’est tenu de concourir à une interruption de grossesse. »

On ne peut en effet pas forcer un professionnel à agir en contradiction formelle avec sa conscience. Il s’agit d’un droit fondamental des soignants qui sont tenus d’agir en responsabilité et de manière éclairée. Le CCNE rappelle d’ailleurs que l’IVG est un « acte médical singulier » qui justifie le maintien de la clause de conscience spécifique pour les professionnels de santé. L’Ordre des médecins s’est, de son côté, opposé à la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG, deuxième mesure phare de cette proposition de loi. L’organisation juge que «ni la disparition de la clause de conscience ni l’allongement des délais légaux […] ne permettront de répondre aux difficultés qui peuvent, aujourd’hui encore, se poser à nos concitoyennes souhaitant avoir recours à une IVG ».

Supprimer cette clause reviendrait à transformer les professionnels de santé en prestataires de service ce qui remettrait en cause la spécificité de ces professions, à l’encontre de la déontologie médicale. De nombreux professionnels seraient alors insécurisés. Interdire la liberté de conscience, c’est la porte ouverte à des discriminations contraignant certains à abandonner leur métier. Autant dire qu’il s’agit d’une atteinte à la liberté d’expression et de pensée contraire aux droits de l’Homme.

III) De nouvelles dispositions introduites en commission des affaires sociales en 2nde lecture

1) L’allongement du délai de recours à l’IVG médicamenteuse en ville de 5 à 7 semaines de grossesse.

 

Déjà hautement contestable, cette disposition autorisée par la loi d’état d’urgence ne saurait être pérennisée. En effet, elle met en danger la santé physique et psychologique des femmes du fait de l’augmentation de la douleur et de la détresse psychologique entrainée par l’allongement du délai.

L’IVG médicamenteuse est souvent difficile à vivre car la femme est confrontée seule à la douleur et l’expulsion du fœtus. Les anti-douleurs prescrits soulagent plus ou moins cette douleur alors que l’isolement ajoute à la détresse psychologique. Une étude de l’INSERM publiée en 2014 souligne que « 27% des femmes ayant réalisé une IVG médicamenteuse ont ressenti des douleurs très intenses au 3ème jour de l’IVG. 83% des femmes affirment avoir pris des antidouleurs lors des cinq jours du traitement¹. Plus d’1 femme sur 4 a également déclaré avoir été inquiète des saignements provoqués par la prise des médicaments. ».

 

2) La pratique de l’IVG chirurgicale par les sages-femmes

 

La formation et la qualification d’une sage-femme n’étant pas celle d’un médecin, aussi bien pour des raisons de sécurité évidentes qu’eu égard à la nature même de la mission des sages-femmes. Le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) s’oppose à la pratique de l’IVG par les sages-femmes : « Il est aisé et apparemment généreux de décréter une compétence chirurgicale aux sages-femmes, alors que les conditions de l’acquisition de cette compétence ne sont et ne seront pas avant longtemps remplies. Il s’agit surtout d’une tromperie envers les sages-femmes et de faux espoirs pour les femmes et sans aucun impact sur l’accès à l’IVG. »

L’Académie nationale de médecine s’y oppose également dans l’avis de son Comité d’éthique 12 janvier 2021.

 

3) Suppression du délai de 48 heures entre les deux consultations d’IVG, en cas de consultation psychosociale (obligatoire pour les mineures)

 

La loi Santé du 26 janvier 2016 a supprimé le délai de réflexion de 7 jours entre la première consultation d’avortement et la seconde au cours de laquelle elle doit confirmer par écrit sa demande. Cependant la loi prévoit qu’un entretien préalable supplémentaire doit être systématiquement proposé « au cours duquel une assistance ou des conseils appropriés à la situation de l’intéressée lui sont apportés » (art. 2212-4 du code de la santé publique). Cet entretien est obligatoire pour les mineures. Un délai de deux jours a été maintenu pour toutes les femmes qui suivent cet entretien préalable, avant de pouvoir confirmer par écrit la demande d’IVG. Supprimer ce délai de réflexion de deux jours, déjà très courts, alors que l’IVG concerne un geste scellant le destin d’une existence humaine, ne respecte pas les femmes, spécialement les jeunes mineures. Par contre la loi impose 2 semaines de réflexion avant une chirurgie esthétique.

Cette disposition est gravement attentatoire à la liberté de la femme avec un risque de précipitation vers l’avortement, qui pourrait en l’absence de délai de réflexion, se pratiquer dans la foulée d’un entretien préalable.

IV) Faut-il de nouveau légiférer?

Depuis 1975, le législateur n’a cessé d’intervenir pour étendre la loi.

  • 1975 : loi dite « Veil » : pour 5 ans à titre expérimental
    • IVG pour « détresse » (jusqu’à 10 semaines de grossesse),
    • IMG si la grossesse met en péril grave la santé de la femme ou qu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité (sans délai jusqu’à la naissance).
  • 1979 : Reconduction de la loi de 1975 sans limite de temps
    • Abandon de la promesse de mise en place de commissions d’aides à la maternité.
  • 1982 : loi instaurant le remboursement de l’IVG par la Sécurité Sociale.
  • 1993 : loi dite « Neiertz » instaurant un « délit d’entrave à l’IVG ».
  • 2001 : loi dite «Aubry» :
    • Extension du délai légal de l’IVG qui passe de 10 à 12 semaines de grossesse,
    • Suppression de l’entretien préalable obligatoire, sauf pour les mineures,
    • Suppression de l’autorisation parentale pour les mineures,
    • Suppression du droit à l’objection de conscience pour les chefs de service,
    • IVG médicamenteuse (par RU 486) autorisée “à domicile” par des médecins de ville agréés,
    • Autorisation de la publicité pour l’avortement.
  • 2007 : Autorisation de la prescription de l’IVG médicamenteuse ”à domicile” aux centres de santé et aux centres de planification ou d’éducation familiales (CPEF) agréés.
  • 2012 : Hausse de 50% des “forfaits IVG” payés aux établissements de santé.
  • 2013 : Remboursement de l’IVG à 100% par la Sécurité sociale.
  • 2014 : Loi sur l’égalité femmes-hommes :
    • Suppression de la notion de détresse pour l’IVG,
    • Délit d’entrave à l’IVG élargi à l’accès à l’information,
    • Résolution à l’Assemblée nationale pour réaffirmer le « droit fondamental à l’IVG ».
  • 2015 : Loi « Santé » :
    • Suppression du délai de réflexion d’une semaine pour l’IVG,
    • Autorisation de la pratique des IVG médicamenteuses par les sages-femmes,
    • Autorisation donnée aux Centres de santé de pratiquer des IVG chirurgicales,
    • Création de plans d’actions régionaux pour l’accès à l’IVG.

Les révisions successives de la loi sur l’avortement n’ont conduit à aucune évaluation, ni étude épidémiologique sur les causes et les conséquences de l’IVG, pourtant considérée comme un acte qui n’est pas anodin.

V) La position de VITA : pour une vraie prévention de l'avortement

L’urgence est à la protection des femmes contre toute violence, spécialement celles que constituent les pressions – souvent masculines –  mais aussi sociales pour les femmes les plus vulnérables qui les poussent trop souvent à avorter à contrecœur.

Un sondage IFOP (octobre 2020) révèle que 92 % des Français jugent que l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes et 73 % estiment que la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’interruption volontaire de grossesse.

C’est pourquoi Alliance VITA demande :

  • de ne pas légiférer,
  • la conduite d’une étude épidémiologique sur les 20 dernières années, qui analyse les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement,
  • la mise en place d’une véritable politique de prévention de l’avortement par en priorité
    • le soutien et l’accompagnement personnalisé des femmes,
    • la délivrance d’une information plus équilibrée aux femmes confrontées à une grossesse inattendue, notamment sur les aides et droits spécifiques aux femmes enceintes.
    • la revalorisation de la politique familiale, incluant des mesures adaptées qui permettent aux jeunes femmes de concilier vie familiale, études et entrée dans la vie professionnelle.

 

Etude :  quel accompagnement pour la maladie de Charcot (SLA) ?

Etude : quel accompagnement pour la maladie de Charcot (SLA) ?

maladie de charcot

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus connue sous le nom de maladie de Charcot, est une maladie neurodégénérative incurable qui entraîne une paralysie progressive des muscles, affectant la respiration, la parole et la déglutition. Sa durée de vie médiane est de 36 mois, son incidence annuelle de 1600 cas. Un groupe de travail du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV) s’est attaché à étudier les conditions de fin de vie des personnes atteintes de SLA pour analyser l’adéquation entre la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016 et les besoins et demandes de ces patients.

L’organisation de la prise en charge de la SLA est définie par trois « plans nationaux maladies rares » successifs (2005-2008 ; 2011-2016, 2018-2022) qui ont conduit à la création de 19 centres SLA et autres maladies du neurone moteur. Les données du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) montrent que sur l’année 2018, 1031 patients atteints de SLA sont décédés à l’hôpital dont 69 % en services de médecine, 23 % en hospitalisation à domicile, 9 % en service de soins de suite et réadaptation avec des durées moyennes de séjours respectives de 12, 74 et 73 jours. Parmi les patients atteints de SLA décédés à l’hôpital, 8 % sont décédés en Unité de soins palliatifs (USP), 8 % en Lits identifiés de soins palliatifs (LISP) et 13 % en service de réanimation. L’insuffisance respiratoire est la première cause de décès provoqué par la SLA. L’hospitalisation en fin de vie peut être justifiée par une situation clinique critique qui ne peut être prise en charge à domicile ou être secondaire à l’épuisement des proches.

Dans la synthèse publiée le 2 novembre 2021 le groupe de travail s’interroge sur le faible pourcentage de décès en unité de soins palliatifs comparé notamment aux prises en charge en réanimation. Il questionne aussi le nombre des patients porteurs d’une trachéotomie, plus élevé en 2016 qu’en 2008 (8 % contre 3 %). Historiquement indiquée dans les situations d’urgences asphyxiques non anticipées, son utilisation devrait être plus rare depuis le développement des techniques de ventilation non invasives (VNI).

Ces chiffres sur les décès des patients atteints de SLA ouvrent des questionnements importants à approfondir pour mieux comprendre les parcours des patients. Par exemple, d’où viennent les patients qui décèdent en service de médecine ? Une part d’entre eux étaient-ils pris en charge en hospitalisation à domicile (HAD) ? Certains étaient-ils à domicile sans HAD ou dans d’autres services de médecine ? Doit-on faire l’hypothèse qu’il y a des variations liées aux lieux de prise en charge ou à l’âge des patients ? Ces questions nécessiteront des études et recherches complémentaires. Les témoignages recueillis par le groupe de travail révèlent qu’au-delà des parcours de soins hétérogènes, la complexité de la fin de vie est commune à trois situations marquées par une décompensation respiratoire ayant justifié une hospitalisation dans le dernier mois de vie. La prise en charge à domicile sous-tendue par un maillage médical et paramédical dense semble être plus satisfaisante mais elle ne peut répondre à toutes les situations.

Fin de vie et SLA : une prise en charge médicale paradoxale ?

« La particularité de la SLA c’est que plus on avance vers la fin de vie, plus on médicalise la prise en charge. C’est un paradoxe pour les équipes mais aussi pour les patients, dans ce qui se joue psychiquement : il n’y a plus rien à faire et on parle de palliatif mais en même temps on apporte tout ce matériel », indique Camille Brodziak, infirmière en centre expert SLA et membre du groupe de travail du CNSPFV.

Les patients interrogés dans l’enquête IFOP commanditée par l’ARSLA dont les résultats ont été publiés au printemps 2020, expriment une lucidité face à une mort inéluctable. Ils sont préoccupés des conditions de leur fin de vie et trouvent peu d’espaces de dialogue avec les professionnels de santé notamment ceux qui vont les prendre en charge en phase terminale.

Les ambiguïtés de la Loi Claeys-Leonetti

Les échanges au sein du groupe de travail ont montré que deux visions s’opposaient :

–          d’un côté, celle d’un certain nombre de soignants qui estiment que la sédation profonde et continue jusqu’au décès est une pratique clinique ultime, mobilisable lorsque tout autre thérapeutique a été tentée, sans succès ;

–          de l’autre, des patients, des proches et certains médecins et soignants qui comprennent la sédation profonde et continue jusqu’au décès comme un droit auquel ils peuvent accéder lorsque leur décision d’arrêt des traitements est prise.

Une question émerge : qui est légitime pour décider de la mise en place d’une sédation profonde et continue ? La loi entretient une certaine ambiguïté sur ce point : d’un côté, elle dit que le patient peut accéder à la SPCJD sous certaines conditions, de l’autre, elle soumet cet accès à une décision médicale.

Les situations de souffrance existentielle sont le motif de plus en plus de demandes de sédation profonde et continue jusqu’au décès de patients atteints de SLA. Là encore, la question de leur légitimité s’est posée au groupe. Pour certains, ces demandes sont le reflet d’une société prônant la performance et n’accordant aucune place au handicap ou à tout type de contre-performance. Le regard porté par la société, par les proches sur la personne malade ne pourrait-il être la cause de cette souffrance existentielle ? D’autres estiment que cette souffrance n’est pas la résultante d’une image dégradée dans les yeux des autres mais l’expression que la personne malade, en pleine conscience, ne veut plus vivre dans les conditions qui sont devenues celles de son quotidien et ne souhaite pas vivre les ultimes dégradations imposées par la maladie.

La sédation profonde et continue jusqu’au décès s’intègre dans un processus qui va inéluctablement conduire à la mort et engage fortement la responsabilité médicale. Elle introduit une forme de ritualisation, difficile à vivre pour les soignants. Le Dr Richard, médecin en Unité de soins palliatifs, témoigne : « lorsque la demande est acceptée et programmée, le patient peut – et souvent – met en place un dernier repas avec sa famille, il fait ses adieux ; il organise les relations et les évènements qui précèdent son endormissement. Cela est perçu comme une ritualisation de la préparation à la mort qui ressemble à ce qui est rapporté des euthanasies en Belgique, aux Pays-Bas ou dans d’autres pays ayant dépénalisé la pratique. Cette certitude de la mort qui s’annonce trouble les équipes de soins palliatifs. On imagine que lorsque l’on retire le masque, ça va s’arrêter tout de suite mais il n’est pas rare que le patient ventile encore. Pour les proches c’est difficile. Comment gérer ce temps suspendu ? Comment s’occuper du patient et de ses proches ? Comment combler l’attente de la mort ? Comment accepter cette coupure volontaire de toute communication, sciemment induite par la SPCJD ? »

Les praticiens de soins palliatifs du groupe de travail ont souligné la difficulté pour leurs équipes et eux-mêmes – et pas seulement pour les proches – de ces questionnements qui reflètent un paradoxe : la certitude de la mort puisque la sédation en place sera maintenue jusqu’au décès mais l’incertitude concernant la survenue de la mort puisqu’il ne s’agit ni de la retenir ni de la hâter.

Une autre ambiguïté induite par la loi Claeys-Leonetti est celle de la temporalité de la fin de vie.

La loi ne définit pas le pronostic engagé à court terme, auquel elle articule la possibilité de sédation profonde et continue jusqu’au décès. Les médecins du groupe ont compris cette temporalité de fin de vie comme étant très courte, dans le droit fil des recommandations de la HAS, actualisées en 2020, définissant le court terme de quelques heures à quelques jours. Cela signifie que la SPCJD ne peut remplir sa mission d’accompagnement de fin de vie que chez des personnes affaiblies, dégradées physiologiquement et pour lesquelles le pronostic vital est donc engagé à court terme.

Accompagner : informer, anticiper, coordonner

En matière d’organisation, le groupe de travail du CNSPFV relève une inadéquation entre les besoins spécifiques de la fin de vie en cas de SLA et les critères médico-économiques. Cet écart entraîne des dysfonctionnements dans la prise en charge. De plus, l’accompagnement de fin de vie à domicile pour les patients qui le souhaitent peut être limité par la charge intense qui pèse sur les proches/aidants et l’inégalité territoriale d’accès aux réseaux de soins. À ce constat s’ajoute les difficultés d’accès aux unités de soins palliatifs en cas de SLA.

Le scénario idéal est celui de l’information et de l’anticipation des épisodes évolutifs de la maladie. La coordination entre les services de neurologie et de soins palliatifs devrait permettre un accompagnement gradué du patient à tous les stades de sa maladie“, résume le CNSPFV. Quant à la mise en œuvre d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès, il convient qu’elle soit, dans tous les cas, en adéquation avec les dispositions légales : “L’objectif primaire est bien de soulager les souffrances du patient mais pas d’accélérer intentionnellement la survenue du décès“. D’où la nécessité de développer « des unités où les conditions d’exercice garantiront l’essentiel de la qualité de l’accompagnement aux patients atteints de SLA en fin de vie ».

 

17 novembre : journée mondiale de la prématurité

17 novembre : journée mondiale de la prématurité

prema

La prématurité, c’est le fait de venir au monde avant huit mois de grossesse. Nés entre 24 et 26 semaines d’aménorrhée révolues, les enfants sont considérés comme extrêmes prématurés. Entre 27 et 31 semaines, comme grands prématurés. Entre 32 et 34 semaines, comme modérément prématurés.

Les chiffres permettent de réaliser l’importance du sujet : en France, un bébé naît prématurément toutes les 8 minutes. 165 bébés par jour. 60 000 par an. 8% des naissances. Aujourd’hui, grâce aux progrès médicaux, des bébés entièrement privés du dernier trimestre de grossesse peuvent être sauvés.

Malgré tout, en France, la prématurité est la première cause de mortalité néo natale et est responsable de la moitié des handicaps d’origine périnatale.

En 2021, la revue The British Medical Journal publiait l’enquête EPIPAGE-2, pilotée par l’INSERM et incluant au départ 5170 enfants nés prématurément entre avril et décembre 2011. Le suivi de ces enfants s’est déroulé sur plusieurs années et dans 25 régions. Les chercheurs se sont intéressés à leur devenir, à leur insertion scolaire, à leur recours à des prises en charge, ainsi qu’aux inquiétudes ressenties par leurs parents. L’objectif était de mieux comprendre les conséquences de la prématurité pour les enfants, plus précisément sur leur devenir neuro-moteur, sensoriel, cognitif, comportemental ainsi que pour leurs apprentissages.

Les résultats de l’enquête montrent qu’à l’âge de 5 ans et demi, 35% des enfants nés extrêmes prématurés, près de 45% des grands prématurés et 55% de ceux nés modérément prématurés auront une trajectoire développementale proche de la normale. L’étude révèle que quel que soit le degré de prématurité à la naissance, plus d’un tiers des enfants présentaient des difficultés dites mineures. Elle révèle aussi que plus la prématurité est grande, plus les enfants présentent de difficultés du neuro-développement et plus la scolarité de l’enfant nécessite d’être adaptée. Alors que 93% des enfants modérément prématurés étaient scolarisés dans des classes ordinaires (sans soutien spécifique), cette part ne concernait plus que 73% des enfants nés extrêmes prématurés. Plus de la moitié des enfants nés extrêmement prématurés bénéficiaient d’une prise en charge de soutien au développement (orthophonie, psychomotricité, ou encore soutien psychologique, etc.) ainsi qu’un tiers des enfants nés grands prématurés et un quart de ceux nés modérément prématurés. Néanmoins, 20 à 40% des enfants avec des difficultés sévères n’avait pas de soutien. La première partie de cette enquête publiée en 2017, également via The British Medical Journal montrait que depuis 20 ans les enfants nés prématurément vivent mieux et ont moins de séquelles.

Grace au travail de l’association SOS Préma depuis 15 ans, les droits des familles ont progressé. Le congé maternité a pu être augmenté. Cette mesure, à l’initiative de SOS Préma, permet à toute maman de ne reprendre son travail qu’à la date à laquelle elle aurait dû le reprendre si elle avait accouché à terme. Même progrès pour favoriser la présence du père auprès de la mère et de l’enfant. Après des années de travail, l’association a obtenu l’allongement du congé de paternité en cas d’hospitalisation du nouveau-né.

 

Echange d’embryons : un douloureux imbroglio californien

Echange d’embryons : un douloureux imbroglio californien

Echange d’embryons : un douloureux imbroglio californien

 

 

Un couple californien a récemment porté plainte contre une clinique spécialisée par l’intermédiaire de laquelle ils avaient eu recours à une fécondation in vitro (FIV).

La succession des événements pour cette famille est très douloureuse.

Selon le New York Times, un échange d’embryons a eu lieu dans la clinique avant l’implantation, impliquant donc deux mères.

L’apparence du bébé et sa couleur de peau à la naissance ont alerté les parents. 3 mois après, les tests ADN ont confirmé leurs doutes. 1 an plus tard, après rencontre avec l’autre couple, l’échange des bébés a été décidé.

Rappelant le coût de cette FIV, près de 50,000 dollars, le cabinet d’avocat qui a rédigé la plainte rappelle l’onde de choc insoutenable subie par cette famille. Parmi les éléments à charge cités, outre l’aspect matériel et la découverte par le couple d’une chaîne d’intervenants derrière la clinique, il y a surtout les impacts émotionnels et psychologiques. Carrières professionnelles au ralenti, détresse psychologique avec des pensées suicidaires, décision déchirante à prendre…

Le couple raconte que le moment le plus dur a été d’annoncer à leur aînée de 5 ans leur décision d’échanger le bébé, leur enfant les suppliant de garder le bébé accueilli à la naissance. La mère évoque une torture qui l’a secouée au plus profond, et le père parle d’un cauchemar, toute leur famille ayant souffert d’innombrables façons.

Pour Alliance VITA, ce témoignage dit l’impossibilité de réduire ces événements à des process défaillants dans le déroulement d’une FIV. Comme le négatif d’une photographie, il révèle les limites et les impensés de l’intervention technique dans la procréation.

 

Retrouvez tous nos articles sur la Procréation médicalement assistée ou PMA.

échange d'embryons échange d embryons échange dembryons fécondation in vitro (fiv).

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Alliance VITA appelle à s’opposer à la PPL avortement

Alliance VITA appelle à s’opposer à la PPL avortement

allongement delais ivg

 

L’Assemblée nationale vient de mettre à son agenda au 29 novembre prochain, l’examen en deuxième lecture, de la proposition de loi (PPL) n°3879 relative au renforcement du droit à l’avortement.

Adopté en 1ère  lecture à l’initiative du groupe minoritaire Ecologie, démocratie et liberté et porté par la députée Mme Albane GAILLOT, le texte avait été rejeté par le Sénat par le vote d’une motion opposant la question préalable à la délibération.

Le groupe Ecologie Démocratie et Liberté ayant disparu par manque de membres fin décembre 2020, le texte a été repris par le groupe LREM après un bras de fer avec le gouvernement.

Prétendant que l’accès à l’IVG serait, aujourd’hui, de plus en plus difficile, le texte prévoit l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG de douze à quatorze semaines et la suppression de la clause de consciences des professionnels de santé.

Par ailleurs d’autres mesures sont venues aggraver ce texte :

  • Allongement du délai d’IVG à domicile de 5 à 7 semaines de grossesse ;
  • Pratique de l’IVG chirurgicale par les sages-femmes avant 10 semaines de grossesse ;
  • Suppression du délai de 48 heures entre les deux consultations d’IVG pour les mineures.

Quelle est la justification d’une telle revendication de l’allongement des délais ?  « 3000 à 5000 femmes dépasseraient le délai légal et seraient alors contraintes d’aller avorter à l’étranger ».

Ces chiffres ont fait l’objet d’une enquête par la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée et par le Comité consultatif national d’éthique qui a été saisi pour avis sur la question des délais : ces deux instances démentent les chiffres.

En 2018, 31 femmes se seraient rendues en Grande Bretagne, 810 aux Pays-Bas, un chiffre en constante diminution (diminué de moitié depuis 2011), une estimation de 250 en Espagne. Au total c’est une peu plus d’un millier. Le CCNE en conclut avec une approximation très large que cela pourrait représenter entre 1500 et 2000 femmes.

En réalité nous ne disposons aujourd’hui d’aucune analyse fiable, ni sur les chiffres, ni sur les raisons pour lesquelles un certain nombre de femmes iraient à l’étranger, ce que reconnait le CCNE. Ces données pourraient pourtant nous éclairer sur les carences éventuelles des politiques publiques et les politiques de prévention à conduire.

Depuis le vote l’examen de cette PPL en 1ère lecture, la DREES a apporté  récemment la preuve que la crise sanitaire n’a pas provoqué d’IVG plus tardives en 2020. D’autre part, si le CCNE dit ne pas voir d’objection sur le plan médical à cet allongement de délais, il reconnaît pourtant, que plus l’avortement est tardif, plus ses conséquences psychologiques sont lourdes pour les femmes et aussi pour les soignants.

Et le CCNE s’est clairement exprimé contre la suppression de la clause de conscience spécifique des soignants. Il  « considère que la clause de conscience spécifique souligne la singularité de l’acte médical que représente l’IVG ; qu’il est favorable au maintien de la clause de conscience spécifique. » Cette instance rejoint la position du Conseil de l’ordre des médecins et du Syndicat des Gynécologues et obstétriciens. Contrairement à ce qu’affirment les auteurs de la loi il n’y a pas une « double clause de conscience », l’une spécifique à l’IVG et l’autre de nature générale.

Pour Caroline Roux, directrice générale adjointe d’Alliance VITA : «  Il est très inquiétant que le gouvernement ait cédé au bras de fer avec La République en Marche pour faire de la question si délicate de l’avortement une question politicienne. Les positions excessives d’une minorité qui revendique toujours plus de dérégulation de l’avortement détournent la société des détresses réelles que peuvent vivre les femmes enceintes confrontées à une grossesse inattendue. Nous nous opposerons y compris dans la rue contre cette loi injuste et appelons les soignants à défendre leur liberté de conscience garantie par la clause de conscience spécifique. »

PLFSS : le volet autonomie enrichi mais toujours insuffisant

PLFSS : le volet autonomie enrichi mais toujours insuffisant

PLFSS : le volet autonomie enrichi mais toujours insuffisant

 

Vendredi 22 octobre, lors de l’examen en 1ère lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), les députés ont enrichi et voté à l’unanimité les dispositions concernant le soutien à la perte d’autonomie (articles 29 à 32). Si l’on peut saluer des efforts louables pour revaloriser le secteur du grand âge, ces mesures demeurent insuffisantes face au défi du vieillissement de la population.

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 contient d’importantes mesures en faveur de l’autonomie et du grand âge, avec le double objectif de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées et de transformer le modèle de l’EHPAD (cf. fil d’actus du 8/10/2021). Lors de son examen en séance publique à l’Assemblée nationale le 22 octobre, plusieurs amendements ont été adoptés pour compléter le texte.

Meilleure rémunération de l’aide à domicile

  • L’amendement 2032, déposé par le gouvernement, crée une dotation qualité allant jusqu’à 3 euros supplémentaires en plus du tarif plancher de 22 euros par heure d’intervention pour les services d’aide à domicile, portant ainsi la tarification à 25 euros. Cette dotation doit financer les actions permettant d’intervenir les soirs et les week-ends, d’apporter une aide aux aidants, de lutter contre l’isolement des personnes accompagnées, d’intervenir dans des zones reculées, etc.
  • Des députés de différents bords ont introduit un amendement afin que le tarif plancher de 22 euros par heure puisse être révisé chaque année, mettant en avant les risques d’inflation dans les années à venir.
  • L’amendement 2263, déposé par des députés du groupe LREM, met en place l’expérimentation dans plusieurs départements d’une carte professionnelle à l’attention des intervenants de l’aide à domicile. L’objectif est d’en faire « un outil au service de leur reconnaissance. »

 

Des mesures pour les aidants

  • L’amendement 2321, déposé par le gouvernement, élargit les critères pour pouvoir bénéficier d’un congé « proche aidant ». L’objectif est qu’un plus grand nombre d’aidants puisse en bénéficier, dans les situations où le handicap ou la perte d’autonomie de la personne aidée nécessite une aide régulière, sans être d’une « particulière gravité ». Les indemnités journalières de ce congé (AJPA) sont revalorisées au niveau du SMIC, soit 58 euros par jour.
  • L’amendement 2278 du gouvernement prolonge de deux ans une expérimentation du relayage: il s’agit d’un dispositif pour relayer l’aidant à domicile 24H/24H jusqu’à 6 jours consécutifs, par l’intervention d’un professionnel unique, afin d’offrir un répit au proche aidant.

 

Autres mesures

  • L’amendement 2297, déposé par le gouvernement, introduit un meilleur remboursement par la Sécurité sociale des aides techniques pour compenser le handicap ou l’âge.
  • Des amendements d’Agir ensemble (n°1584) et de LR (n°1545) favorisent la télésanté au sein des Ehpad.

 

Un bilan en demi-teinte

Si l’ensemble des députés ont approuvé des mesures qui vont dans le bon sens, certains les ont jugées encore insuffisantes. Les députés de gauche Boris Vallaud et François Ruffin ont rappelé que le tarif plancher de 22 € restait inférieur au coût horaire moyen évalué à 24,24 euros par les études du ministères des solidarités et de la santé.

Cette réaction est partagée par les professionnels du secteur. Dans un communiqué du 26/10, l’association des Directeurs au service des Personnes Âgées (AD-PA) considère que « le tarif planché à 22 € est un premier pas, mais bien insuffisant comparé au 25 € envisagé un temps et au 30 € que nécessite la profession pour accompagner dignement les personnes âgées vulnérables. »

Les députés ont insisté sur le caractère précaire des métiers de l’aide à domicile, souvent mal rémunérés et avec des contraintes horaires fortes. Il s’agit maintenant d’apporter une meilleure valorisation et une véritable reconnaissance à ces métiers afin de les rendre plus attractifs pour répondre à l’enjeu du vieillissement souligné par le député centriste Philippe Vigier :

« Entre 2015 et 2030, 300 000 personnes supplémentaires auront besoin qu’on s’occupe d’elles en raison de pertes d’autonomie considérables. Le grand âge, c’est un enjeu stratégique, tout comme la jeunesse ».

Enfin, reste la question du financement de la branche autonomie, nouvelle branche de la Sécurité sociale créée en 2020, auquel le projet de loi n’apporte toujours pas de réponse. L’adoption d’une loi ambitieuse sur le grand âge et autonomie, promise maintes fois par le gouvernement et pourtant abandonnée, apparaît plus que jamais nécessaire pour relever les défis de la transition démographique.

plfss : le volet autonomie enrichi mais toujours insuffisant

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :