Etude Insee : hausse des naissances après 40 ans

Etude Insee : hausse des naissances après 40 ans

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Dans une récente étude, l’INSEE analyse en détail l’évolution de la fécondité après 40 ans. Le constat majeur est que cette fécondité, dite « tardive », est en hausse depuis 1980, après une baisse continue depuis la fin des années 1940. En 2019, 42800 bébés sont nés de mère ayant 40 ans ou plus, soit 5.7% des naissances.

L’INSEE explique la baisse de la fécondité tardive observée après 1945 jusqu’en 1980 par deux facteurs successifs : jusqu’en 1965, parce que les femmes avaient leurs enfants plus jeunes, quel que soit le nombre. Après 1965, et jusqu’au point bas en 1980, c’est la baisse des familles nombreuses qui est le principal facteur.

La remontée de la fécondité tardive depuis 1980 va de pair avec la hausse de l’âge moyen à l’accouchement, une tendance de fond de la société depuis le milieu des années 70. Parmi les facteurs cités : l’allongement des études, la « mise en couple » plus tardive, le désir d’être professionnellement stabilisée avant d’envisager une grossesse. L’INSEE souligne que « la médicalisation de la contraception a pu également faciliter ce report ». En conséquence, « la fécondité tardive est 3.4 fois plus élevée en 2019 qu’en 1980 ». L’INSEE donne quelques détails sur les catégories sociales et les situations familiales. Ainsi, les femmes nées à l’étranger ont des maternités tardives plus fréquentes, ces femmes étant plus souvent mères de famille nombreuses. Par ailleurs, les femmes cadres ou à l’inverse sans profession ont également une fécondité tardive plus forte. Pour un quart des mères de 40 ans ou plus, cette naissance est leur premier bébé. Enfin, concernant la situation familiale, la remise en couple est aussi un facteur de fécondité tardive : 32% des naissances sont issus de couples n’ayant pas d’enfant commun vivant avec eux.

Ces données rejoignent une tendance lourde de notre société : l’âge moyen pour un premier enfant est passé de 24 ans à 28.5 ans de 1974 à 2015 (INSEE).

Cette tendance peut être reliée à l’activité de procréation artificielle au-delà de 40 ans qui représente 14% des cycles d’assistance médicale à la procréation.   La prévalence de recours aux techniques d’AMP due à l’âge plus tardif de la maternité, est confirmée par des professionnels et relayéedans un avis du CCNE :  « Le caractère tardif de la première maternité a pour conséquence de majorer la fréquence des infécondités liées à l’âge de la femme et le nombre des consultations dans les centres agréés pour l’AMP » . Cependant les taux de succès de recours à l’AMP diminuent considérablement avec l’âge alors qu’augmentent les complications pour les femmes et les risques pour les enfants. Alliance VITA a alerté sur cette situation lors de la révision de la loi bioéthique (voir dossier ici ) et émis des propositions pour :

–        assurer une meilleure information par des campagnes auprès des jeunes « sur les risques d’une grossesse tardive, pour les femmes elles-mêmes et pour l’enfant à naître, sur la diminution du taux de succès des AMP tardives et l’incertitude sur le devenir des enfants nés d’une AMP tardive »

–        et améliorer les conditions de vie et de travail pour que les couples puissent procréer à un âge plus jeune.

#2022 – Voeux d’Alliance VITA

#2022 – Voeux d’Alliance VITA

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Chers amis de VITA,

“Le réel quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi, contre toute attente, l’espérance survit”.

En vous proposant ce vers du poète et résistant René Char pour démarrer notre première revue de presse, je souhaite partager avec vous une profonde conviction qui anime Alliance VITA. Contre les apparences, contre certaines caisses de résonance médiatiques, la réalité est un solide appui pour faire grandir notre espérance. Pas seulement parce que la réalité érode les illusions mais parce qu’elle offre aussi au moins deux autres possibilités : se laisser encourager ou consoler par les moments heureux, par les bonnes nouvelles, et agir.

Encouragement et consolation nous sont offerts dans notre quotidien par notre famille, nos proches et j’espère que la période des fêtes vous a permis d’en faire provision. Les bonnes nouvelles ne sont pas absentes, y compris sur nos sujets d’éthique : des milliers de gens restent mobilisés, des jeunes reprennent le flambeau, à VITA et ailleurs. Des voix se lèvent dans les médias et les Réseaux sociaux face à la revendication de l’euthanasie. Notre revue de presse a relayé en ce sens des témoignages du collectif Soulager mais pas tuer. Des mesures injustes n’aboutissent pas : pensons à la tentative récente de suppression de la clause de conscience sur l’IVG réintroduite in extremis par des députés lors de l’examen de la proposition de loi relative au renforcement du droit à l’avortement à l’Assemblée nationale.

Agir, car la réalité offre quelque chose d’unique. Notre écoute, nos rencontres, nos actions et nos protestations en faveur de la vie et de la dignité humaine sont inscrites dans la réalité, dans l’histoire, et aucune touche “effacer”, aucun univers virtuel ne pourra les enlever. Le temps que nous prenons pour nous former sur ces sujets majeurs ne sera pas perdu, ni le temps d’écoute attentive des personnes qui nous confient leur difficulté, petite ou grande.

Ainsi, ce que nous ferons et dirons pour la vie et la dignité humaine, tout au long de cette nouvelle année, viendra désaltérer l’espérance. La nôtre et celles de nos contemporains.

Toute l’équipe d’Alliance VITA vous présente chaleureusement ses meilleurs vœux.

La Marche pour la vie appelle à la mobilisation le dimanche 16 janvier

La Marche pour la vie appelle à la mobilisation le dimanche 16 janvier

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La Marche pour la vie appelle à la mobilisation et donne rendez-vous à Paris le dimanche 16 janvier 2021 à proximité de la gare Montparnasse.

Cette marche organisée chaque année en janvier visera plus particulièrement cette année les attaques contre la vie naissante, alors que la proposition de loi sur le renforcement de l’avortement sera examinée en seconde lecture au Sénat le 19 janvier prochain.

Alliance VITA, engagée dans l’écoute des femmes confrontées à des grossesses imprévues ou ayant subi une IVG, apporte son soutien à cet évènement qui contribue à lever le voile sur l’avortement. Comment pourrait-on se résigner à la banalisation de cet acte radical, qui n’a rien d’anodin car il supprime une vie humaine à son commencement et bouleverse de nombreuses femmes ? Comment rester indifférent au nombre élevé d’avortements, plus de 220 000 chaque année, un taux qui est le double de nos voisins allemands ? Depuis 1975, la loi relative à l’IVG a été révisée dix fois : progressivement toutes les mesures qui pouvaient soutenir les femmes enceintes en difficulté ont été supprimées. C’est ainsi que nous constatons que beaucoup de  femmes qui s’adressent à notre service d’écoute se tournent vers l’IVG à contrecoeur sous la pression masculine ou de leur entourage ou encore pour des raisons financières ou par peur de perdre leur emploi.

Dans ces conditions, allonger les délais de l’avortement comme le prévoit la proposition de loi, sans apporter aucune mesure de soutien aux femmes pour éviter l’IVG, est terriblement injuste Cette question douloureuse ne doit plus être monopolisée par ceux qui revendiquent « un droit à l’avortement » sans limite, qui ignore la réalité de ce que vivent les femmes.

L’urgence est à la protection des femmes enceintes contre toute violence et toute pression par la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention de l’avortement. Sur un sujet aussi sensible, Alliance VITA demande la conduite d’une étude épidémiologique sur les 20 dernières années, qui analyse les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement.

Fin de vie : le midazolam désormais accessible en ville

Fin de vie : le midazolam désormais accessible en ville

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Le midazolam, médicament recommandé en première intention pour la sédation, n’était à présent disponible qu’en milieu hospitalier. Il peut désormais être prescrit par les médecins généralistes, depuis l’arrêté paru le 17 décembre au Journal Officiel, dans le but d’améliorer la prise en charge des patients en fin de vie à leur domicile.

La demande d’extension d’indication du midazolam en ville a été faite par la Haute autorité de santé dans un communiqué de presse le 10 février 2020. Peu de temps avant, dans une lettre au Syndicat des Médecins Libéraux, Agnès Buzyn alors ministre de la Santé, assimilait le midazolam à la sédation profonde et continue. Cette confusion accentuait le risque d’occulter la réelle utilité de cette molécule sédative pour l’orienter vers une pratique « banalisée » de la sédation profonde et continue jusqu’au décès, sédation qui doit rester exceptionnelle et encadrée par les recommandations de la HAS mises à jour en janvier 2020.

Les inquiétudes suscitées par cet arrêté 

Le journal La Croix rapporte des réactions de professionnels des soins palliatifs. Le Dr Jean-Marie Gomas, médecin de soins palliatifs, souligne les atouts du midazolam, « sa rapidité d’action, qui le rend très souple et très maniable ». Mais cette rapidité a aussi un inconvénient qui appelle à une grande vigilance : « Mal dosé ou surdosé, le midazolam peut tuer – et non plus seulement endormir – en quelques heures ». C’est ce qui inquiète Marion Broucke, infirmière en soins palliatifs. « L’Hypnovel (nom commercial du midazolam) demande une adaptation continue, une évaluation heure par heure. Les médecins généralistes ne sont pas tous bien formés à ce type de médicaments. J’ai peur qu’il y ait des drames. » avoue-t-elle. « D’autant qu’en milieu hospitalier, les sédations se décident après une réflexion collégiale. À domicile, comment le médecin va-t-il acter la procédure ? On est face à un défi énorme de formation. »

De son côté le Dr Olivier Mermet, médecin généraliste et membre du comité de pilotage du plan soins palliatifs pour 2021-2024, souligne les difficultés organisationnelles que présente la prescription du midazolam par les médecins généralistes : « La difficulté n’est pas tant médicamenteuse qu’organisationnelle. Ce qui est complexe, c’est tout l’environnement à mettre en place autour d’une pratique sédative à domicile ou en établissement. Dans certains cas, comme pour une sédation profonde et continue jusqu’au décès, la démarche collégiale est obligatoire. Il faut déjà pouvoir l’organiser. Sans oublier qu’il faut absolument prévoir un lit de repli s’il y a un problème. »

Des recommandations particulières

La Haute Autorité de Santé, consciente de l’enjeu de formation pour permettre l’administration du midazolam en tout lieu de soins, y compris au domicile, a rappelé ses conditions de prescription en publiant en novembre 2021 des recommandations particulières. Elle a notamment précisé la différence entre les sédations proportionnées, c’est-à-dire de profondeur et de durée proportionnelles au soulagement du symptôme et les sédations profondes et continues provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès (SPCMD). Pour ces dernières, la réalisation à domicile nécessite systématiquement l’appui d’une équipe spécialisée en soins palliatifs : « L’équipe qui prend en charge le patient doit s’appuyer sur les structures disponibles disposant d’une équipe ayant les compétences en soins palliatifs (notamment les réseaux, les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) extrahospitalières et/ou d’hospitalisation à domicile (HAD) lorsque le patient est à domicile). En leur absence, elle doit prendre contact avec une équipe spécialisée en soins palliatifs pour avoir un médecin référent, compétent en soins palliatifs, prévenu et joignable pour des conseils pharmacologiques. Un médecin et une infirmier(ère) doivent être joignables 24 h/24, l’infirmier(ère) devant pouvoir se déplacer. »

Lors d’une prescription de midazolam pour une sédation en soins palliatifs, l’équipe soignante à domicile doit être accompagnée, selon les recommandations de la HAS, par une équipe de soins palliatifs et d’hospitalisation à domicile, impliquant une organisation en réseau de soins adaptée.

Si ces conditions ne sont pas réunies, une prise en charge hospitalière doit être privilégiée.

Pour aller plus loin :  Midazolam et fin de vie à domicile : sortir de la confusion

GPA :  Emmanuel Macron réaffirme une ligne rouge

GPA :  Emmanuel Macron réaffirme une ligne rouge

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En juillet dernier, la CIAMS, collectif d’associations féministes qui milite pour l’abolition de la GPA, a envoyé un courrier au Président Macron pour interroger son positionnement sur la GPA. Dans sa réponse, celui-ci redit son opposition à la GPA qui reste une ligne rouge.

Soulignant que la révision de loi bioéthique avait « été l’occasion, pour les tenants de la marchandisation du corps des femmes et des enfants, de tentatives systématiques de légalisation de la gestation pour autrui », elle s’inquiétait aussi de la participation de la France à la conférence de La Haye, groupe d’experts chargé au niveau européen « d’harmoniser les lois nationales en matière de filiation pour les enfants nés de cette pratique ».Le Collectif sollicitait une rencontre avec Emmanuel Macron et lui demandait, à quelques mois de la présidence française de l’Union européenne, de « promouvoir le respect des droits humains et de la dignité des femmes et des enfants, en refusant leurs marchandisations ».

Dans la réponse formulée par son chef de cabinet, celui-ci rappelle le souci constant d’équilibre entre « l’accès à de nouveaux droits, l’utilisation raisonnée et sécurisée des progrès scientifiques et techniques et le respect de la personne humaine » qui a entouré l’examen de la loi bioéthique. « Le strict respect de la dignité humaine, du libre choix et de l’intérêt collectif », formulation alambiquée et ambigüe, serait ainsi selon lui garanti par le cadre législatif et de conclure : « de la même manière, les lignes rouges sont réaffirmées. Ainsi il n’est pas question d’autoriser la gestation pour autrui en France, car elle met en question la dignité du corps de la femme et sa marchandisation, … »

A l’heure où un candidat à l’élection présidentielle se déclare en faveur d’une GPA dite « éthique », on peut se réjouir de la réaffirmation de la ligne rouge présidentielle.  Pourtant il reste des questions et de flous non dissipés par cette affirmation de principe.

Si la GPA est une atteinte à la dignité de la femme, elle l’est également à celle de l’enfant, objet de contrat, traité comme une marchandise, et à qui est imposé une maternité éclatée.

Plus que des paroles, ce sont les actes qui importent.

On ne peut qu’interroger cette affirmation de ligne rouge quand on constate l’absence de fermeté politique qui a conduit la France à ne pas faire appel des jugements controversés de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

En toute impunité, un salon rassemblant les acteurs du marché de la procréation proposant notamment des prestations de GPA, a pu se tenir à Paris depuis 2 ans malgré les alertes et protestations.

Comment se fait-il qu’un parcours de GPA à l’étranger n’est pas sanctionné lors du retour des commanditaires sur le sol français ? Si la loi de bioéthique a mis fin à la jurisprudence de la cour de cassation, elle entérine néanmoins un acte prohibé en France en établissant que la reconnaissance de la filiation d’une gestation pour autrui (GPA) à l’étranger soit « appréciée au regard de la loi française ». La Cour avait reconnu les deux membres d’un couple d’hommes et non pas seulement le père biologique comme parents d’un enfant né de GPA à l’étranger. Concrètement la transcription pour établir un lien de filiation se fait à l’égard du parent biologique, le second parent dit « d’intention » doit quant à lui recourir à une procédure d’adoption pour établir son lien de filiation.

On observe ainsi une acceptation progressive et insidieuse des effets des contrats de GPA et un détournement de l’adoption. En effet cette dernière a pour vocation de réparer un préjudice alors que la GPA organise délibérément de graves atteintes aux droits de l’enfant en consacrant, avant même sa conception, son abandon programmé pour le rendre adoptable.

Pour Alliance VITA, au-delà des déclarations de principe, la France doit s’engager à combattre cette forme de trafic humain au niveau national et international. C’est un engagement que le Président Macron doit poursuivre alors que la France préside le Conseil de l’Union européenne à partir de janvier 2022.

Journée mondiale des droits de l’homme : Quelle personne, pour quels droits ?

Journée mondiale des droits de l’homme : Quelle personne, pour quels droits ?

journée internationale des droits de lhomme

 

La Journée mondiale des droits de l’homme célébrée en ce 10  décembre devrait faire l’unanimité. Hélas, cette notion est de plus en plus dénaturée, alors qu’elle devrait aider partout, au nord comme au sud, à lutter contre les atteintes à la dignité humaine, à tous les stades de la vie.

Avec la société post-moderne, la défense occidentale de prétendus « nouveaux droits de l’homme » par des juridictions spécifiques, a cédé à l’inflation des revendications individualistes. La culture victimaire incite chacun a exiger de tous le déraisonnable : changement de  sexe dès le plus jeune âge, PMA pour des femmes seules, gestation par autrui, tri anténatal des êtres humains, suicide et euthanasie…

Sans droit inaliénable à la vie, toute liberté s’éteint. Au nom des prétendus « droits » des êtres humains déjà nés, embryons et fœtus sont sans protection. Au nom d’un « droit d’être parent », des enfants sont privés du repère essentiel de l’altérité sexuelle. Au nom d’un « droit au suicide »,  on risque d’abandonner les désespérés… La loi du plus fort est le résultat paradoxal de « droits de l’homme à irresponsabilité illimitée ».

Et voilà qu’une société qui tend à exclure les plus vulnérables de ses membres, aux deux extrémités de leur vie, tente de reconnaitre aux animaux les mêmes droits qu’aux humains : c’est l’antispécisme. Les végétaux ne sont plus en reste : à Bordeaux, pour légitimer son refus d’ériger un sapin de Noël (qu’il nomme « l’arbre mort »), sur une place de la ville, le maire a édicté une « charte des droits des arbres » ! Pour achever de dissoudre un concept, rien de tel que de le banaliser.

Alliance VITA, travaille pour les droits universel spécifiques à chaque personne humaine, respectant sa nature d’être humain dans son contexte social et environnemental, et donnant la priorité à la protection des plus fragiles ! Cet engagement est à la fois notre droit, et un devoir sacré.

PPL avortement au Sénat : le gouvernement au cœur de manœuvres politiciennes

PPL avortement au Sénat : le gouvernement au cœur de manœuvres politiciennes

PPL avortement au Sénat : le gouvernement au cœur de manœuvres politiciennes

 

Après son adoption en seconde lecture par les députés, l’avenir de la proposition de loi relative au renforcement de l’avortement semblait incertain en raison du refus des sénateurs en marche et socialistes de l’inscrire à l’ordre du jour du Sénat et alors qu’Emmanuel Macron avait, à plusieurs reprises, exprimé des réserves à propos de l’allongement du délai légal de recours à l’IVG.

Le gouvernement qui estimait le 3 décembre par la voix de son ministre en charge des relations avec le Parlement que c’était « au Parlement de s’en saisir » a finalement changé d’avis et va inscrire le texte à l’ordre du jour du Sénat pour un examen le 19 janvier prochain.

Ce revirement, résultat de manœuvres politiciennes et d’un bras de fer avec le gouvernement fait peu de cas de la réalité de ce que vivent les femmes.

La mesure phare de la prolongation des délais constitue une grande violence pour les femmes dans la mesure où elle ne s’accompagne d’aucune mesure de soutien pour celle qui pourrait l’éviter. Lors de l’examen du texte en seconde lecture, la revendication constante d’un « droit à l’avortement » a empêché de faire entendre la voix des femmes enceintes confrontées à une grossesse inattendue et qui se tournent vers l’IVG à contrecœur.

Le silence sur ces situations rendues invisibles est une grave injustice, alors qu’il s’agit d’un acte irréversible qui met des vies en jeu.

Selon des sources parlementaires, la réintroduction de la clause de conscience spécifique à l’IVG pour les soignants, aurait également joué un rôle dans ce changement de pied gouvernemental. Si l’on ne peut que se réjouir du maintien de la clause de conscience, l’allongement des délais auquel s’opposent l’Académie nationale de médecine et le Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF), est une réponse indigne aux besoins des femmes.

La question délicate de l’avortement mérite mieux qu’un débat escamoté et des arrangements politiciens

L’urgence est au contraire à la protection des femmes enceintes contre les violences et les pressions par la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention de l’avortement. 

 

Pour aller plus loin : IVG dans la Constitution : les doutes de la commission des lois du Sénat.

ppl avortement au sénat : le gouvernement au cœur de manœuvres politiciennes

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“Identité de genre” : une proposition controversée adoptée au Sénat

“Identité de genre” : une proposition controversée adoptée au Sénat

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Mardi 7 décembre, le Sénat a adopté en 1ère lecture la proposition de loi de la députée LREM Laurence Vanceunebrock visant à interdire les thérapies de conversion. Si cette proposition de loi a pour objectif de mieux protéger les victimes de telles pratiques, la présence dans la loi de la formule « identité de genre » soulève de graves questions sur les risques d’interprétation, notamment pour l’accompagnement des mineurs qui s’interrogent sur leur identité sexuelle.

Après son examen à l’Assemblée nationale début octobre, où le texte avait été adopté à l’unanimité, la proposition de loi qui fait l’objet d’une procédure accélérée a été examinée le mardi 7 décembre dans la Chambre haute et adoptée par 305 voix pour et 28 contre. Elle sera ensuite examinée par une commission mixte paritaire.

Le texte punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende « les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée, d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ». La sanction est portée à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende lorsque la victime est mineure, vulnérable ou dépendante ou lorsque l’auteur est un ascendant. Dans ce cas, le juge peut se prononcer sur le retrait total ou partiel de l’autorité parentale.

Le texte prévoit également des peines identiques pour les personnes qui donnent « des consultations » ou qui prescrivent « des traitements en prétendant pouvoir modifier ou réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée ».

Contre l’avis du gouvernement, le Sénat a modifié le texte de l’Assemblée en commission par des amendements de la rapporteure, Dominique Vérien (UC), en introduisant la précision que l’infraction « n’est pas constituée lorsque les propos répétés ont seulement pour objet d’inviter à la prudence et à la réflexion la personne, eu égard notamment à son jeune âge, qui s’interroge sur son identité de genre et qui envisage un parcours médical tendant au changement de sexe ». Cette précision veut répondre à l’inquiétude de parents qui souhaiteraient accompagner leur enfant, l’appeler à plus de prudence et à la réflexion et craindraient d’être attaqués.

Comme l’avaient fait des députés LR à l’Assemblée nationale, des sénateurs LR ont déposé plusieurs amendements, aussi bien en commission qu’en séance publique, pour retirer la formule « identité de genre » du texte, susceptible d’apporter de la confusion dans le droit. Ces amendements ont tous été rejetés.  Selon ces amendements, ce concept d’identité de genre n’est jamais défini et il n’existe aucune indication sur ce qu’il recouvre. Ainsi, la présence de cette formule dans la proposition de loi pourrait empêcher la prise en charge de mineurs s’interrogeant sur leur identité sexuelle, autrement que « dans une approche trans-affirmative », qui proposerait systématiquement des traitements médicaux pour changer de sexe. Dans la même logique, un amendement LR proposait aussi de sanctionner « le fait de prescrire à un mineur des pratiques (bloqueurs de puberté, traitements hormonaux ou interventions chirurgicales) visant le changement de sexe. »

Lors de la discussion générale, la sénatrice LR du Val d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio a alerté sur le risque d’interprétation pour les mineurs : « Si l’on ne peut nier la détresse des mineurs, en particulier à l’adolescence, qui déclarent ressentir une inadéquation entre leur sexe constaté à la naissance et leur sexe ressenti, on ne peut les enfermer dans leur choix par une approche trans-affirmative trop prématurée. » Ainsi la sénatrice a dénoncé les conséquences d’interventions chirurgicales et de traitements hormonaux sur des enfants, en soulignant que « le chemin vers la détransition est extrêmement difficile » et que certains pays comme la Suède revoient leur protocole vis-à-vis des mineurs.

Les propos de Jacqueline Eustache-Brinio font écho à une tribune parue dans l’Express le 20 septembre, signée par une cinquantaine de personnalités dont Elisabeth Badinter, Chantal Delsol ou Catherine Dolto, associées à l’Observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent « La Petite Sirène ». Dans cette tribune, les signataires s’inquiètent d’une forte augmentation des demandes de changement de sexe particulièrement chez les adolescents.  Selon cette tribune, « sur l’argument de seuls ressentis érigés en vérité, des discours radicaux légitiment les requêtes de changement de sexe. Mais c’est au prix d’un traitement médical à vie voire chirurgical (ablation des seins ou des testicules) sur des corps d’enfants ou d’adolescents. » La tribune rappelle que «l‘enfant est un être en construction, son devenir est en constante évolution avant d’arriver à un stade de maturité. »

Dans son communiqué du 2 décembre, l’association Juristes pour l’Enfance souligne le fait que « l’identité de genre renvoie au ressenti intime d’une personne qui se sent de genre masculin, féminin, aucun des deux, tantôt l’un, tantôt l’autre ; ce ressenti est subjectif et évolutif. Or, le ressenti d’une personne ne saurait être à l’origine de sanctions pénales pour autrui jusqu’à incriminer de simples propos. » Un ressenti, c’est bien la définition que la ministre Elisabeth Moreno a voulu apporter à la formule lors des débats : «L’identité de genre n’est ni plus ni moins que l’identité que l’on ressent au fond de soi».

Alliance VITA rejoint les inquiétudes des professionnels de l’enfance quant aux conséquences de cette proposition de loi sur la prise en charge et l’accompagnement des personnes, en particulier les enfants et les adolescents qui s’interrogent sur leur identité sexuelle, à qui l’on proposerait des traitements irréversibles. Par ailleurs, on peut s’interroger sur la nécessité de cette proposition de loi, alors que les faits visés peuvent déjà être sanctionnés par des articles du code pénal relatifs aux violences volontaires, au délit d’abus de faiblesse, au harcèlement moral et à l’exercice illégal de la médecine, comme l’a rappelé la rapporteure Dominique Vérien. Y a-t-il urgence à légiférer pour des thérapies qui concerneraient « une centaine de cas récents » selon la mission parlementaire flash de 2019 ? Par ailleurs, selon cette même mission, il n’existe en vérité aucune statistique ou enquête sur l’ampleur réelle de ce phénomène en France. Pour Alliance VITA, s’il y a urgence, c’est bien celle de former et sensibiliser les parents et éducateurs afin qu’ils soient en mesure de proposer un meilleur accompagnement aux enfants et aux adolescents qui expriment un mal-être par rapport à leur identité sexuelle.

Fin de vie sur Public Sénat : peut-on parler d’un débat ?

Fin de vie sur Public Sénat : peut-on parler d’un débat ?

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La chaine Public Sénat, a diffusé le samedi 27 novembre à 21h le documentaire d’Antoine Laura de 2018 intitulé « J’ai décidé de mourir » militant en faveur de l’euthanasie.  Avec ses quatre invités tous favorables à l’euthanasie et au suicide assisté, le prétendu débat qui a suivi, visait en réalité à justifier l’euthanasie.

Le réalisateur du documentaire a suivi Anne Bert en 2017 durant les six derniers mois de sa vie : atteinte de la maladie de Charcot, elle « a fait le choix de l’euthanasie en Belgique, où elle s’est éteinte digne, sereine, mais malheureusement loin de sa Charente-Maritime » selon les mots du réalisateur du documentaire qui s’est lié d’amitié avec la protagoniste.

Quatre personnes  étaient invitées pour un débat dans l’émission « Un monde en docs » qui a suivi  la diffusion du film.  Chacun a exprimé son avis personnel en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, niant le caractère militant du documentaire. Ils se sont bornés à analyser les résistances à l’évolution de la législation sur la fin de vie en France.

Les spécialistes interrogés sont :

  • Odon Vallet, historien des religions, professeur émérite des Universités. Après avoir stigmatisé la maladie de Charcot (« C’est affreux, il n’y a pas pire que cette maladie »), celui-ci rappelle l’étymologie du mot euthanasie et en conclut que « les évêques français se trompent, ce n’est pas anti-chrétien. »
  • Daniel Borrillo, juriste, spécialiste des questions bioéthiques, auteur du livre « Disposer de son corps, un droit encore à conquérir », met en avant le courage d’Anne Bert et l’épreuve qui a été la sienne du fait de devoir partir en Belgique pour mourir. Selon lui la loi Leonetti-Claeys de 2016 a été « contreproductive : elle a retenu la main des médecins qui ont toujours peur que quelque chose puisse leur être reproché.»
  • Véronique Fournier, cardiologue, ancienne présidente du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, auteur de « Histoires de vie, histoires de mort : itinéraire d’une réflexion », entretient la confusion en exprimant que « le médecin peut ne pas être pour l’euthanasie et accompagner le patient au plus près de son désir [de mourir] ». Elle propose de « franchir le faire mourir » en levant l’interdit de tuer par l’euthanasie pour que « les médecins n’aient plus peur du judiciaire. »
  • Catherine Deroche, sénatrice LR de Maine-et-Loire, présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, avait voté contre la proposition de loi n° 131 visant à établir le droit à mourir dans la dignité, lors de son examen en commission le 3 mars 2021. Elle avait alors rappelé que « La dignité d’un homme est préservée jusqu’à son dernier souffle, malgré la déchéance physique que je ne peux me résoudre à considérer comme indigne. » Dans l’émission de Public Sénat, celle-ci reste très consensuelle : elle ne nie pas les témoignages de la brutalité du suicide assisté et affirme cependant qu’ « on se doit de respecter ce que la personne choisit pour elle-même » en suggérant que le suicide assisté en Oregon est une « liberté choisie qui peut inspirer certaines solutions » pour la France.

Le collectif Soulager mais pas tuer, qui rassemble des professionnels et usagers de la santé opposés à toute forme d’euthanasie et de suicide assisté, a dénoncé dans un tweet ce faux débat : « Comment @publicsenat peut inviter 4 personnes favorables à l’#Euthanasie et au #SuicideAssisté et affirmer que le documentaire sur la fin de vie d’Anne Bert euthanasiée en Belgique en 2017 n’est pas militant ? #propagande #UMED @fitouss #FindeVie ».

Portugal : véto présidentiel sur la loi euthanasie

Portugal : véto présidentiel sur la loi euthanasie

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Le président du Portugal a opposé lundi 29 novembre 2021 son véto à une loi dépénalisant l’euthanasie.

Cette loi controversée a été adoptée au forcing en janvier 2021 alors que le pays faisait face à un grave rebond de la pandémie et avait été reconfiné. Le président de la République avait saisi  le Tribunal constitutionnel pour contrôler la constitutionnalité de la loi susceptible de porter atteinte à la loi fondamentale du Portugal. Dans un arrêt rendu le 15 mars 2021, le Tribunal constitutionnel portugais l’avait jugée contraire à la Constitution.

Le constat d’inconstitutionnalité portait sur la manière dont l’euthanasie était concrètement encadrée par la loi et sur l’insécurité juridique qui en découlait. Les griefs portaient particulièrement sur le flou entourant les notions de « lésions permanentes d’une extrême gravité selon le consensus scientifique » et de « souffrances intolérables »

Le parlement avait décidé de remanier le texte avant d’imposer un nouveau vote de manière précipitée le 5 novembre dernier alors que le Président venait d’annoncer la dissolution prochaine de l’Assemblée pour des raisons politiques liées à des dissensions sur le vote du budget de l’Etat.

Le président portugais a cette fois opposé son veto arguant dans un communiqué du fait que la loi remaniée présente “un problème de rédaction” car “dans la même loi, voire dans le même article, on trouve des règles contradictoires”. Sensible à la précision juridique en tant que professeur de droit, il soulève l’imprécision de la qualification de la maladie qui pourrait conduire à une euthanasie : “maladie fatale”, “incurable” ou seulement “grave”…

Le veto présidentiel ne peut plus maintenant être levé : il aurait fallu pour ce faire que le parlement revote le même texte en l’état. Or la dissolution marque la fin du processus législatif. C’est un nouveau parlement qui sortira des urnes après les élections législatives anticipées en janvier 2022. Il appartiendra aux députés de proposer ou pas une nouvelle loi.

Dans un communiqué le mouvement citoyen Stop Eutanasia considère que la décision du chef de l’État correspond au « sentiment de la majorité des Portugais “. L’urgence  est « d’investir dans les soins palliatifs et de promouvoir de meilleurs soins de santé qui permettent une fin de vie vraiment digne pour les personnes les plus fragiles et vulnérables de la société rappelle l’association. « Nous appelons de nos souhaits des politiques plus humaines qui mettent la personne au cœur des décisions et de la vie de la société. » Cette revendication est d’autant plus fondée que le Portugal connait un grave retard de développement des soins palliatifs. En effet  70% des Portugais qui pourraient en bénéficier n’y ont pas accès.